NEW YORK, CRIME ORGANISE (Saisons 1-2)

Il est pourtant juste quand tu navigue un peu dans le milieu de la production télé et des scénaristes. Tous veulent (voulaient si je veux être optimiste) faire Oz ou Les Sopranos et aucun de veut écrire une série comme L&O* pour les raisons que tu cite ou parce qu’historiquement on a pas cette héritage de ce type de narration etc. Et pourtant sans des séries de ce type pas de série comme celle que tu cites. Parce qu’avant de briser les règles faut déjà savoir les appliquer correctement

Je parlais de la série originale

(*j’ai encore en mémoire une émission monstrueuse de Taddei suite à la programmation de CSI le dimanche soir à la place du film et de la bronca ubuesque que cela avait engendré. Sur le plateau t’avais des cinéastes qui osaient sortir, malgré leur colère face à ce choix, « mais j’aime les séries, je regarde les Soprano et Six Feet Under ». Perso ca situe très bien le fossé)

Comment fait on un signalement ici ?

Moi, je crois que ma série préférée parmi les Law & Order, c’est la première, la centrale, la mère de la franchise. Il y a des épisodes qui sont incroyables (souvent d’ailleurs, mais pas toujours) quand le procureur perd.
Formellement parlant, c’est sobre et efficace. Sans effet, à part une science de l’ellipse qui atteint des sommets. Donc tu regardes, et tu te dis que ça n’a pas de style. C’est faux, en fait, ça a un style qui se veut neutre, en retrait, tout pour l’efficacité.
Ce qui est fort, en fait, et surtout dans la partie « procureur » (je rappelle le principe, la formule : la première partie, c’est l’enquête jusqu’à l’arrestation, la seconde c’est le procès ou la procédure), c’est qu’ils parviennent dans la majeure partie des cas à éclairer un problème sous plusieurs angles, donc à avoir une vision politique complexe, tout en évitant d’être chiant. Et ils font ça avec des sujets parfois particulièrement chatouilleux (les armes, l’avortement, le suprémacisme…). Ça cogne.
Y a un épisode que j’adore, parce qu’il sort justement de la formule de la série, c’est le dernier de la saison 6, « Peine capitale » : on retrouve les flics et les juristes de la série, réunis autour de l’exécution d’un condamné. Et on suit leur journée, où ils ont tous du mal à s’en remettre parce que même s’ils ont vu des horreurs dans leurs milieux respectifs, c’est pas facile d’assister à ça. Et c’est prodigieux de caractérisation et de dialogues. Et la fin de l’épisode, purée…
Vraiment, c’est un peu un monument, Law & Order, et les autres séries ont aussi développé leur univers et leur portée.

Alors la franchise CSI, c’est un peu vicieux parce que les différentes séries, s’appuyant sur les différences entre chaque état, développent des tonalités divergentes. Mais si je devais conseiller quelque chose, ce serait les premières saisons de la série centrale, avec William Petersen. Parce qu’elles sont marquées par la volonté d’afficher un style visuel (pour le faire court, des successions de séquences surexposées et de gros plans sur des objets difficilement compréhensibles au néophyte, dans une approche un peu à la Seven version aseptisée, le tout avec des images superposées représentant la reconstitution qu’ils font des meurtres ou des accidents à l’aide d’indices : visuellement, il y a vingt ans, c’était wahou, le premier que j’ai vu, c’est le S02E18, avec un bus qui a dérapé, et la reconstitution de l’accident m’impressionne encore), une technophilie plutôt souriante et un aréopage de personnages qui sont des professionnels bien écrits, un truc qui tranche par rapport aux « séries de consultant » qui commençaient déjà à régner à l’époque et dont un des traits est souvent que le héros central travaille en dehors des clous, le thème du vice de procédure n’étant jamais abordé. Donc déjà, y a une tonalité qui était unique à l’époque.
Ensuite, au bout d’une saison, une fois qu’ils ont installé l’univers et les personnages, ils ont senti qu’ils ont pu faire évoluer les personnages. Et là, y a un épisode que je recommande, c’est le S02E16, « Primum non nocere » / « Du sang sur la glace », qui propose deux enquêtes parallèles qui sont intéressantes en soi, mais surtout qui creuse les personnages et leur offre certains des dialogues les plus forts.

En soi, oui. Mais comme tu pourrais le dire pour plein de séries de super-héros au long cours, qu’on aime (on a tous nos exemples). Des trucs qui allient une vraie compétence formelle (en gros, « les mecs, ils savent raconter », comme je dis souvent), une attention aux personnages et à leur évolution, un souci du détail, de la cohérence et de la continuité, et une volonté de proposer une formule narrative pour mieux te déstabiliser de temps en temps.
Je rajouterais encore que ces deux séries parviennent souvent à ne pas être totalement résolutives : même si l’enquête est arrivée à terme, il y a beaucoup d’épisodes qui laissent le spectateur déterminer lui-même quoi penser de tout ça.

D’une certaine manière, et même si je suis moins fan parce que le côté divertissement l’emporte un peu, je crois qu’on pourrait dire ça de NCIS : compétence narrative, soin de la caractérisation… Je crois que les amateurs de Batman, s’ils ne connaissent pas la période Gibbs / DiNozzo / Duckie / Ziva / Abby, devraient s’y pencher. Ouais, voilà : du bon divertissement sans prétention mais avec une grande richesse et une profondeur qui autorise de nombreuses relectures, comme les Batman de Chuck Dixon.

