NICÉPHORE VAUCANSON t.1-3 (Pierre Wininger)

Discutez de Nicéphore Vaucanson

Je crois que mes premiers souvenirs concernant le travail de Pierre Wininger remontent aux aventures du journaliste Nicéphore Vaucanson, parues dans le journal Okapi. Ces voyages pleins de mystères seront par la suite compilés en trois tomes. J’ai un exemplaire du premier, Evergreen, sorti en janvier 1981 (donc les épisodes ont sans doute été publiés durant l’année précédente).

Tout commence à Nantes (et non à Paris comme souvent chez l’auteur) en 1910, quand un journaliste, Vaucanson, embarque sur un navire qui fait voile vers le Cap Horn. Avant de monter sur le bateau, il est abordé par un allumé chauve qui lui prédit les pires malheurs, brandissant son pendule agité (la figure du dingue à pendule se retrouve aussi dans la série Victor Billetdoux). Peu à peu, Vaucanson découvre une cargaison mystérieuse (des bouteilles d’hydrogène ?), trouve au capitaine un comportement étrange dictant des décisions inexplicables, fait de terrifiants cauchemars et croise des personnages hallucinés. D’une certaine manière, on pourrait croire que Wininger rassemble autour de son intrépide reporter un panel de personnages qui évoquent Tintin et son casting : outre le journaliste aventurier, on a un maboule lunaire qui pourrait faire songer à Tournesol, un capitaine bougon et cachottier et deux pseudo-jumeaux qui parlent en un ping-pong vocal qui rappellera un autre tandem. Il ne manque plus qu’un chien, en fait.

Le pseudo-Tintin et ses alliés (dont l’identité de certains sera dévoilée, afin d’ajouter des pièces au puzzle du mystère) finissent par se retrouver échoués sur une île pas encore référencée sur les berges de laquelle pousse une herbe vivace, si épaisse que l’on peut marcher dessus. S’ensuivent l’exploration de l’île, la rencontre avec la source de mystérieuses lumières, la découverte de navires que l’on pensait échoués et perdus… Le mystère aura ses explications, avec une chute amusante à la toute fin.

Si Wininger déroule son cortège d’indices laissant supposer un récit fantastique, on est au final dans la lignée des voyages extraordinaires à la Jules Verne. Mais le trait du dessinateur (une très belle plume aux déliés élégants) confère à l’ensemble une belle tenue, un charme rétro évident. Et il convoque de belles images, comme ces perspectives ras du sol sur l’agitation et la petite vie qui a repris autour des navires échoués.

Jim