MISSION IMPOSSIBLE : la saga au cinéma

Bon, moi, j’adore le troisième.
Alors comme il passait ce soir, je l’ai re-regardé.
(À la place de SOS Fantômes, que je voulais revoir, mais comme ils repassent les deux la semaine prochaine, je me ferai une soirée…)

Et donc, voilà, j’ai encore… comment dit-on ? ah, oui… surkiffé le truc.

Mais je repensais à ce que disait de manière très intéressante Guy Gardner au sujet du thème de l’œil et du regard chez DePalma. À quoi je répondais qu’on pouvait dire la même chose pour Abrams.
En fait, c’est pas tout à fait vrai. Chez Abrams, c’est pas le regard qui est fondateur, c’est l’écran. Y a tout un discours sur l’écran interposé, l’écran qui transmets, l’écran qui ment, l’écran qui masque, dans sa production (de Fringe à Cloverfield, de Mission Impossible à Star Trek, et bien sûr en passant par Super 8). Dans Mission Impossible III, l’écran, c’est les messages laissés par l’agent Ferris, c’est l’accessoire de maquillage, et jusqu’au reflet de la surface métallique à la fin, qui permet à Julia de l’emporter.
Et du coup, l’écran, chez Abrams, passe par le sur-cadrage, l’image dans l’image. Le reflet du tueur sur le métal, c’est du sur-cadrage, la tête de Ving Rhames dans la portière de la voiture, c’est du sur-cadrage. Et on note dans ce film un nombre incroyable d’images tronquées par une séparation (une porte vitrée qui coupe l’image en deux pour séparer - puis rapprocher - le héros et son ennemi, par exemple, mais aussi des arches, des colonnades…). On remarque aussi que tous les décors comporte des baies vitrées, même quand c’est pas logique ni justifié. Les surface vitrées, c’est un truc qu’il adore, Abrams, d’une part parce que, comme les colonnages, c’est esthétique, d’autre part parce que ça lui permet de travailler sur la symbolique du personnage séparé de l’action et en retrait (de l’autre côté de la vitre), puis dans l’action une fois que la vitre est contournée ou brisée.
Après, pour ce qui est de l’image et de l’écran (sans aller jusqu’à la vitre), je pense qu’Abrams est intéressé par le chant sémantique de l’image émise, pas de l’image reçue. En gros, c’est l’image sur écran qui l’intéresse, pas l’image vue. L’écran, outil intermédiaire, semble à mon avis l’intéresser plus que l’œil à qui il passe l’information. D’où la caméra dans Super 8, ou encore mieux la vidéo dans Cloverfield, où le spectateur / récepteur est absent.

Jim

[quote=« HellKNIGHT »]

[quote=« artemus dada »]

Absolument d’accord avec ce que tu dis là (et j’ai vu souvent et encore récemment la série télé).

Seul le quatre sort du lot, humour, travail d’équipe. C’est définitivement celui que j’ai préféré.

Dans le 3 aussi, on a le travail d’équipe, une chouette interaction entre les différents membres. …]
Ca aura été le tour de force d’Abrams de jongler entre le souci de revenir à la série originelle, …] Le 4, tout formidable qu’il soit, n’aura eu qu’à surfer sur cette vague de rendre hommage à la série originelle, en même temps de proposer un vrai blockbuster avec force scènes d’action.[/quote]

Je n’ai pas vu le même film que toi HellKNIGHT, celui que j’ai vu c’est celui-là.

Ce qui est le moins que puisse faire cette franchise :smiley:

C’est pas qu’on n’a pas vu le même film, c’est que moi comme Jim on le kiffe, et toi t’as pas aimé du tout, c’est tout.
Après, lister les incohérences d’un blockbuster hollywoodien, si c’est ça une critique… C’est oublier que le cinéma c’est pour certains films d’abord et avant tout du spectacle / du spectaculaire. Je sais pas, c’est comme si on reprochait à un scénario d’inclure des passages où on va pouvoir avoir des gunfights, des explosions, des voitures qui sont envoyées dans les airs. C’est prendre les gens pour des idiots, d’inclure de telles scènes ? Reprocher à un film un scénario permettant d’inclure de telles scènes, lui reprocher de ne pas tenir à grand chose, c’est facile et c’est petit. Franchement, on sait ce qu’on va voir aussi. Quand on va voir un blockbuster, on va pas commencer à se demander si le scénario tient la route ou pas, on vient pas la pour ça. Je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de blockbusters hollywoodiens qui sortiraient indemnes du procédé.

