MERMAID SAGA t.1-2 (Rumiko Takahashi)

Je viens de relire Mermaid Forest. L’album est composé de trois récits, qui composent une saga cohérente. Bizarrement, j’avais surtout le souvenir du récit du centre, et je ne me l’explique pas.

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L’action suit Yûta, un jeune homme dépenaillé qui cherche à trouver une sirène. Dans cette histoire, une légende tenace veut que la consommation de chair de sirène accorde l’immortalité. Sauf que, bon, ça marche pas à tous les coups, et que la plupart des gourmets improvisés sont transformés en monstres… ou meurent. On apprend dans le premier récit que Yûta fait partie des heureux élus et conservent son air juvénile depuis près de cinq cents ans. Il croise sur son chemin Mana, une humaine conservée enfermée par des vieilles qui la nourrissent de chair de sirène et projettent… de la consommer plus tard afin de retrouver leur jeunesse. On est loin des comédies amoureuses à la Juliette je t’aime.

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À la fin de ce chapitre, Yûta et Mana, tous deux immortels, parviennent à s’échapper et décident de tracer la route, sans but. Le deuxième récit (celui dont je me souvenais le mieux) se projette dans le passé et raconte un chapitre de la longue vie de Yûta, trouvé mort sur une plage et enterré par des pêcheurs qui seront bien étonnés de le voir sortir de son tumulus. L’intrigue parle là encore de convoitise, de rêve d’immortalité, de manipulation, avec cette danse de séduction / répulsion entre les sexes qui fonctionne en général si bien chez Takahashi.

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Le troisième chapitre nous permet de retrouver Yûta et Mana au temps présent. La jeune femme, qui vivait recluse et ne connaît rien au monde, se fait renverser par une voiture. Elle est recueillie par un médecin local qui, la pensant morte, prépare son corps pour une opération audacieuse. Mais il découvre qu’elle est immortelle (gavée de viande de sirène depuis son enfance, tu parles d’un régime) et change ses plans. Yûta parvient à retrouver la trace de son amie et se retrouve plongé dans un complot impliquant deux sœurs qui vivent dans un tourbillon d’obsessions depuis des décennies. Le tout dans une narration aussi poignante qu’horrible.

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Bref, la tonalité est dure, horrifique, cynique, ce qui tranche dans la production que l’on connaît de la mangaka. La structure elle aussi est surprenante, puisqu’il s’agit, malgré le fil rouge représenté par Yûta, d’une sorte d’anthologie à récits « courts ». La saga a continué avec d’autres chapitres : Mermaid Scar et Mermaid Gaze, qui à ma connaissance n’ont pas eu l’heur de séduire les éditeurs français. Dommage, j’en aurais bien repris une tranche !

Jim