NYMPHOMANIAC 1 & 2 (Lars Von Trier)

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[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

1er janvier 2014 (1ère partie)
29 janvier 2014 (2ème partie)

REALISATEUR & SCENARISTE

Lars Von Trier

DISTRIBUTION

Charlotte Gainsbourg, Stacy Martin, Stellan Skarsgard, Shia LaBeouf, Uma Thurman, Christian Slater, Willem Dafoe, Jamie Bell, Jean-Marc Barr, Connie Nielsen, Udo Kier…

INFOS

Long métrage français/danois/britannique/allemand/belge
Genre : drame/érotique
Année de production : 2013

SYNOPSIS

La folle et poétique histoire du parcours érotique d’une femme, de sa naissance jusqu’à l’âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s’est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l’avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.[/quote]

Les mises en bouche :

La bande-annonce :

J’ai lu une première critique (dans les « Cahiers… »), ça a l’air très intéressant, et sortir des sentiers battus, pour le moins.
Je suis très client de Lars Von Trier, surtout les vieux pour être complet (et surtout « Kingdom / Riget / L’Hôpital et ses Fantômes », son chef-d’oeuvre télévisuel).

J’ai vu le deuxième volet de la chose (avec du retard), et comment dire…c’est spécial.
Au niveau de la forme (que je n’aime pas désolidariser du fond habituellement mais bon), c’est tout simplement magistral, ce qui n’est guère étonnant : c’est le troisième film d’affilée où Von Trier est en apesanteur de ce côté-là (quoique l’on pense de ces films, « Antichrist » et « Melancholia » sont des splendeurs visuelles bourrées jusqu’à la gueule d’idées de cinéma…).

La copie finale rendue par Von Trier faisant 5 h 30 (!!), le film a été coupé en deux par la production (sans implications du réal de ce côté-là), un peu à la « Kill Bill » (mais contrairement au Tarantino, « Nymph()maniac » ne profite clairement pas de cette césure très artificielle, malgré le petit twist à la fin du premier volet), et surtout va se retrouver amputé d’1 h 20 (environ) de métrage. C’est considérable, et il y a fort à parier que le director’s cut verra le jour en DVD / Blu-Ray à un moment ou à un autre. J’en serais, car le film malgré ses défauts m’a beaucoup plu, et j’aimerais bien savoir quelles parties du film ont souffert de coupes, car j’entends tout et son contraire là-dessus.

Le sulfureux réalisateur danois qui fait son film porno, voilà qui interpelle, encore que Von Trier n’était pas totalement étranger au genre (« Les Idiots » et « Antichrist » comprennent des inserts pornos, et Zentropa sa boîte de production a produit quelques films du genre…). Mais le film n’est pas vraiment un porno quand même. Nulle excitation, autant avertir les spectateurs potentiels, ne se dégage de ces scènes de sexe triste, mécanique, délesté du « mystère érotique », si j’ose dire. Il faut dire que Lars Von trier semble se moquer comme d’une guigne des (faux) enjeux de son script : plutôt qu’à la nymphomanie, le danois s’intéresse plutôt à ce qu’il fait le mieux depuis trois films, à savoir un portrait (qui tient de l’auto-portrait) de gens seuls, profondément coupés du monde. Des personnages qui refusent le monde, par divers biais.
Mais ces persos, semble s’interroger Von Trier, ne confondent-ils pas le monde et la société ? S’il n’y a rien à attendre de la société, le monde n’est-il pas encore une promesse ? D’où ces moments sublimes, ces trouées, qui constituent le coeur des films du danois : ici, les deux volets du film semblent tout entiers tendus vers le moment-clé du film (à la fin du 2) où Joe « l’héroïne » découvre « son » arbre. Une séquence aussi simple que soufflante, où les sommets du final de « Melancholia » sont tutoyés…

