MIYUKI AU PAYS DES MERVEILLES (Clamp)

L’oeuvre de Clamp, en elle-même, ne vole pas haut, surtout si on s’arrête au premier degré. Elle réjouirait plutôt les adeptes du fan service.

Mais l’édition deluxe est une merveille : couverture magnétique, papier glacé (petit bémol sur la reliure qui pourrait bien ne pas tenir à la longue), illustrations couleurs, et quelques pages de dessins et de notes en vue de la création de l’oav. Il est d’ailleurs bien dommage qu’il ne soit pas ‹ fourni › avec, ça aurait été un coffret parfait.

La critique par Den d Ice est disponible sur le site!

Lire la critique sur Manga Sanctuary

Il est évident que cet ouvrage n’a pas pour but d’avoir un scénario cohérent…ou un scénario tout court! Ca se ressent: Les CLAMP ont voulu se faire plaisir et mettre des gags à gogo en reprenant une histoire qu’elles voulaient dénaturer. C’est ce que je pense. Et vous avez été généreux de mettre 2/10 je vous l’dis! Je suis une fan inconditionnelle des CLAMP, c’est pourquoi j’ai acheté Miyuki in Wonderland…ce n’est certainement pas pour son fond!

Il y avait un gros côté fanservice qui n’était pas franchement utile, mai les CLAMP le montre et le dise: elles aiment dessiner des femmes nues! Et surtout en lingerie =) Et j’ai quand même beaucoup ris, car les mimique des personnages sont vraiment drôles!

J’aime leur dessins et j’ai adoré tourner les pages de ce livre, en plus de regarder ces magnifique pages couleurs!

Et je reviens sur ce que dis Mogyoda: fournir l’OAV avec n’aurait pas été de trop :wink:

Je me permets d’arpenter des chemins complémentaires à la critique de Den d’Ice, en élargissant un peu l’horizon du lecteur :slight_smile:

Effectivement, la série en elle-même, niveau densité et intérêt des diverses péripéties ne vaut pas grand chose ; chaque histoire est expédiée bien trop rapidement, et un sentiment de redondance (structure identique du « never end » pour chaque plongée dans un autre monde) mêlé à une héroïne qui n’est que le jouet d’évènements subis (et ne les provoque donc pas) devrait empêcher quasi toute immersion, autre que formelle, le long des pages - et notamment via le graphisme made in CLAMP, période classique : volutes, recherches et travail sur les costumes et motifs, découpage destructuré et nerveux… du bon Mokona Apapa, mais tout de même inférieur à un Magic knight rayearth ou bien sûr à un X -

Néanmoins, il est bon de préciser que seules les deux premières histoires reprennent les références au monde de Lewis caroll, et que les suivantes sont des « figures libres ». Aussi, et comme le ton ouvertement parodique nous est « enseigné » via ces détournements de personnages et de lieux universellement connus (dans un premier temps), il est tout aussi intéressant (et nécessaire) de continuer à « comprendre » ce manga par le biais de son approche transversale.
Bien entendu, le dernier chapitre, et l’immersion réjouissante dans le monde de X (sans doute la partie la plus réussie : les CLAMP n’étant jamais meilleures que lorsqu’elles s’auto-référencent) ne doit pourtant pas occulter des univers auxquels, visiblement, le studio adhère. Ainsi, quand on entre dans le monde des jobs, et son univers de « versus fighting », on a là non seulement une parodie directe de V.G (le jeu Variable Geo, où miyuki endosse le costume de yuka takeuchi), mais également un témoignage de l’affection du studio pour ces jeux, à cette époque.

Le problème qui se pose donc pour un public francophone, c’est que nombre de ces références ne seront pas comprises par un lecteur non-japonisant ou fan de retro-gaming : le manga arrive malheureusement 15 ans trop tard (à beaucoup d’autres points de vue d’ailleurs) pour être apprécié par ce biais et il ne peut donc pas développer ces qualités, qui étaient pourtant à la base de la création de l’oeuvre. Trop référentiel et témoignage d’une époque, on ne peut donc pas reprocher au lecteur de ne pas suivre une oeuvre qui ne lui est plus adressée. Même si, en effet encore, être fan de CLAMP, ou amateur d’instantanés 90’s, pourra permettre plus facilement d’en chérir quelque atmosphère agréable.

Maintenant, il reste tout de même un point sur le fond qui permet à « Miyuki-chan in wonderland » de passer de façon quasi indispensable à la postérité.
Je veux parler tout simplement du personnage de Miyuki lui-même, qui est en fait le premier archétype du « voyageur des dimensions », dont la portée pour les futures idées de cross-over des oeuvres postérieures des CLAMP est assez originale - en considérant le fait assez singulier de la réutilisation des mêmes personnages sur des oeuvres parfois très différentes en contenue, mais qui, avec des astuces narratives cohérentes, va finalement un cran au-delà d’un simple star-system cher à Tezuka - Bizarrement, ce personnage assez falot, sorti d’une oeuvre très récréative pour le studio, est devenu une sorte de porte-étendard discret mais présent, preuve de la tendresse qu’ont les auteurs pour cette « vieille » création.
Ainsi, dans TOUS les mondes parallèles parcourus par les héros de Tsubasa Reservoir Chronicle, la seule unité que le lecteur peut retrouver, c’est bel et bien le personnage de Miyuki, qui apparaît, perdu et essouflé au milieu de la foule, exactement tel qu’on peut la retrouver dans ces 7 histoires sans fin !!
Pour ceux qui ne connaissaient pas encore ce manga, ils pourront donc au moins relire une série récente et à succès avec un regard amusé et connaisseur (tel les jeux « où est charlie » :wink: )

