NORTH OF THE GREAT DIVIDE (William Witney)

REALISATEUR

William Witney

SCENARISTE

Eric Taylor

DISTRIBUTION

Roy Rogers, Trigger, Penny Edwards, Gordon Jones…

INFOS

Long métrage américain
Genre : western
Année de production : 1950

La première fois que j’ai entendu prononcer le nom de Roy Rogers, c’était à l’occasion d’une des nombreuses répliques mémorables du Piège de Cristal de John McTiernan. Je me trompe peut-être mais j’ai l’impression que Roy Rogers reste assez méconnu dans nos contrées par rapport à d’autres icones du western. Mais aux U.S.A., celui qui est né sous le nom de Leonard Franklin Slye fut dans les années 40 et 50 une immense star, l’un des plus grands « singing cow-boys » (aux côtés de Gene Autry), le cow-boy chantant étant quasiment un sous-genre du western à lui tout seul.

De la fin des années 30 au début des années 50, Roy Rogers a joué dans une bonne centaine de westerns de série B, des quickies dépassant rarement les 70 minutes, toujours accompagné de son fidèle Trigger, appelé au générique « le cheval le plus intelligent du cinéma ». Après Walt Disney, Roy Rogers était l’autre valeur sûre du merchandising de l’époque : disques (bien entendu), jouets, romans, comic-books se vendaient alors par millions.

Autre particularité : il a joué quasiment tout le temps le même personnage…Roy Rogers ! Et même lorsqu’il est passé sur le petit écran en 1951 avec la populaire série TV The Roy Rogers Show, plus de 100 épisodes jusqu’en 1957. En 1950, Roy Rogers et le fidèle Trigger furent au générique de six films, dont ce North of the Great Divide, l’une de ses dernières collaborations avec le petit studio Republic Pictures.

Comme toutes les productions Republic, le budget était très modeste et pour illustrer certaines scènes, le prolifique réalisateur William Witney a donc du utiliser de nombreux stock-shots qui s’intègrent assez mal à l’ensemble (aussi mal que les horribles transparences). Mais Witney était une valeur sûre de la série B U.S., un metteur en scène rapide et efficace, formé à l’école du serial (il a co-réalisé celui de Captain Marvel), et il savait tirer parti du moindre cent. Dès les premières minutes, il imprime un très bon rythme à cette intrigue qui voit Roy Rogers tenter de régler un conflit qui oppose une tribu d’indiens dont il est très proche et le directeur d’une conserverie prêt à tout pour s’accaparer tout le saumon de la région.

La recette est simple : des héros sympathiques, une petite touche d’humour apportée par le complice de Roy qui répond au nom improbable de Splinters McGonagle, des méchants manipulateurs, quelques grosses ficelles histoire que ça ne s’étire pas trop (tout est réglé en 64 minutes), de l’action bondissante, des chansons (car ces cow-boys ne se déplacent jamais sans pousser la chansonnette)…et Roy Rogers gagne toujours à la fin !

Yippee-ki-yay !

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Et il y a eu du beau monde sur les comics de Roy Rogers, comme Alex Toth

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Russ Manning

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ou encore John Buscema.

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Allez, puisque tu tends la perche, je remets ma vieille chronique sur la série…

ROY ROGERS PAR JOHN BUSCEMA :

chemises à paillettes

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Dans l’univers du western, Roy Rogers, un peu à l’image de son prédécesseur Gene Autry, représente une étrangeté, surtout pour un public français. L’acteur est mis en avant au détriment de ses personnages, et c’est son image qui est promue et vendue, profitant d’un folklore artificiel renvoyant à l’ouest sauvage. Véritable phénomène culturel, il ne pouvait, tôt ou tard, qu’être adapté en bandes dessinées. Et accueillir certains des premiers travaux d’un futur grand de la bande dessinée américaine : John Buscema.

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Né le 5 novembre 1911, Leonard Franklin Slye fait carrière dans le western, mais également dans la chanson. Membre du groupe The Pioneers Trio, il signe en 1940 un contrat avec Republic Pictures, par lequel il conserve les droits sur son image et sa voix. Dès lors, il exerce le contrôle sur tous les produits dérivés, disque, objets, bandes dessinées et même chaîne de restaurant. En matière de bandes dessinées, Dell Comics publie une série dédiée au « personnage », Roy Rogers Comics , de 1948 à 1961. Le sommaire comprend d’ailleurs également des aventures de Dale Evans, dont certains épisodes sont illustrés par Russ Manning, le futur dessinateur de Tarzan , Magnus Robot Fighter ou Captain Johner and the Aliens . Dale Evans est, dans la vraie vie, l’épouse de Roy Rogers et, de même que son époux, c’est l’image de l’actrice qui est mise en avant.

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Les aventures de Roy Rogers en bande dessinée sont en partie adaptées du Roy Rogers Show , diffusé à la télévision américaine entre 1951 et 1957. Elles se déroulent dans un western contemporain. À savoir que s’il évolue avec un cheval dans des décors datant de la conquête de l’ouest, le héros utilise également des jeeps, des avions et des téléphones. Le temps et la culture semblent figés dans une Amérique idéalisée, confite dans une forme de nostalgie.

