Tiens, j’ai lu hier Nathan Never #102, que j’ai trouvé à vil prix chez Aaapoum Bapoum à Paris (heureusement qu’ils n’ont qu’un maigre rayon d’italianeries, sinon j’y claquerais une fortune et je m’y ruinerais l’épaule à rapporter plein de trucs).

Bon, « lu hier » est un bien grand mot : la petite centaine de pages du numéro m’a demandé quand même trois soirées afin d’en venir à bout, mais bon, ça fait plaisir de pouvoir suivre l’action d’une BD écrite dans une langue qu’on n’a pas apprise.

L’épisode, intitulé « Une chanson pour Sara » et dessiné par Roberto De Angelis de très belle manière (il parvient à allier un encrage limpide à un dessin nerveux, ce qui n’est pas si évident), raconte les retrouvailles entre le héros et Sara McBain, son ancienne maîtresse qu’il a longtemps crue morte.
Le récit s’articule en trois chapitres, le premier posant les personnages (Nathan, Sara, mais également un politicien dont on nous explique qu’il est corrompu et influent), le deuxième montrant comment Tony, le majordome androïde du héros, est porteur d’une « amibe martienne » que Nathan finit par descendre à coup de fusil d’assaut, et le troisième racontant le dîner entre les deux anciens amoureux, qui est en fait un appeau pour attirer un traître. L’ensemble se conclut sur un flash-back expliquant en partie le parcours de Sara et ses liens avec la sphère politique.

L’intrigue n’hésite pas à faire des clins d’œil appuyés à des classiques de la science-fiction (quand Tony se « réveille », c’est clairement un renvoi à l’interrogatoire d’Ash dans Alien). Mieux, les séries Bonelli n’hésitent pas à copier-coller des visuels ou des pitchs venus de grands classiques (parfois à la limite du plagiat). Ici, Michele Medda, le scénariste, détourne le principe en décrivant une conversation entre Nathan et Sara, qui évoque la manière dont ils envisageaient l’avenir durant l’enfance. Rapidement, la discussion glisse sur leurs souvenirs de jeunes lecteurs et téléspectateurs, évoquant un feuilleton intitulé « Star Trip » qui est l’occasion pour les auteurs de se moquer gentiment de Star Trek. En filigrane, Medda mène une réflexion sur les rapports qu’entretient l’imagination, individuelle ou collective, à l’avenir.
C’est plutôt pas mal, et je ne me suis pas du tout senti perdu. Le lettrage italien alterne les calligraphies afin de donner à lire des journaux ou des témoignages, et si parfois j’ai eu l’impression de louper une ou deux choses, c’est surtout que je ne connais pas bien la série, n’ayant lu que quelques épisodes chez Glénat dans la belle mais trop courte collection « 2 heures 1/2 ». C’est-à-dire les débuts, mais la série a eu le temps d’évoluer (ce #102 date de 1999).
Le texte d’introduction m’apprend que, dans le #100, apparaissait le double de Nathan venu d’un monde parallèle. Et aussi qu’à l’origine du projet, le héros s’appelait « Nathan Nemo », ce qui en intéressera plus d’un.
Jim