MÉTAL HURLANT #1-133 (1976-1987), #134-145 (2004-2006), #1-11 (2021-)

Je ne pense pas que ce soit à tort. Le rédactionnel de ce numéro 2 revient régulièrement sur le mot d’ordre de Dionnet : la liberté. Il fait venir des auteurs afin qu’ils s’expriment selon leurs envies, qu’il s’agisse de la pagination, de la technique, du sujet (voir mes commentaires ici et là, notamment sur Heilman, une série qui leur a valu du courrier en colère… et notamment de la part de l’extrême-droite de l’époque, qui n’appréciait pas qu’on se moque de la croix gammée…). Logiquement, la liberté formelle amène à une certaine innovation.

Peut-être.
J’ai lu (À SUIVRE…) (et un peu Métal) au lycée (sans doute vers la fin du collège aussi) donc mettons au milieu des années 1980, à la louche. À cette époque, dans mes goûts, dans ma perception de la bande dessinée (américaine, beaucoup, et franco-belge un peu…), j’étais animé par une certaine recherche de l’exigence, à défaut d’autre mot. J’avais déjà des réactions épidermiques par rapport à l’expression « bande dessinée adulte », que je trouvais galvaudée. J’avais déjà compris que les comics pouvaient parler de drogue, de suicide, de violence scolaire, d’alcoolisme, de cancer, et j’avais du mal à trouver des équivalents dans la franco-belge. Et quand on me disait que Métal, c’était adulte, j’avais la sensation que ça se résumait au tandem « sexe et violence » (c’est réducteur, mais pas tout à fait faux), et je trouvais que c’était de la bande dessinée plus adolescente qu’adulte. Alors qu’O’Neil et Adams avaient parlé de féminisme, de drogue, de racisme au tout début des années 1970, j’avais l’impression que la BD franco-belge en était encore à faire sa crise de boutonneux.
Dans ma recherche de choses qui, à mes yeux, étaient un peu plus exigeantes, (À SUIVRE…) me semblait proposer une réponse intéressante. Comès, Schuiten & Peeters, ce genre de choses, ça me semblait tirer vers le haut une bande dessinée franco-belge qui me semblait à l’époque écartelée entre les immobiles aventures des vieux héros inaltérables et les crises d’adolescence de Métal.
Alors bien entendu, tout cela est un peu faux, incomplet, partiel et partial. Je m’en rends compte en replongeant dans la production de l’époque. Mais c’est un peu comme ça que je percevais le truc. C’est pour ça aussi que j’ai été très sensible à l’apparition des collections « Aire Libre » et « Signé », en 1988, qui étaient à mes yeux les héritières de « Histoires et légendes », par exemple, et qui me semblaient répondre à mes exigences effectivement élitistes de l’époque (j’entrais en fac, je roulais des mécaniques, j’avais des lectures sérieuses, moi monsieur).
Bon, bien sûr, depuis, j’ai vieilli et j’ai appris des trucs, mais effectivement, le côté plus élitiste m’a séduit.

Jim