MISSING (Will Argunas)

Comptant parmi les premières sorties du label « KSTR », Missing est un polar sombre virant au drame psychologique et attirant l’attention sur le travail de Will Argunas. L’auteur avait déjà réalisé Bleu(s) chez Triskel en 2001, avant de prendre un pseudonyme et de se faire remarquer.

Le récit commence avec une patrouille de ranger dans les forêts enneigées. L’homme de loi découvre une voiture de police abandonnée…

Puis le récit passe à un autre lieu, un commissariat d’une petite ville où arrive un flic, qui demande des nouvelles d’un collègue et tombe sur deux envoyés du FBI. Commence alors une longue et difficile journée.

Les questions des deux agents du FBI portent sur l’interrogatoire d’un suspect, et sur le comportement du collègue manquant. Le récit alterne entre les séquences d’interrogatoire, les flash-backs et, au bout d’un certain temps, quand il s’avère que le collègue disparu a en réalité enlevé le suspect, le parcours de ces derniers.

Le traitement narratif s’inscrit dans la logique des polars à la Bendis, ou même de Gotham Central (Missing date de 2006 et témoigne de l’influence de ces séries), avec des dialogues qui s’entrecroisent, des concentrations de petites cases et un trait documenté, presque photo-réaliste sous les couches d’encrage typé. Argunas prête à son personnage central des traits qui rappellent ceux de l’acteur John Goodman. Le récit est plutôt bien troussé, les passages d’un fil narratif à l’autre tirant un excellent profit des ruptures ainsi créées.

On pourra peut-être reprocher au bullage quelques maladresses (à trop vouloir plaquer les bulles le long des intercases, certaines se mélangent) et des dialogues parfois un peu trop secs, avec des réactions outrées, exagérées, maladroites. Argunas utilise des cases de silence pour les tensions et les attentes, mais il loupe parfois l’occasion d’en rajouter une afin de témoigner de la surprise ou du chagrin.

Mais il crée une atmosphère palpable et décrit avec force une de ces « mauvaises journées » qui conduisent au pire.

Jim