Ce n’est pas le seul moment réussi du dyptique, bien sûr : en vrac, on relèvera aussi des scènes comiques (comme celle avec les deux africains, stigmatisée comme raciste par les détracteurs du film, alors que Lars ne fait que mettre en scène le cliché du fantasme de la bourgeoise délirant sur la taille du sexe des noirs, mise en scène de très mauvais goût il faut l’admettre…), plus ou moins abouties (il y a quand même cet hilarant montage de pénis en gros plan, impayable), mais si on loupe la dimension grotesque et comique des films de Lars Von trier, on loupe un truc.
Et puis il y a l’autre grande scène du dyptique, celle vers la fin du premier volet où évoquant les polyphonies musicales, le cinéaste réinvente tranquillement le split-screen cher à Brian de Palma. Et le morceau de Rammstein qui déboule à la fin de l’intro du permier volet, ça dépote.

Au rayon des « fautes de goût » (cette expression s’applique-t-elle à Von Trier ? il joue tellement sur les fautes, volontaires, de ce type…), il faut quand même relever la chute, hilarante de ridicule, comme si Von Trier après avoir achevé sa toile la trouvait un peu trop propre et lisse, et la zébrait violemment d’un vilain coup de pinceau final.

A boire et à manger donc dans ce(s) film(s), dont un director’s cut s’impose (c’est quand même dommage de relever des faux-raccords peut-être volontaires et donc « signifiants », et de se demander si c’est du fait de Von Trier ou des coupes sauvages du producteur). Mais Von Trier reste indubitablement un des cinéastes les plus impressionnants en activité, pour le meilleur et pour le pire.

[quote=« Photonik »]
A boire et à manger donc dans ce(s) film(s), dont un director’s cut s’impose (c’est quand même dommage de relever des faux-raccords peut-être volontaires et donc « signifiants », et de se demander si c’est du fait de Von Trier ou des coupes sauvages du producteur). Mais Von Trier reste indubitablement un des cinéastes les plus impressionnants en activité, pour le meilleur et pour le pire.[/quote]

Attention, je n’ai pas vu le film et je ne parle de ce que j’ai entendu dessus.

Il semble que les mauvais raccords soient tout simplement le fait des producteurs, afin de rendre le film sortable en salle. Du coup, des plans pornographiques ont été coupés sauvagement pour que le final passe la censure, mais il paraît que même ce montage est assez idiot, car on retrouve quand même des scènes pornographiques (même si le film n’est pas interdit au moins de 18 ans, mais seulement au moins de 16 ans).

Bien entendu, les deux films qui sont sortis ne sont pas la version réellement validées par Lars Von Triers, mais un truc qu’il a été forcé d’accepter pour permettre une exploitation en salle.

Une analyse intéressante a été faite par le Fossoyeur de films, que je vous recommande (l’analyse après séance et les émissions du Fossoyeur, en général).

Très bien le Fossoyeur de films, j’avais vu son analyse de la première partie de « Nymphomaniac », et maintenant que j’ai aussi vu la deuxième, il faudra que je pense à jeter un oeil sur ce qu’il en dit…

Pour être tout à fait précis, le premier volet est interdit aux moins de 16 ans, le deuxième est lui bel et bien interdit aux moins de 18 ans. Je n’ai pas très bien compris pourquoi, chacun des deux volets comprenant des inserts sur les organes génitaux, des fellations, etc… Peut-être sont-ce les scènes SM assez hardcore du deuxième volet qui explique cette classification.

Je ne sais pas exactement quel est le fin mot sur ces coupes : d’un côté j’entends que ce sont des coupes concernant les scènes de sexe, considérablement abrégées, de l’autre on me dit que ce sont les scènes d’exposition, de dialogues, et des latences et autres temps morts qui ont été affectés… Tout et son contraire, donc.
Si ce sont les scènes de sexe qui manquent au montage de Von Trier, ça me paraît moins crucial du coup, mais je crois qu’il faudra attendre la sortie du Director’s Cut pour être vraiment fixé !!