MÉTAL HURLANT #1-133 (1976-1987), #134-145 (2004-2006), #1-13 (2021-)

Je reprends la lecture du dernier numéro en date.

L’interview de Serge Clerc est assez chouette, mais surtout à cause de ses illustrations, qui sont des images préparées à destination de son Journal et qui sont restées inédites : inutile de dire que c’est très beau.

Le texte consacré à l’évolution parallèle (et bientôt perpendiculaire) de Heavy Metal, pendant américain du mag français, est assez chouette aussi. Une belle valeur ajoutée pour qui s’intéresse à l’histoire éditoriale. Notamment, l’article donne des dates et permet de resituer l’existence du magazine américaine dans une plus vaste chronologie, et de placer son influence dans un paysage éditorial alors en pleine mutation (apparition des premières librairies spécialisées, développement de ce qu’on appellera bientôt le « direct market », ce qui conduira à voir émerger des éditeurs indépendant dans la foulée du Star Reach de Friedrich, puis évolution des formats…).

Et ainsi, le premier numéro de Heavy Metal paraît en mars 1977, période faste. L’article explique que le mag, émanation dans un premier temps de la rédaction du National Lampoon, se lance la même année dans la publication d’albums souples, avec Arzach de Moebius, Psychorock de Macedo et La Croisière infernale de Lob et Pichard. L’année suivante, ce sont Les Armées du Conquérant de Dionnet et Gal, L’Homme est-il bon ? de Moebius et Ulysse de Lob et Pichard. Si le succès n’est pas toujours au rendez-vous, l’auteur de l’article, Nicolas Labarre, rappelle à juste titre que ces albums souples proposent une alternative au comic agrafé, participent d’une certaine visibilité pour ce qui deviendra bientôt une catégorie nouvelle, le « graphic novel », et imposera un format repris quelques années plus tard par DC et Marvel avec des collections portant l’appellation en guise de label. Et là, on se rend mieux compte effectivement que la bande dessinée a pu influencer toute une génération de jeunes auteurs (Starlin, Miller, Byrne…) non seulement parce que certaines librairies spécialisées les importaient dans les grandes villes américaines, mais aussi parce qu’un éditeur les traduisaient dans une revue ou dans des albums. Et là, on voit bien que ce mag et ces albums constituent une étape importante dans l’histoire éditoriale de la BD américaine, en 1977-1978.

Cette sixième livraison propose aussi quelques expérimentations formelles, comme par exemple « Blue Arrow », un récit mêlant textes et images où l’enjeu réside dans la composition de la page, l’équilibre entre les blocs de textes et les images. Les textes sont rédigés par Rodolphe et les images sont peintes par Didier Eberoni. Un travail qui sera plus tard intégré à l’album Le Centaure Mécanique.

Jim

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