Jim

Et bon, des séries ne peuvent pas durer aussi longtemps sans une vraie compétence, une équipe béton, derrière.
Rien n’est dû au hasard.

C’est certains. T’a le fait aussi que c’est séries sont des formula-show avec des histoires bouclés à chaque fin d’épisode. De manière pratique c’est beaucoup plus simple à faire durer sur le long terme (l’équipe peut changer puisque c’est le concept qui est au centre de tout) et c’est très facile à vendre et à rediffuser. Ca capte le nouveau spectateur qui peut prendre en route sans problème et tu peux y revenir quand tu veux. Pour une programmation d’une télé en flux c’est le panard totale. C’est d’ailleurs pour cela qu’elles sont moins visible (au départ) sur des sites de streaming, c’est pas la même approche.

J’ai jamais accroché à NICS par contre, tout comme toi, je trouve les premières saisons de CSI vraiment excellente (Petersen quand même, quel acteur). Et puis en France c’est probablement la série qui a fait la bascule que tous les amateurs de séries attendaient depuis des années (enfin moi en tout cas).

Une autre que je rajouterais et qui est un peu trop oubliée c’est Cold Case. Magnifique série dont le principe est de résoudre des anciennes affaires non élucidées. La force c’est que chaque épisode se structurait sur le récit à l’époque présente entrecoupait de flash-back à l’époque du meurtre. Et on pouvait très bien se replonger sur la mort d’une femme en 1990 pour ensuite retrouver le meurtrier d’un enfant tué en 1954. La reconstitution des époques est incroyable. Quelque part la série me faisait beaucoup pensé à Code Quantum. Même envie de revisiter l’histoire américaine et même volonté d’avoir un héros (ici une héroïne) au passé brisée tentant de réparer les autres.

Une série vraiment superbe qui a un lot assez incroyable de scènes poignantes portée par la musique et les chansons de l’époque. C’est d’ailleurs « à cause » de cela que la série n’est pas éditée en DVD, les droits pour la musique et les chansons sont trop élevée et les créateurs ont toujours refusée de changer les titres.

Elle repasse pourtant constamment sur la TNT, ce qui confirme son importance. Ce n’est pas pour rien si les chaînes rachètent régulièrement les droits pour la diffuser, souvent en prime-time.

Quel générique, d’ailleurs.

Tu as raison de souligner ce point. Dans mon esprit, quand je parlais de « sous-estimé » c’était plus en ce qui concerne l’approche critique de la série.

Ah oui, ça me rappelle qqch. Quelle chouette idée.

Du peu que j ai vu, je n y ai pas trouvé beaucoup d intérêt. Quitte à voir une série a ce point en formule, je préfère mentalist.

Sourire.

Law and order vous me l avez bien vendu.

J ai vu quelques episides de cold case. Jai trouvé ça tres rapide et un peu gros.

Mais oui, bien sur !

Avec le recul, et ne l ayant jamais revu, il m arrivait de me demandé de quoi cela parlait en fait, code quantum ?

Complètement.
Et puis ces séries peuvent aussi se découvrir en picorant. Même s’il y a un plus à connaître la continuité, les liens entre personnages, tout ça, tu peux piocher un épisode d’une saison puis un autre d’une autre. C’est un truc que ce genre de séries à formule permet.

J’avoue que je ne suis pas fan des séries de consultants. En général, tu fais passer le personnage central pour un génie non pas en lui écrivant des super dialogues et une caractérisation de folie, mais en décrivant ses équipiers comme des crétins myopes (tout le monde n’est pas capable d’écrire un Ozymandias, quoi). Et Mentalist, j’ai vraiment du mal. Le gars commet tellement d’entorses à la procédure que je me demande à chaque épisode comment ils peuvent valider l’arrestation.
Les séries à consultants, souvent, ça vaut pour l’acteur qui fait le consultant. Le gros intérêt d’Elementary, c’est Johnny Lee Miller, qui en fait des caisses et crée un contraste théâtral assez fructueux.
La seule que j’aime vraiment, c’est Monk, parce qu’elle est méga-drôle, super bien jouée et compose un portrait touchant d’un personnage à vif (et en creux du reste du casting, qui n’est pas en reste).

Jim

Oui voila. Et le mentalist est tout de même bien tête à claque. Ça fait sourire. Et plus c est gros…

Il y avait un file rouge aussi de ce que je me souviens. Bon, je ne l ai jamais suivi, mais j imagine que ça pouvait aussi harponner.

Effectivement.

Jim

Ca sent celui qui l a suivi.

John le rouge non ?

Pas beaucoup, non, mais j’ai un pote qui est super fan, et donc qui m’en parlait. Je viens seulement de découvrir que c’est l’excellent Xander Berkeley qui fait John le Rouge : si je ne le savais pas, ça veut donc dire que plein de choses, je les connais seulement par les commentaires des autres.

Voilà.

Jim

Je ne m en serais pas souvenu sans ton indice.

Vivement que l’on aille boire une bière ensemble!

Deux Bières?

Trois bières?

Le fût?

Le Bar?

Peut-être la rue de la soif alors.

Prenez une chambre directement

L étage ?

L hôtel ?

Sourire