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De son côté, John Buscema commence une carrière de bande dessinée au début des années 1950, avant de faire une escale par la publicité. Les lecteurs qui se souviennent des propos de Stan Lee traduits dans Strange Spécial Origines savent que ce dernier, lassé de devoir dessiner des canettes de Coca Cola, cherche à revenir à la bande dessinée dans les années 1960. Cette vision idéalisée de la carrière du dessinateur est peut-être teintée de légende, mais toujours est-il que l’épisode amène l’illustrateur à travailler sur Avengers , Silver Surfer , Thor ou encore Conan , autant de jalons qui resteront en mémoire.

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Si l’on en croit la John Buscema Checklist, Buscema rencontre une première fois Roy Rogers à l’occasion de March of Comics #131, 136 et 146, publiés en 1955. Les trois récits sont rédigés par Gaylord DuBois, un scénariste chrétien attaché à des valeurs d’entraide, et qui s’est illustré sur Tarzan , Brothers of the Spear ou encore Magnus Robot Fighter , parmi des centaines d’autres prestations.

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La série télévisée de laquelle s’inspire la bande dessinée est diffusée en France à partir de 1962. La bande dessinée, en revanche, démarre bien plus tôt dans l’hexagone. L’édition 1993-1994 du BDM (ouvrage de référence dans lequel on ne trouve jamais ce que l’on cherche, c’est bien connu) recense trois séries Roy Rogers , toutes éditées par Sagédition. Cette maison d’édition, fondée par Ettore Carozzo en 1939 (en réalité, il s’agit de la Librairie Moderne adoptant un nouveau nom), s’appelle à l’origine SAGE (Société Anonyme Générale d’Édition). Le signe PEI (Périodiques et Éditions Illustrées) orne certaines productions à partir de 1949 afin de les identifier comme étant destinées à la jeunesse. C’est d’ailleurs sous cette dénomination que certains numéros de Roy Rogers paraîtront, et il faut se référer à l’ours, en fin de fascicule, afin de repérer l’adresse de la maison d’édition, sise au 12 rue du Quatre-Septembre, localisation connue de Sagédition.

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D’après le BDM , donc, la première série connaît quinze numéros (d’octobre 1952 à avril 1953), la deuxième trente-six numéros (de mai 1953 à avril 1956) et la troisième quarante-deux numéros (de février 1962 à janvier 1967). Première constatation amusée : les renumérotations fréquentes ne sont pas l’apanage des éditeurs de comic books d’aujourd’hui. Deuxième constatation : la dernière série, avec ses couvertures cartonnées plus épaisses et sa maquette balourde, rappelle clairement les Batman Poche ou Superman Géant qui nous sont tous passés entre les mains. Troisième constatation : la relance d’une série en 1962 s’explique sans doute par la volonté de l’éditeur de profiter d’un éventuel effet télévisuel suite à la diffusion de la série sur le petit écran de l’unique chaîne de l’époque.

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Le décalage entre les séries induit quelques variations dans l’adaptation. L’une des plus notables est que Bullet, le berger allemand de Roy Rogers, est dans un premier temps traduit par Éclair, avant d’être, dans la troisième série, rendu par Boulet. Ce qui n’est pas du meilleur effet reconnaissons-le.

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Revenons à la John Buscema Checklist. La liste nous informe que le dessinateur a illustré les aventures du cow-boy de Roy Rogers Comics #74 (daté de février 1954) à #108 (daté de décembre 1956), à raison d’une histoire par fascicule, parfois plus. La série est rebaptisée Roy Rogers and Trigger à partir du #92, le héros partageant la vedette avec son cheval. Les scripts sont signés Gaylord DuBois, et l’encrage est attribué à un certain Mario Aquaviva, qui rend une encre somme toute très proche de celle qu’affichera Buscema sur les travaux tardifs qu’il encrera lui-même.

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Il y a des chances que tous ces récits aient été traduits par Sagédition. Pour ma part, je ne possède que quatre numéros, étalés visiblement sur les trois séries. Les fascicules proposent la célèbre alternance entre pages couleurs et pages bichromes pour laquelle Sagédition est connue (dans les séries consacrées aux super-héros, ce sont des pages noir & blanc). Les raisons de ce choix étrange, qu’elles soient techniques ou économiques, sont assez inexplicables quand on y repense. Les deux premiers portent des prix en anciens francs (purée, trente balles, les aventures du cow-boy préféré de John McClane) donc d’avant 1960, et les deux derniers proposent dans le sommaire des récits dessinés par John Buscema.

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Si le style est encore bien vert, on reconnaît déjà l’illustrateur de Conan ou des Vengeurs. Ses personnages sont élancés, ils ont de longues jambes et la démarche chaloupée, ses gros durs sont inimitables, les visages affichent souvent des pommettes saillantes. Ce qui d’ailleurs convient assez bien aux bonnes joues et aux yeux rieurs et légèrement bridés de Roy Rogers, qui n’est pas sans évoquer le Tex Willer créé par Bonelli en 1948, quand le héros est dessiné par des gens comme Galleppini ou Letteri. Roy Rogers, influence de Tex ? Voilà qui ne m’était jamais venu à l’idée, mais qui n’est peut-être pas si saugrenu qu’on pourrait le croire.

Jim

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Le premier de la première série était même à 25 francs :

Il me semble que j’ai quelques numéros (de la première ou de la deuxième série : les prix ne sont pas en nouveaux francs).

Tori.