MUNDUS t.1 (Laurent Queyssi / Oriol Roig)



Pas mal du tout, ce premier tome. Le récit est composé de plusieurs chapitres, un peu à l’image d’un recueil assemblant plusieurs épisodes, une pratique de plus en plus courante. Et ça fonctionne pas mal, en mettant en avant des coups des théâtre et des révélations au sein de l’intrigue.

Tout commence au début des années 1990, alors qu’une coupure de courant éteint une ville entière à la suite de l’intervention de deux personnages dont on devine qu’il ne sont pas de cette époque… voire pas de ce monde du tout. Trois adolescents, Anaïs, Ben et Matt, sont alors pris dans la tourmente des événements et passent à travers un portail qui les envoie dans un monde lointain et inconnu. Enfin, pas tout à fait inconnu…

Le récit se situe à la croisée de plusieurs tendances de l’imaginaire : l’évocation stephenkingienne de l’adolescence dans une décennie passée (à la Stranger Things / Paper Girls), l’exploration de mondes alternatifs (à la Sliders / Black Science), la convocation de figures bien connues de l’imaginaire (au point que ce premier tome se conclut sur un duel qui ravira les amateurs de fiction victorienne).

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Le récit est assez trépidant, ça va vite, ça bastonne beaucoup. C’est peut-être là le seul petit reproche que l’on pourrait faire à l’album : trop de cases passées à montrer les exploits des deux personnages mystérieux et les réactions des trois ados, là où quelques cases plus intimes et psychologiques auraient permis de creuser davantage les uns et les autres.

Mais on ne boudera pas son plaisir, tant le dessin d’Oriol Roig est dynamique. Il rappelle le trait d’un Matteo Scalera, moins les effets de matière, avec quelque chose de Sergio Meglia ou d’Horacio Domingues. Bref, c’est vachement joli.

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Le scénario prend le soin de résoudre l’intrigue avant de proposer un « à suivre ». Donc, si les questions sont nombreuses et si les attentes vont grandissant, les auteurs parviennent à boucler cette première étape, rendant la lecture assez satisfaisante.

Mais frustrante aussi : il semblerait que les lecteurs au rendez-vous ne soient pas assez nombreux. Si vous aimez les récits de voyages dimensionnels, les équipes d’ados dépassés par les événements et les dessins modernes et dynamiques, n’hésitez pas à soutenir les auteurs et la maison d’édition qui prend le risque de faire de la création. Pour les amateurs de festival, sachez que Queyssi et Roig seront au salon Quai des Bulles à Saint-Malo le week-end prochain. Belle occasion de découvrir leur album et de repartir avec une belle dédicace.

Jim

Quelques critiques supplémentaires

https://www.lescomics.fr/recueil-vf/mundus-volume-1-404-comics/

http://www.regard-critique.fr/rbd/critique.php?ID=7081

ActuaBD a rangé sa critique dans « comics » ?
Ah j’vous jure !!!

Jim

Des libraires ont fait pareil.

Ils suivent en ça l’exemple de l’éditeur…

Tori.

Tous des suiveurs.

Eh oui !

ouep, j’avais pas la place de la casé ailleurs.

Toutafé

C’est la première fois que tout le monde me dit que j’ai raison. Ça me fait quelque chose.

Donc, en gros, sur un marché où l’on sait que, hors super-slip connus du grand public (donc Batman et Spider-Man, quoi…), les comics indés vendent à deux mille exemplaires max, l’éditeur a communiqué en disant que c’est du comic ?
Hmm…

Jim

C’est pour que ça devienne « culte ». Parce que le culte, ça vend. Ou alors je confonds ?

Je me suis déjà posé la question et ma conclusion était que surement en franco belge ça vendrait moins.

Hmm…

Jim

Bon, j’ai démarré la bête ce matin. J’en ai avalé la moitié. C’est très bon.

1 « J'aime »

Tout ce que dit Jim est parfaitement vrai (non, ce n’est pas une lapalissade).

Ouais, j’ai adoré ce bouquin. ça mixe pas mal de choses que j’aime, et je pense définitivement que je suis assez amateur des fusions / mash up de tout bord* (je m’en étais rendu compte sur la musique il y a plus de 20 ans, j’ai mis plus de temps à m’en rendre compte pour la lecture)
Et donc ce mixage d’univers, de références, de genre, ça me plait énormément. Il ya en effet beaucoup d’énergie, on peut peut être avoir une certaine frustration à que certaines choses ne soient pas développé, mais là, on n’est pas dans Sliders, les passages vont beaucoup plus vite, ce qui fait que finalement, le passage à autre chose fait qu’on est obligé nous aussi de passer à autre chose, avec au moins autant d’intérêt. Une fois accepté ce postulat de départ, Queyssi arrive quand même à ne pas être répétitif, il me surprend même sur l’enchaînement de la dernière sous-intrigue (ouais, parce qu’il imbrique déjà pas mal de choses dans ce bouquin) qu’il fait un peu durer pour mon plus grand plaisir.

Après, le fait que ça manque de moments intimes … je sais pas. Je trouve que ça fonctionne déjà bien, qu’il y a juste ce qu’il faut. Le risque serait de créer des romances, ou des choses comme ça, qui alourdirait inutilement le récit, qui perdrait en énergie. ça me plait bien comme ça. Y a déjà la fille et le père scientifique, on sent qu’il y a du poids émotionnel derrière leur façade.
Reste la fin, qui est un « à suivre » sage (je dis « sage » par rapport au reste du bouquin, en fait), comme si l’auteur avait peur que cela reste comme ça. Mais en soit, ce n’est pas forcément insatisfaisant, hein.

Jim m’a souvent dit qu’il est bon de mettre un max de billes dès le début, pour essayer d’attirer le chaland. Je trouve que Queyssi le fait bien ici. Et avec Roig qui a en effet un côté Scalera (je pensais à lui rapidement, moi aussi), pas désagréable. Et même s’il y a des choses qui ne sont pas très précis quand il y a du mouvement (c’est lié au style), les personnages sont bien reconnaissables.

Et donc, si j’étais libraire (mais j’en suis pas, et donc, je ne connais pas tout le catalogue, loin de là) et que j’aurais un client fan de fantastique au pluriel, je crois que c’est le premier bouquin que je lui conseillerai. J’ai vraiment un gros coup de cœur et donc, j’ai hâte de voir la suite.

*je vous vois venir, petits coquins