MON PÈRE CE POIVROT (Stéphane Louis)

Sur son compte Linkedin, la coloriste Véra Daviet a dévoilé la première planche de Mon père, ce poivrot, le prochain album de Louis (Tessa, 42, Drones…), scénario et dessin, à paraître chez Bamboo, sans doute en 2019.

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Jim

Sur le même thème, il y a le manga Mon père alcoolique et moi, à paraître en septembre…

Tori.

Véra Daviet dévoile une autre planche, toujours dessinée par Louis.

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Vera Daviet dévoile sur son compte LinkedIn une première version de la couverture :

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Si l’album s’ouvre sur une note « fictiographique » (d’après ses propres termes) de l’auteur, j’ai pour ma part mis du temps à lire l’album. Parce que si le personnage du poivrot évoque la figure de son père à Louis, elle me renvoie à celle de mon grand-père. Que je n’ai pas connu quand il buvait, mais plutôt quand les ennuis de santé liés à la boisson (et au tabac) l’ont rattrapé. Donc moi, les histoires de poivrot, j’y vais souvent à reculons (même si certains récits, comme Un singe en hiver, sont très haut placés dans mon panthéon personnel).

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Jouant la carte de l’humour et de la caricature, Louis engage son récit en faisant le portrait d’une brochette de piliers de bar sympathiques mais, hélas, pathétique. On suit en particulier Lulu, qui entreprend de rentrer chez lui après une cuite carabinée. Sauf qu’il voit quelque chose à la télévision qui l’incite à arrêter la picole et partir « sauver une vie ». La suite du récit décrit la difficulté, pour un alcoolique, de prendre une initiative, de construire un projet, bref d’avancer.

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Parallèlement, le lecteur a droit à quelques flash-backs qui décrivent le parcours du personnage, de l’enfance aux premiers boulots, du couple à la séparation. Ces passages sont assez attachants, et renforce l’impression de tendresse déjà soulignée par un chroniqueur dont j’avais lu le papier, mais dont j’ai oublié le nom. On s’attache à ce personnage, malgré sa faiblesse, ses éruptions sonores, et en cela Louis est parvenu à mettre sur papier le mélange de sympathie et de gêne que l’on peut ressentir en présence d’un alcolo.

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Une partie du travail du scénariste repose sur le langage. Lulu est caractérisé par des expressions qu’il semble le seul à utiliser et que les autres ont du mal à comprendre. Mais qui, visiblement, constituent son charme et font de lui un personnage inoubliable. Louis brosse aussi des portraits amusants de l’entourage du protagoniste, notamment un tandem de gendarme dont l’élocution vaut largement le détour.

Question dessin, son trait semi-réaliste, qui se marie en général fort bien à la science-fiction et à l’aventure, est ici un peu surprenant dans le registre plus humoristique qu’il s’est choisi. La caricature est un peu forcée et entre en collision avec ses influences un brin manga. De même, on le sent bien plus intéressé par ses personnages que par les décors où ils s’agitent (même si la maison de Lulu, perchée sur un éperon rocheux, est très évocatrice), et la profusion des effets fish-eye n’est peut-être pas si productive. Mais l’ensemble constitue un récit d’une vive sincérité qui finit par emporter l’adhésion, malgré le pathos de la dernière partie.

Jim

Sur le même sujet, mais en manga :

Tori.