NANKIN (Nicolas Meylaender / Kai Zong)

En 1937, dans le cadre de la guerre sino-japonaise, une rude bataille se déroule à Nankin, conduisant à la défaite chinoise et au massacre de la population par l’envahisseur nippon. Depuis lors, cette tragédie a fait l’objet de vives polémiques, alimentées souvent par des historiens révisionnistes nippons. C’est justement sous cet angle que Nick Meylaender aborde son sujet.

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En effet, l’album Nankin, s’il constitue une vaste plongée dans ce passé douloureux, s’articule aussi autour d’un « présent » où un avocat tente de retracer le parcours d’une petite fille (devenue une vielle dame à son époque) en recueillant divers témoignages. Le récit fait donc son miel de l’idée qu’une chape de silence recouvre les horreurs, que les langues finissent par se délier, qu’un monde en paix peut découvrir tardivement qu’il est bâti sur des traumatismes…

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Au dessin, Kai Zong offre des personnages massifs, carrés, parfois bancals et au final très humains, qu’ils soient tortionnaires ou victimes. Ses planches sont grises, d’un gris uniforme qui restitue la tristesse et l’angoisse, et que viennent rehausser des touches de couleurs, notamment le rouge marquant le drame et l’horreur. Entre la massivité géométrique des personnages et les insertions de couleur dans une monochromie radicale, son travail n’est pas sans évoquer, toutes proportions gardées, celui de Frank Miller sur Sin City.

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Un album choc qui parvient à faire pousser une fleur d’humanité dans un terreau d’horreur. Le petite format à l’italienne finit de faire de cet objet une lecture (éprouvante mais) recommandée.

Jim