MÉTAL HURLANT #1-133 (1976-1987), #134-145 (2004-2006), #1-10 (2021-)

Feuillette d’abord, des fois que le défaut repéré soit présent sur une grosse quantité d’exemplaires.

Jim

Je vais même le lire directement chez le kiosquier. C’est plus sympa.

Tu es plein de sagesse.

Jim

Pour le coup, c’est Kab qui m’a appris ça. Je ne fais qu’apprendre en permanence.

Sagesse et application.

Jim

Les exemplaires que j’ai feuilletés avaient le problème : les pages 65 à 96 en double et les pages 97 à 128 manquantes (je donne les paginations de mémoire).

Concernant ce type de défaut, il y a une quinzaine de jours, on a eu deux exemplaires d’un manga concernés… Chose drôle, les deux se complétaient : le feuillet qui manquait à l’un était en double dans l’autre et réciproquement !

Tori.

C’est précisément ça.
Diable, si ça se vérifie dans ceux que tu as vus, l’erreur est peut-être présente sur une grosse partie du tirage.

Jim

C’est ce que je me dis… Si j’étais dans la même zone géographique que toi, encore… Mais ce n’est pas le cas.

Je n’ai vérifié que dans un seul point de vente, en revanche.

Tori.

Je vais tenter de m’en occuper demain…

Je raconterai sur le forum, histoire de tenir au courant les curieux.

Jim

Oui, tu fais bien.

Je lis quelques histoires, qui ne sont pas impactées par le défaut d’impression. Certaines choses me plaisent vraiment (« Fin de série » par Alias, que je découvre, « L’Oiseau poussière » de Caza, dont j’ai toujours apprécié le travail onirique, même si ça ne raconte rien sinon de l’abscons…), d’autres nettement moins (en regardant les planches d’un Serge Clerc débutant ou d’un Denis Sire (qui m’a toujours donné l’impression de ne pas avoir dépassé ce stade), j’ai à nouveau cette sensation que Métal Hurlant, dans une certaine mesure, c’était du fanzine de luxe), mais je découvre aussi que Nicollet n’est pas seulement un illustrateur (genre, les couvertures chez Néo), mais aussi un bédéaste.

Bon, le texte introduisant « Bunker’s Family » explique bien que Jean-Michel Nicollet découvre le métier à cette occasion. Et le scénario un brin confus de Philippe Picaret (dont on a déjà parlé en évoquant la série Arn de Gal) n’aide pas. Mais malgré une narration hachée et un lettrage qu’on qualifiera pudiquement d’amateur, l’aspect grotesque des personnages et les éclairages tranchés me semblent une influence évidente de certains auteurs des débuts de la collection Zenda (je pense à Stan sur Parasite et Vince sur Eden, par exemple). Ça me semble frappant, rétrospectivement.

(Les plus curieux pourront lire l’histoire entière ici.)
Jim

Les curieux pourront retrouver les deux épisodes et seize pages de « The Long Tomorrow » dans ce numéro, au début du sommaire. Et ce n’est pas impacté par l’erreur d’impression.

Jim

Ah, j’avais cette sensation aussi, mais sans parvenir à l’exprimer.
C’était d’ailleurs le cas de pas mal de parutions « adultes », j’ai l’impression (mais beaucoup n’ont pas marqué les esprits… On tombe parfois dessus dans les vide-greniers).

Tori.

Dans ce numéro, il y a un article expliquant la fâcherie avec Tardi (à la suite d’un article de Manœuvre, tout ça, c’est un peu long à expliquer, je vous laisse découvrir par vous-mêmes). En filigrane, le fait que (À SUIVRE…) était une revue plus installée et « sérieuse », bourgeoise en somme, que Métal Hurlant qui était punk. Pour faire court et un brin caricatural, hein, mais c’est ainsi qu’est en gros formulé le ressenti de l’époque, y compris dans la rédaction de Métal.
Bref.
Et en lisant l’article, je me dis que, même si je ne lisais (À SUIVRE…) qu’à la bibliothèque de l’école ou chez les copains, ne pouvant financièrement suivre aucune de ces revues, j’étais déjà à l’époque plutôt du côté de celle-ci que de Métal. Je trouvais les auteurs plus costauds, le propos plus construit, l’environnement éditorial plus riche et plus fécond.

Jim

Et plus innovant, aussi, non ?

(À suivre…) m’a toujours semblé assez conventionnel (et un peu prétentieux, aussi), peut-être à tort, mais il ne l’a jamais attiré.