Justement, les grosses incohérences des blockbusters, ça finit par me gonfler. c’est de la paresse d’écriture, du mépris du public. quand on met 3 millions dans une cascade de 30 secondes qui prendra trois semaines à préparer et à tourner, qu’on ne me dise pas qu’on peut pas passer trois jours de plus à border le scénario, au lieu de jouer aux chaises musicales avec.

[quote=« HellKNIGHT »]C’est pas qu’on n’a pas vu le même film, c’est que moi comme Jim on le kiffe, et toi t’as pas aimé du tout, c’est tout.
…] Quand on va voir un blockbuster, on va pas commencer à se demander si le scénario tient la route ou pas, on vient pas la pour ça. …][/quote]

Alors « on » je ne sais pas qui c’est, mais je peux te dire qui « on » n’est pas : moi.

Oui, je vais voir un film pour son aspect divertissant, mais si le scénario ne tient pas la route je me demande comment il peut être divertissant. En tout cas pour moi. Un film, un roman, une BD c’est avant tout une histoire, un scénario.

Justement, la force d’une histoire c’est d’en faire oublier les incohérences. De susciter la suspension d’incrédulité du spectateur ou du lecteur.

Tu veux dire que celui qui a une opinion contraire à ce que tu penses, fait preuve de petitesse ?
C’est pour le moins assez inélégant, pour ne pas dire injurieux.

Non bien sûr. :confused:

Absolument d’accord avec cette analyse.

Mon avis sur le 4 à sa sortie :

Après avoir réalisé 3 films d’animation que l’on peut compter parmi les meilleurs du genre, mais aussi être passé avec succès sur les Simpsons et Family Dog, il était difficile de ne pas être curieux de que pouvait donné le passage au cinéma « live » de Brad Bird et comment il allait s’en sortir sur un film de commande, celui ci aurait pu être pire comme projet, vu que la saga Mission impossible est globalement plutôt regardable.

Et l’essai est réussie, Mission impossible 4 est au moins aussi bon que le 1er, en allant dans une voie totalement différente.
Si Brian de Palma s’amusait a nous déconstruire des plans savamment construit pour jouer sur un coté intellectuel d’analyse d’image, des apparences et de la place de la vérité, le film de Brad Bird, joue aussi principalement sur la mise en scène du plan, mais cette fois en direct, en utilisant des astuces visuelles qui seront mises en avant sur l’écran, ce qui donne un vrai coté ludique au film en nous mettant en immersion dans la mission de l’équipe.
Car c’est aussi l’autre Leitmotiv de cet opus, cette fois, on a film qui semble vraiment avoir une équipe, Tom Cruise garde toujours ses moments de gloire, mais, il a besoin plus que jamais de son équipe alors que paradoxalement celle ci doit agir sans renforts et totalement coupé de leur base après l’attentat du Kremlin, ce qui donnera encore une fois l’occasion à Bird de jouer avec nous en alternant des séquences en parallèles de chaque partie de l’équipe, le tout toujours parfaitement rythmé.
Et le film nous livre aussi un certain paradoxe, on est en face de la plus grande menace de la saga et aussi de la pire situation pour Ethan Hunt depuis le 1er et pourtant le film arrive à garder ce climax présent tout en restant fun en instillant des touches d’humour qui font mouches principalement grâce à Simon Pegg et par la mise en place de ses scènes d’actions, visuellement brillantes qui savent toujours exploiter les décors à disposition, grâce aux choix de cadrage et de mise en scène, elles savent aussi rester fluide sans être non plus spécialement impressionnante dans leur découpage et constructions, mais c’est soigné et c’est déjà pas si mal.
Et les personnages ne sont pas non plus oubliés, ils sont tous caractérisés et on a droit a des petites touches d’émotions bien senties.
Bref, on est donc en face d’une vraie réussite ou Brad Bird s’est sorti du possible piège et nous livre un parfait film de commande qui remplit son contrat de blockbuster efficace à tout les niveaux.

