MONSTERS : DARK CONTINENT (Tom Green)

Occupé par la réalisation du nouveau remake de Godzilla, Gareth Edwards officie en tant que producteur exécutif sur la suite de Monsters, son premier film sorti en 2010.

La mise en scène de Monsters : Dark Continent a été confiée à Tom Green, à qui l’on doit notamment plusieurs épisodes de la série Misfits.

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Le premier teaser :

Nouveau réalisateur, nouveau scénariste…
Hmm…

Bon, les monstres morts dans les camions font un peu plastique, mais il y a une ambiance assez intéressante dans ce petit teaser, qui semble retrouver le petit quelque chose du film précédent.

Jim

La bande-annonce :

La nouvelle bande-annonce :

Après le road movie aux relents post-apo, on passe au drame existentiel militaire. Je suis un poil moins convaincu, même si la première bande-annonce, avec sa voix off rimée, est assez percutante.
Mais la description des jeunes soldats paumés, presque désœuvrés, pourrait laisser entendre qu’on serait face à un Jarhead avec des monstres. Si c’est le cas, ça pourrait donner un truc costaud.

Jim

Monsters : Dark Continent sortira directement en DVD/Blu-Ray le 1er juillet.

Les premières critiques que j’ai lues étaient très dures…

J’imagine qu’il ne faut pas confondre ce Tom Green avec le comique américain du même nom, qui avait commis en son temps l’inénarrable « Freddy got fingered / Va te faire foutre, Freddy » ? Pour certains, c’est le film le plus sous-estimé de tous les temps ; pour les autres, le pire…

Ouaip, il ne faut pas…

Je suis en train de le regarder, et même s’il accumule quelques poncifs lourdingues sur les militaires en mission (tant les dialogues que les décors laissent penser que scénariste et décorateur ne se sont pas remis de Démineurs), le film n’est pas si mauvais que ce que sa réputation laissait entendre.
Déjà, il a le mérite de pousser un peu plus loin l’univers, introduisant l’idée des spores de monstres, du vaccin, tout ça. Après, il pose la question de l’interventionnisme des pays extérieurs dans les zones de guerre, les monstres servant de métaphore. Là, rien de neuf par rapport à plein de films de guerre post Afghanistan, et concernant l’absurdité de la guerre, ça ne fera pas oublier Jarhead ou Démineurs.
Mais passé un certain stade (la « mission »), le film renoue avec ce qui faisait la force du premier opus, à savoir une errance presque contemplative et existentielle, avec un couple de personnages qui tente de revenir, tout simplement.
Et autour, les monstres qui ne sont au final qu’une espèce vivante qui tente de s’intégrer dans un éco-système, et qui demeurent un épiphénomène.
Y a quelques beaux moments, comme le hurlement du soldat masqué par le bruit ambiant, ou la respiration de l’enfant qui se mêle à celle du sergent.
Bon, j’ai pas fini de regarder, et là, j’ai faim. Je finis après le repas, et je vous raconte.

Jim

Ton repas s’est éternisé ? :wink:

Mais laisse-le finir de mâcher, quand même !

Ah ouais, flûte, j’ai oublié.
Enfin, pas de voir la fin du film, mais de commenter…
(Purée, en ce moment, c’est la folie, tout prend du retard. Je viens seulement de renvoyer les corrections sur la BD d’un copain, qui me l’a envoyée il y un mois… J’ai pas l’impression que ce soit urgent, mais c’est pas une raison… Et comme en plus c’est loin d’être le seul truc, ça devient inquiétant…)

Donc, c’est pas mal.
C’est pas génial, mais y a de chouettes choses.
Outre les images pas mal vues citées plus haut, il y a un dernier acte où les deux personnages sur leur chemin de retour (mais y arriveront-ils ?) croisent une tribu locale. Suite à un moment très dur, où ils sont confrontés à une sorte d’absolu dans l’horreur et le renoncement, ils vont à la découverte d’autrui.
Dans le film précédent, l’autre, c’est le monstre, et même s’il est périphérique, c’est sa présence qui remet en perspective les acquis des personnages. Ici, l’autre, c’est un humain, et pour le coup les monstres font de la figuration.
La rencontre entre les militaires occidentaux et les autochtones est donc une occasion de revenir sur le vieux thème de l’absurdité de la guerre. Là où le film propose une différence, c’est qu’il tord le coup à un lieu commun de la SF avec extraterrestres, en cela que non, il n’y a pas de menace commune, et non, il n’y a pas d’union sacrée entre les peuples, les humains trouveront toujours des prétextes pour se faire la guerre. Ça, c’est plutôt bien vu.
Quant aux monstres, ils continuent à vivre. Le récit propose plusieurs types de créatures (et on suppose qu’en fait, certains sont des animaux terriens mutés, même si ça reste assez flou m’a-t-il semblé), et s’articule entre la vision d’une petite bestiole qui s’enfouit dans le sable et celle d’un monstre cyclopéen qui en ressort à la fin du film. Est-ce le même qui a grandi, ou pas, qu’importe, la conclusion du film c’est que l’armée, les hommes, ne semblent rien pouvoir faire par rapport à un cycle de vie qui s’est installé. Et qui, d’une certaine manière, semble ne pas être si dangereux que ça. C’est l’humain qui semble incapable de comprendre et de s’adapter. Et là, on retombe sur le rapport homme / écosystème qui était présent dans le premier film.

En termes d’images, c’est pas mal filmé, mais la première moitié est quand même balourde. La métaphore de la ville ruinée (Detroit) et les plans sur les rues délabrées et la vie faite d’expédients sont assez plats, sans parler des dialogues. Dès lors qu’on entre dans « la mission », ça devient plus sérieux, plus construit. C’est dans cette partie que les chouettes plans sur les cris muets et les visages torturés s’imposent.
L’incrustation des créatures en CGI est plutôt correcte, présentant une proximité avec ce qui a été fait dans District 9. La scène des « gazelles » courant près des humvees est plutôt réussie, et même si elle fonctionne de bout en bout sur des trucs déjà vus mille fois, ça fonctionne très bien et ça véhicule une certaine émotion, un sentiment de fragilité et d’absurde évident.

Je crois que c’est un petit film, et ceux qui ont aimé le précédent ne vont peut-être pas accrocher aussi bien. Ceux qui n’ont pas aimé risquent de se plaindre qu’ils y retrouvent un peu les mêmes choses (en moins bien, je dirais). Le croisement des genres (guerre et monstre) marchent sur les conventions des deux, sans rien rajouter de frappant (à part l’idée dont le cou est tordu, voir plus haut). C’est un peu comme si plein de chouettes moments étaient disposés, sans qu’un fil rouge ne les relie. Il manque sans doute un choix plus assumé, soit faire un vrai film de monstre en zone de guerre, soit faire un vrai film de guerre avec un monstre.
Mais l’un dans l’autre, le film semble avoir eu un mauvais accueil, alors qu’en soi, ses défauts n’empêchent pas d’être regardé pour ce qu’il est, un petit film pas si mal.

Jim