Présentation de l’éditeur
Avril 2010. Le cinéaste américain Michael Cimino – Voyage au bout de l’enfer (1978), La Porte du Paradis (1980), L’Année du dragon (1985), Le Sicilien (1987)… – accepte une rencontre à Los Angeles avec le critique de cinéma Jean-Baptiste Thoret. Lors de cet entretien, le réalisateur lui propose alors un voyage à la recherche de « son Ouest ».
Partir sur la route avec Michael Cimino, c’est se lancer dans un road movie de 2500 miles, de Los Angeles aux Rocky Moutains du Colorado, à travers les collines pelées du désert Mojave, Las Vegas, les ocres des buttes du Nevada, les premières neiges du Colorado et les stations services perdues au creux de l’americana…
Cimino évoque dans ce livre unique ses débuts de cinéaste, sa passion de l’architecture, son amour de Ford, réagit aux lieux traversés, revient sur ses films, mais aussi ses projets avortés, ces nombreux scénarios écrits, puis ce silence que lui impose depuis quinze ans l’industrie hollywoodienne…
Détails :
Broché: 293 pages
Editeur : Flammarion (9 octobre 2013)
Collection : Pop Culture
Langue : Français
ISBN-10: 208126160X
ISBN-13: 978-2081261600
Dimensions du produit: 19,8 x 14,4 x 2,4 cm [/quote]
J’ai attaqué le bouquin hier, j’en suis à un bon tiers.
Je reviendrai sur cet essai une fois sa lecture achevée, mais je peux déjà dire que la forme est intéressante : un carnet de voyage où Thoret et Cimino font le chemin classique du road-movie, c’est-à-dire qu’ils vont à rebrousse-poil (et même à « rebrousse-temps », c’est un élément important) du voyage classique des pionniers, de l’est vers l’ouest…
Des échanges intéressants avec le trop rare Cimino, des témoignages prestigieux (Christopher Walken) et des éléments d’analyse des films bizarrement peu commentés (je trouve) du monsieur au regard de leur puissance et de leur dialogue unique avec un monument, voire un continent, du cinoche américaon : John Ford.
J’ai été surpris par le côté abordable des analyses de Thoret, qui adopte un ton très proche de ce qu’il fait à la radio. Je regrette un peu les analyses un peu plus « formalistes » qu’il pouvait pondre sur un Argento par exemple, mais ce n’est peut-être pas un mal dans le cadre du cinéma de Cimino…
Ce n’est pas vraiment un aspect important du livre, c’est assez chiche de ce côté-là. L’essentiel consiste en des photogrammes en noir et blanc un peu granuleux (pas top) et il n’y a presque pas de photos de leur escapade, à une ou deux photos des deux compères près…
Mais ce n’est pas gênant, hein. C’est pas l’objet du bouquin, je crois.
En avançant un peu dans le livre, pour compléter le post précédent, je me rends compte qu’il y a aussi quelques photos de plateau avec le Cimino « de l’époque » (pour ceux qui l’ignoreraient, Cimino a subi ces dernières années une série d’opérations chirurgicales qui l’ont rendu méconnaissable, sans compter qu’il a perdu 25 bons kilos depuis ce temps-là…).
Bon, j’ai fini (le livre se lit vraiment vite) et j’ai comme un petit goût de trop peu. Mais c’est peut-être un peu le défaut « structurel » du bouquin : Thoret n’approfondit pas à outrance l’analyse, mais ce n’était peut-être pas l’objet, et ne s’attarde pas non plus sur les péripéties de son voyage, ayant bien conscience que ce type de voyages se raconte moins bien qu’il ne se vit, évidemment…
On peut donc au final ressentir une petite frustration sur les deux tableaux. Ceci étant dit, l’idée du livre est belle, elle fonctionne et elle est parfaitement adaptée à un hommage à Cimino.
La « malédiction » du cinéaste (à qui il est quand même arrivé plusieurs fois de voir un projet capoter à quelques jours à peine du premier tour de manivelle…), le livre en rend bien compte. Il rend aussi compte de la subtilité du discours de Cimino (hyper ambigüe sur la question de l’Amérique et du rêve américain), il éclaire aussi quelques paradoxes apparents (pourquoi ce cinéaste des grands espaces a fait un huis-clos comme « La Maison des Otages » ?)… Du bon boulot quand même, quoi.
Thoret s’attarde surtout sur la trilogie informelle au coeur de l’oeuvre de Cimino (« Voyage au bout de l’Enfer », « La Porte du Paradis » et « L’Année du Dragon »), souligne avec tact et déférence au Maître la faiblesse du « Sicilien » (il n’est pas tendre avec Christophe Lambert au passage) et réhabilite comme il se doit le méconnu et beau « Sunchaser », le film le plus ouvertement mystique de Cimino, et le mysticisme, le livre le montre bien, est essentiel au cinéaste.
Un beau bouquin, un brin frustrant, mais dont l’entreprise (rappeler Cimino à notre bon souvenir) relève de l’utilité publique…