Bah si, quand même.
[size=50](ou alors le premier TombRaider est un sommet du genre…)[/size]
Pourquoi tu crois que Jurassic Park III est le meilleur ?
Pas parce que c’est le mieux filmé. Parce que c’est le moins incohérent.
Parce que les blockbusters, les bons, on les voit, mais on les revoit, aussi. Qu’est-ce qui fait le caractère inoxydable des Aventuriers de l’Arche perdue ou de Piège de Cristal ?
Le scénario.

Jim

Dans le cas des « Aventuriers… » et de « Piège de Cristal », il y a la réalisation quand même, aussi : il s’agit just, à mon humble avis, de deux des tous meilleurs films d’action jamais réalisés…

Je voudrais revenir un tout petit peu en arrière : pour les M:I 1, 2 et 3 (j’ai pas vu le 4 mais je sens que je vais beaucoup aimé, à vous lire), je dirais qu’à part le gros hors-sujet de John woo (mais sa réalisation est loin d’être honteuse, alors qu’il ne pétait pas la forme à ce moment), on a affaire à une franchise de très haute volée. Comme Tony, j’ai jamais vu la série télé (pour moi, Peter Graves c’est plutôt « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? », où il est d’ailleurs fabuleux…), donc pas de référent.
Le De Palma m’avait même scié à l’époque.

Ce qui m’amène au motif de mon post : sur la page précédente, De Palma se fait dézinguer, et je voulais juste rétablir un petit peu la balance.
Donc : De Palma est un immense cinéaste, simplement comme beaucoup de très grands cinéastes (Argento, Carpenter dans une moindre mesure…), il y deux périodes, dont l’une est le déclin. Dans le cas de De Palma, le déclin commence très tôt pour moi, à Scarface en fait, qui est un film que j’aime très moyennement…

Mais ceux d’avant, les perles des années 70, nom de Dieu ! Regardez « Pulsions » (Dressed to kill en V.O., jeu de mots savoureux), « Sisters », « Carrie » (encore que c’est loin d’être mon préféré), « Furie » (énorme !! mais pas sans défauts), « Phantom of the Paradise », le sublime « Obsession », « Blow Out » bien sûr, et mon préféré (pourtant réalisé après le début de la fin, mais ce sont des choses qui arrivent), « Body Double »…

De Palma, immense metteur en scène, a tout compris à Hitchcock, dont il mixe le dispositif à des fixettes à la Antonioni : le caractère indéchiffrable du réel et la faillibilité complète de nos sens. De Palma explique que l’origine de ses thématiques vient de la frustration liée au visionnage de la fameuse vidéo de Abraham Zapruder, l’homme qui a filmé le meurtre de Kennedy (les images que l’on connaît tous). Et De Palma, étudiant en cinéma, de se dire : où est l’angle manquant ? Où est la caméra qui nous révèlera le nombre et l’identité du (des) tueurs(s) ? Et qu’en bien même, aurait-on su la vérité ?
A partir de là (surtout à partir de Sisters), De Palma décide de donner des plans les plus complets et « voyeurs » possibles (multiplication des points de vues et des valeurs de plans, du macro au plan extra-large, en passant par les fameux split-screens, où l’action est vue sous plusieurs angles SIMULTANEMENT), et achève invariablement ses films sur le constat pessimiste suivant : on a beau y faire, le réel est toujours insaisissable, le mouvement se produira toujours « dans notre dos ». On peut ne pas partager ce constat amer (Argento, un cinéaste très proche, est plus optimiste et chez lui, la vérité finit toujours par apparaître au grand jour après une période de défaillance des sens.

