MÉTAMORPHOSES (Claude Renard / François Schuiten)

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Décès de Claude Renard, auteur discret mais notamment associé à Schuiten :

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Jim

Je crois que je n’ai rien lu de lui.

Je suis en train de lire Le Rail, trouvé dimanche dernier au détour d’un vide-grenier.

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L’histoire commence alors que nous suivons le riche et unique passager d’un véhicule sur rail, qui revient d’une opération fructueuse et se retrouve soudain en panne. Il sort de son véhicule, croise le chemin d’une troupe de gens qu’il prend pour des mécaniciens, ces derniers désossant consciencieusement son appareil avant de le laisser assommé sur la voie. Quand il se reprend, il décide de poursuivre son chemin et tombe sur une communauté (la même, mais il ne se le sait pas tout de suite), qui lui fait comprendre qu’il a été éjecté de l’organigramme de la ville. Dès lors, l’album prend une allure kafkaïenne.

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Mais au-delà de la parabole socio-politique, le récit vaut aussi par sa forme. La première partie est constituée d’une succession de pages de droite, des planches traditionnelles, et de gauche, elles-mêmes composées d’une image centrale, cernée de deux colonnes latérale, d’un chapiteau abritant un texte et d’une illustration en guise de socle, en noir & blanc, dont la succession marque un travelling arrière, comme une sorte de découverte progressive d’un monde plus vaste. L’ensemble suit donc un discours multiple, où plusieurs lignes narratives apportent des informations complémentaires disponibles au lecteur, mais pas aux personnages.

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La seconde partie est en crayonnés noir & blanc, et se situe ailleurs, dans l’espace, ouvrant une nouvelle trame, elle-même complémentaire. La troisième partie marque la rencontre des deux précédents fils rouges, avec l’irruption de la couleur dans le noir & blanc, préfigurant ainsi l’expérience formelle de La Tour, que Schuiten illustre sur un scénario de Peeters.

Si le début de l’histoire peut se résumer (comme je l’ai fait plus haut), l’ensemble de l’album échappe à cet exercice, d’une part parce que ça devient un peu labyrinthique, et d’autre part parce que l’expliquer, c’est en déflorer les intrigues et les implications. Mais je retrouve dans Le Rail ce que j’aime chez Peeters (notamment dans Les Cités obscures), à savoir un propos fort alliant à la fois le fond et la forme. Une véritable exploration des possibilités de la bande dessinée.

Jim

Métamorphoses - Nouvelle édition

Métamorphoses réunit deux récits rêvés, écrits et dessinés par François Schuiten et Claude Renard. La première histoire, Aux Médianes de Cymbiola (1979), est une variation poétique sur le mythe d’Icare et la géomancie, dans les décors grandioses d’un monde désertique. Il s’y manifeste déjà un goût pour les utopies urbaines que l’on retrouvera dans Les Cités obscures, la mythique série créée par Schuiten avec Benoît Peeters. La deuxième histoire, Le Rail (1981), est un récit futuriste en couleurs. Aux commandes de son véhicule automatisé, le syndicaliste William Davis vient d’achever une lointaine mission. Glissant à grande vitesse sur un rail à travers une lande déserte, il tombe soudain en panne. Une inquiétante aventure commence alors…

  • Éditeur ‏ : ‎ CASTERMAN (6 avril 2022)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 176 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2203228695
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2203228696

François Schuiten est né à Bruxelles le 26 avril 1956, dans une famille où l’architecture tient une grande place. Il réalise deux albums avec Claude Renard : Aux médianes de Cymbiola et Le Rail. Avec son frère Luc, il élabore le cycle des Terres creuses. Depuis 1980, il travaille avec Benoît Peeters à la série Les Cités Obscures. Ses albums ont été traduits en une quinzaine de langues et ont obtenu de nombreux prix. Il a réalisé de nombreuses illustrations, affiches et timbres-poste partout en Europe. François Schuiten a également conçu les stations de métro « Arts et Métiers » à Paris et « Porte de Hal » à Bruxelles, et scénographié divers spectacles d’opéra et de danse. Il a participé à la conception des films Taxandria, Les Quarxs, Mr Nobody et Mars et Avril. Il a conçu des pavillons pour plusieurs expositions universelles : le pavillon du Luxembourg à Séville en 1992, le parc thématique des utopies à Hanovre en 2000 - qui a accueilli cinq millions de visiteurs -, et le pavillon belge à l’Exposition mondiale de Aïchi (Japon) en 2005. En 2002, il a obtenu le grand prix d’Angoulême pour l’ensemble de son oeuvre. Il a publié son premier livre en solo, La Douce, en 2012 et a conçu un musée du train, le Train World, qui a ouvert ses portes à Bruxelles en 2015.