Je suis en train de dévorer Matt Baker: The Art of Glamour, un bouquin sorti chez Twomorrows et supervisé par Jim Amash et Eric Nolen-Weathington, deux habitués de l’exercice.
L’ouvrage rassemble des articles en provenance d’Alter Ego #47, et sans doute d’autres numéros, et se consacre à l’exploration de la courte mais fructueuse carrière de Matt Baker, formidable dessinateur qui s’est illustré dans de nombreux genres, mais qui est surtout connu pour ses belles héroïnes et ses romance comics chez St John (dont j’ai déjà évoqué la qualité à plusieurs reprises).
En plus d’être un dessinateur remarquable, c’était aussi l’un de ceux qui signaient autant que possible tous leurs travaux. Sachant qu’il a officié du début des années 1940 au milieu des années 1960, c’est assez notable. Ses couvertures notamment étaient signées. Et c’est d’autant plus remarquable que Matt Baker était noir, ce qui ne devait pas toujours rendre sa tâche facile dans l’Amérique de l’époque.
Les lecteurs d’Alter Ego n’apprendront peut-être pas grand-chose, tant les articles que j’ai identifiés sont richement illustrés dans leur édition en magazine. Les rééditions de ces textes dans l’ouvrage profitent d’une relecture de leurs auteurs, et l’index des histoires dessinées par Baker semble aussi avoir été corrigé.
En revanche, on apprend tout de même plein de choses. Pour ma part, par exemple, je n’avais pas retenu que Baker avait dessiné des aventures de Lassie, le fidèle colley. Il me semble que Flamingo, le strip dont il s’est chargé, est mieux représenté. Bref, c’est savoureux.
L’édition que j’ai est cartonnée, et accompagnée de deux cahiers couleurs, en début et en fin, qui reprennent des planches dans leurs couleurs d’origines et même des originaux (ou peut-être des copies destinées à la production, si l’on en croit les annotations sans doute destinées à l’impression), scannés avec soin.
Matt Baker, c’est l’un des plus grands dessinateurs de jolies filles, ce fameux « good girl art » qui a fait les beaux jours de la bande dessinée américaine. S’il a illustré des westerns assez musclés pour Atlas (souvent sur scénario de Stan Lee), il a fourni une grande production de récits à l’eau de rose, parfois encré par Colletta (et le résultat, plus faible que lorsqu’il s’encrait lui-même ou qu’il était encré par Osrin, demeure bien sympa, mais sans doute trop proche de Colletta), parfois par Osrin (c’est très chouette), parfois lui-même (souvent pour les couvertures).
Composé d’articles mais aussi de divers entretiens, le bouquin parcourt avec détail la carrière du dessinateur, écourtée par un problème cardiaque qui l’emporte prématurément : ce grand séducteur est mort du cœur.
Jim