Il me semble que De Palma était taillé pour shooter une histoire d’espionnage et de faux-semblants. Malgrè tout, M:I 1 a un défaut de taille, en effet : la fin tient du foutage de gueule caractérisé, et voulu comme tel par De Palma (c’est une sacré tête de con, De Palma, et très arrogant en plus ; personnellement, ça m’est un peu égal). Dommage que De Palma ne croit pas à son sujet et nous dise : le héros gagne à la fin, mais tout ça c’est pour de rire, n’y croyez pas trop quand même. Bref, du cynisme (c’est pas le De Palma que j’aime, clairement).

Mais le reste, quel film !!!

Jim, ce que tu dit sur l’utilisation des vitres / écrans / cloisons transparentes par Abrams est très juste et très intéressant, mais cette thématique est intégralement contenue dans l’oeuvre de son modèle avoué (et plus ou moins mentor) : Spielberg. Il y aurait une thèse à écrire sur l’utilisation des surfaces réfléchissantes chez Spielberg et ce de « Duel » (le rétro…) à « Munich » (un champ / contre-champ présenté simultanément à l’écran par le biais d’un écran télé montrant des images d’archives, un coup de maître…)

[quote=« Jim Lainé »]
Pourquoi tu crois que Jurassic Park III est le meilleur ?
Pas parce que c’est le mieux filmé. Parce que c’est le moins incohérent.

Jim[/quote]

C’est quand même celui qui introduit une espèce de dinosaure qui n’apparaît pas dans les autres films ( ni en chair et en os ni nommément , sur les fioles que vole Nedry par exemple). La dite-espèce est tellement super-prédatrice que c’est comme lâché un mégalodon dans la méditerranée . Et son message " la bonne famille américaine survit à tout et se reforme toujours ", je ne peux pas !

[quote=« Geoffrey Le Magnifique »]

[quote=« Jim Lainé »]
Pourquoi tu crois que Jurassic Park III[/quote]

est le meilleur ?
Pas parce que c’est le mieux filmé. Parce que c’est le moins incohérent.

Jim

C’est quand même celui qui introduit une espèce de dinosaure qui n’apparaît pas dans les autres films ( ni en chair et en os ni nommément , sur les fioles que vole Nedry par exemple). La dite-espèce est tellement super-prédatrice que c’est comme lâché un mégalodon dans la méditerranée . Et son message " la bonne famille américaine survit à tout et se reforme toujours ", je ne peux pas ![/quote]

Famille recomposée et hétéroclyte.
Mais ça, c’est le message. Pas le scénario.

Jim

[quote=« Jim Lainé »]

[quote=« Geoffrey Le Magnifique »]

est le meilleur ?
Pas parce que c’est le mieux filmé. Parce que c’est le moins incohérent.

Jim

C’est quand même celui qui introduit une espèce de dinosaure qui n’apparaît pas dans les autres films ( ni en chair et en os ni nommément , sur les fioles que vole Nedry par exemple). La dite-espèce est tellement super-prédatrice que c’est comme lâché un mégalodon dans la méditerranée . Et son message " la bonne famille américaine survit à tout et se reforme toujours ", je ne peux pas !

Famille recomposée et hétéroclyte.
Mais ça, c’est le message. Pas le scénario.

Jim[/quote]

Le message se construit du début à la fin du scénario en parasitant bien 33 % du film( qui n’est déja pas bien long). Dès le début on se demande comment les deux ont divorcé tellement ça crève les yeux que c’est une belle petite famille. Pour moi , JP 3 ( qui est en réalité Lost World 2 ) se tient grâce au talent technique de Joe Johnston ( qui a en plus profité des avancées de ILM et de la paléontologie pour peaufiner l’aspect des raptors. Bon c’est peu parce que il y avait moyen de peaufiner les autres mais comme les raptors sont les chouchous du public).

Le DVD et le BRD du 4me film ne sortent que mercredi 9 mai, mais j’ai déja eu l’occasion d’en réaliser le test : dvdactu.be/mission-impossibl … -ray-disc/