Enfin, il me semble bon de comparer cette édition avec la première mouture de ce one-shot, sortie en France il y a un peu moins de 10 ans maintenant. Cela devrait permettre aux possesseurs de l’ancienne édition de se décider ou non dans un nouvel achat.
De même, il est nécessaire de rappeler que la première édition de Miyuki in wonderland était depuis longtemps introuvable et que cette nouvelle sortie permet donc de contenter ceux qui n’avaient pas pu se procurer la première tout autant que de nouveaux lecteurs. De plus, on présente cette nouvelle édition comme une version « deluxe » : apporte t-elle donc une si grande valeur ajoutée à la première édition ? (en plus d’être désormais la seule disponible, le premier sentiment de l’acheteur est donc de se dire qu’il gagne sur deux tableaux à la fois)

Et bien, la réponse est un plus mitigée que cela : Cette édition luxueuse présente bien sûr un aspect très original, solide (tout du moins en extérieur) et à l’aspect franchement smart/attirant. Cela étant, cela reste un petit format (le format type d’un tankôbon), très loin du très grand format de la première édition. Et les grandes planches (reprenant par là le format original japonais), permettent de mieux appréhender une oeuvre qui se dévore aussi vite que celle-ci, tout autant qu’on pourra davantage apprécier le graphisme léché et les petits détails. Mais ce qui permet tout de même d’aller dans le sens de la nouvelle version tient à deux choses précises.
Tout d’abord la qualité d’impression est désormais quasi parfaite : les dégradés naturels des tramages sont restitués à la perfection (papier glacé oblige), et la finesse des traits est incomparable (avantage aussi de réduire la taille de l’image). Mais ce qui fait vraiment la différence tient d’abord à la résolution de l’image, bien meilleure maintenant (le rendu de l’ancienne édition paraît « flou » en comparaison), ce qui est d’autant plus appréciable sur les illustrations couleur qui donnent seulement maintenant leur pleine mesure.
Le second point qui pourra faire pencher la balance - même si c’est de l’ordre du détail- est que l’on se rend maintenant compte, que l’image de l’ancienne édition avait légèrement été coupée sur les bords supérieurs et inférieurs : quelques détails, invisibles alors, réapparaissent comme par enchantement.

  • Dans l’ordre du détail également, la première édition avait conservé les onomatopées originales, alors qu’elles sont désormais remplacées par leurs équivalentes traduites (ou ont parfois été purement supprimées pour laisser un vide)
  • Par contre, les illustrations du début étaient déjà présentes sur la première édition (à une ou deux près) à ce point d’achoppement près qu’elles se voyaient complétées, en sus, de strophes illustratives et d’une légende précisant leur première date d’apparition (et si tiré d’un calendrier, d’un frontispice d’un magazine etc…)
  • De même, tout le travail préparatoires à la création des OAV, était également déjà présent à l’époque, même si leur présentation était moins structurée dans la mise en page (ce qui renforçait pourtant bien leur côté « croquis »)
    En parlant d’OAV, pas de regrets, celles-ci sont d’une réalisation trop médiocre pour les conseiller, même si le scénario s’est voulu plus développé que dans la version papier.
  • Finalement, la seule chose qui n’a pas été reprise dans la nouvelle édition, ce sont les 3 pages du journal de CLAMP, où les auteurs parlent de leur manga en se mettant en scène façon « SD ». Aussi, le vrai manque entre les deux versions est en défaveur de cette édition deluxe !

Globalement, on pourra donc dire facilement que la première édition de chez Tonkam était plus fidèle, sur de nombreux points, à ce que fut « Miyuki-chan » lors de sa première parution au japon, alors que la version deluxe nous offre une version plus léchée et systématisée de l’oeuvre - en en gommant les aspects fourre-tout, comme on briderait les charmes d’un enfant turbulent - mais aussi plus chère.
Que vous ayez l’une ou l’autre version, il est donc peu pertinent d’acquérir l’autre (même si les deux « objets-livres » sont remarquablement différents, leur contenu se valent), et probablement pas de vendre l’ancienne pour la nouvelle.

En guise d’ultime conclusion, je ne pourrais qu’acquiescer lorsque l’on parle de cette série comme un achat réservé aux fans de CLAMP, c’est vrai. Mais même ainsi, s’il ne faut la prendre que comme une aimable récréation, il est intéressant d’en saisir une saveur qui a le potentiel de rester en bouche un peu plus longtemps, d’autant que cette réédition vaut le coup rien que pour son originalité dans le paysage manga. Après, à vous de voir si ça vaut vraiment le coup d’y mettre le prix de deux mangas « classiques »…