Un one-shot plutôt sympathique et de qualité. Tout n’est pas formidable, mais rien n’est mauvais, et il y a de vrais bons moments.
Mark Waid et Alessandro Cappuccio débutent avec Machine Learning, sur l’androïde Human Torch. Ce dernier « grandit » en écoutant des feuilletons radiophoniques sur un flic badass, avec des répliques qui tuent et le bon sens inné. Le professeur Horton est ravi que Torch puisse agir seul, et défende la Justice, mais surtout qu’il parvienne à éteindre ses flammes ; car ça rendra Horton riche ! Torch se sent trahi par cette approche pécuniaire, et surtout qu’en allant à la police, il apprend que le héros radio soit fictif. Un flic sympa’ lui dit cependant que ce héros qu’il cherche est finalement en lui, au vu de ses actes.
C’est sympathique, mais le « flou » graphique sur la période me gêne un peu. Tout le script donne l’impression de se trouver dans les années 40, ce qui a du sens et ce qu’il faut dans la chronologie, mais le design des flics donne l’impression de personnages contemporains. Et c’est dommage, car ça n’a pas de sens et ça gêne d’envisager déplacer Torch temporellement.
M’enfin, ça reste sympathique, « mignon », avec un graphisme cependant un peu trop brouillon ici.
On continue avec Sunday Dinner par Ryan Stegman. Spider-Man textotte en attendant puis affrontant le Lézard, devant gérer son coloc’ demandant le loyer, ses proches lui rappelant que le dîner du dimanche commence bientôt et qu’il ne faut pas être en retard. Son portable est brisé, mais il arrive… avec cinq minutes de retard, ce qui est presque applaudi avant une photo familiale finale sympathique.
C’est cool. Ryan Stegman ne révolutionne rien, mais livre un script efficace, avec des SMS bien vus, une voix-off fluide, et des rebondissements attendus mais efficaces. Tout simplement un bon moment sur Spider-Man, pas dramatique ou débile, et des dessins nerveux, réussi, très McFarlane dans l’esprit. Cool.
On enchaîne avec People Wonder Why… par Rainbow Rowell et Marguerite Sauvage. Une succession de petits moments dans la jeunesse des premiers X-Men, montrant les rapprochements timides de Scott et Jean, ici pièce centrale du récit. Jusqu’à ce que la chevalerie de Scott soit usante en combat, mais que Jean comprenne grâce à Hank les raisons de cette présence. Et l’accord pour un premier rendez-vous…
J’ai adoré. C’est complètement romantique, une vraie bluette, comme la série She-Hulk de la même autrice ; et j’adore. Rainbow Rowell maîtrise complètement la douceur des premiers échanges, la timidité des adolescents, et ce côté si mignon des rapprochements difficiles et prudents. C’est top, prenant et adorable.
C’est en outre très joli, avec Marguerite Sauvage idéale pour cette bluette avec son style éthéré, si poétique et mignon. Coup de coeur.
On poursuit avec Captain Marvel in « Earth’s Greatest Weapon! » par Dan Slott et Michael & Laura Allred. A ses débuts, Mar-Vell apprend que la NASA va envoyer une fusée dans l’Espace, avec quelque chose qui semble être une grande arme. Les Kree veulent l’empêcher, ça part dans tous les sens. Finalement, Mar-Vell apprend ce que contenait la fusée… de la musique terrienne. Il se lance circonspect, puis est changé par la musique et voit la Terre différemment.
C’est bien sur le principe, mais trop bavard et lourd dans la réalisation. Dan Slott en fait trop en rappelant le bavardage des comics des années 60, et j’ai très vite survolé les dialogues par usure de tant de mots. Dommage, car l’idée est agréable, et le final émouvant
Graphiquement, les Allred font du Allred : ce n’est pas mon « délire », mais ça fonctionne en soi.
On avance avec Overload par Armando Iannucci et Adam Kubert. En affrontant des petites frappes, Daredevil entend « brutalement » le pouls des gens qui mentent, au point de le rendre dingue. Ca se poursuit au quotidien, un médecin évoque le Tinnitus ; ça passera quand Matt acceptera et se contrôlera. Il n’y arrive pas, s’emporte mais réussit quand même, car il n’abandonne pas, même quand la vie lui met de nouveaux coups.
Mouais. Le scénario est très faible, l’idée surprend et la réalisation tape à côté. Je trouve que c’est juste foiré, et c’est dommage car Adam Kubert livre quelques belles illustrations, même s’il ne se donne pas à fond non plus.
Une occasion ratée.
On passe à Deaf Heaven de Steve McNiven. Le Silver Surfer erre sur un charnier, un champ de bataille sur Terre, moqué et tenté par Mephisto ; avant de réussir à le repousser.
Bon. C’est beau, mais vide. Steve McNiven s’inspire de très grands, ici, et livre de très belles planches, qui en soi sont surtout de magnifiques illustrations. Ses dialogues ne sont pas « bons », pas mauvais non plus, mais viennent quand même gêner le parcours de ses planches. Un récit muet aurait été meilleur.
M’enfin, c’est très beau. C’est déjà ça.
On rejoint Jason Aaron et Pepe Larraz sur The Girl Who Hates Super Heroes. Une jeune fille est soulée de l’intervention des super-héros en ville, notamment car sa mère a eu une attaque et est morte après trois jours au sol, sans que personne ne vienne la sauver. Elle rejette ainsi les super-héros, alors qu’elle multiplie les boulots pour survivre. Elle croise cependant une fois The Mighty Thor face à des troupes envoyées par Malekith, et la jeune fille voit Jane redevenir elle-même en étant trop éloignée du marteau. Jane le retrouve, s’y remet, mais la gamine est marquée par cette femme malade qui se bat. Elle module alors son avis : ce n’est pas qu’elle n’aime pas les super-héros… elle en aime certains, elle qui porte un blouson avec Mjolnir dessus désormais.
Mignon. Prévisible, inoffensif mais mignon. Jason Aaron ne force pas le scénario, ça fonctionne mais ça reste quand même très accessoire. Dommage, ça aurait pu être plus grand, quand même.
Graphiquement, Pepe Larraz assure avec notamment de belles planches de transformation de Jane. C’est beau, quand même.
Enfin, J. Michael Straczynski et Kaare Andrews finissent avec Observations From The Backyard. Dans un petit jardin, il y a trois gamins : le ramassé et grognon Jack, le volubile Stan et le renfermé et bizarre Steve, surnommé D. Ils discutent de l’avenir, mais aussi de ce qu’ils voient par un trou de mur - un monde de miracles, de monstres. Qu’ils décident de partager avec autrui, pour amuser et divertir, et ne pas juste être en arrière.
C’est mignon. On a une fable sur la création de l’univers Marvel, c’est sympathique mais sans grosse ambition. Straczynski gère bien les trois profils, Andrews livre des dessins efficaces. Mais ça ne dépasse jamais le pitch et la blague, au fond.
Une fable mignonne, sans plus.
Bref, un gros one-shot inégal, mais avec quand même de la qualité. Sympathique !