Tori.

J’ai l’impression que tu m’as lu un peu vite (ou bien c’est moi qui ne comprends pas ta réponse) : les auteurs plus costauds, je les trouvais dans (À SUIVRE…). La production de Métal me semblait trop bordélique et trop inégale (pour un Caza que j’aimais et dont j’appréciais les recherches, combien de trucs pas aboutis…).
(À SUIVRE…) me semblait aussi moins tape-à-l’œil.

Jim

En effet, je t’ai lu trop vite : j’étais passé à côté de ce passage :

Je n’ai jamais été trop attiré par l’un ou l’autre, mais Métal Hurlant me semblait (encore une fois, peut-être à tort) plus innovant. Et ses thèmes me parlaient plus. En revanche, comme tu le soulignes, il y avait un peu un côté amateur chez Métal Hurlant (cet aspect fanzine de luxe dont tu parlais), et semblait bordélique, oui.

Moins tape-à-l’œil, peut-être, mais un brin élitiste, j’ai l’impression.

Tori.

Je ne pense pas que ce soit à tort. Le rédactionnel de ce numéro 2 revient régulièrement sur le mot d’ordre de Dionnet : la liberté. Il fait venir des auteurs afin qu’ils s’expriment selon leurs envies, qu’il s’agisse de la pagination, de la technique, du sujet (voir mes commentaires ici et là, notamment sur Heilman, une série qui leur a valu du courrier en colère… et notamment de la part de l’extrême-droite de l’époque, qui n’appréciait pas qu’on se moque de la croix gammée…). Logiquement, la liberté formelle amène à une certaine innovation.

Peut-être.
J’ai lu (À SUIVRE…) (et un peu Métal) au lycée (sans doute vers la fin du collège aussi) donc mettons au milieu des années 1980, à la louche. À cette époque, dans mes goûts, dans ma perception de la bande dessinée (américaine, beaucoup, et franco-belge un peu…), j’étais animé par une certaine recherche de l’exigence, à défaut d’autre mot. J’avais déjà des réactions épidermiques par rapport à l’expression « bande dessinée adulte », que je trouvais galvaudée. J’avais déjà compris que les comics pouvaient parler de drogue, de suicide, de violence scolaire, d’alcoolisme, de cancer, et j’avais du mal à trouver des équivalents dans la franco-belge. Et quand on me disait que Métal, c’était adulte, j’avais la sensation que ça se résumait au tandem « sexe et violence » (c’est réducteur, mais pas tout à fait faux), et je trouvais que c’était de la bande dessinée plus adolescente qu’adulte. Alors qu’O’Neil et Adams avaient parlé de féminisme, de drogue, de racisme au tout début des années 1970, j’avais l’impression que la BD franco-belge en était encore à faire sa crise de boutonneux.
Dans ma recherche de choses qui, à mes yeux, étaient un peu plus exigeantes, (À SUIVRE…) me semblait proposer une réponse intéressante. Comès, Schuiten & Peeters, ce genre de choses, ça me semblait tirer vers le haut une bande dessinée franco-belge qui me semblait à l’époque écartelée entre les immobiles aventures des vieux héros inaltérables et les crises d’adolescence de Métal.
Alors bien entendu, tout cela est un peu faux, incomplet, partiel et partial. Je m’en rends compte en replongeant dans la production de l’époque. Mais c’est un peu comme ça que je percevais le truc. C’est pour ça aussi que j’ai été très sensible à l’apparition des collections « Aire Libre » et « Signé », en 1988, qui étaient à mes yeux les héritières de « Histoires et légendes », par exemple, et qui me semblaient répondre à mes exigences effectivement élitistes de l’époque (j’entrais en fac, je roulais des mécaniques, j’avais des lectures sérieuses, moi monsieur).
Bon, bien sûr, depuis, j’ai vieilli et j’ai appris des trucs, mais effectivement, le côté plus élitiste m’a séduit.

Jim

Oui, ce serait plutôt de la BD pour adultes (ou pour public averti, en fait.) que de la BD adulte.
C’est de la « BD adulte » par opposition à la « BD jeunesse ».

Mais (À suivre), ça me fait penser à « La manga » chère à Frédéric Boilet, ou au roman graphique…
Mon sentiment est sans doute faussé en partie parce que je l’ai découvert au lycée, donc pas avant fin 91 ou début 92… Et que je trouvais que c’était de la BD « chiante ».

Tori.