LUNETTES NOIRES (Dario Argento)

Dark-Glasses-still

DATE DE SORTIE PREVUE

2022

REALISATEUR

Dario Argento

SCENARISTES

Dario Argento et Franco Ferrini

DISTRIBUTION

Ilenia Pastorelli, Guglielmo Favilla, Andrea Zhang, Asia Argento…

INFOS

Long métrage italien
Genre : thriller/horreur

Année de production : 2022

SYNOPSIS

Diana, a young woman who lost her sight, finds a guide in a Chinese boy named Chin. Together they will track down a dangerous killer through the darkness of Italy.

J’ai cru lire sur le net que ces « Lunettes Noires » du vieux maître transalpin marquaient un retour en forme d’Argento. Bon, c’est en fait un peu plus mitigé que ça : il y en a quand même pour trouver le film nul. Mais d’autres, peut-être (et même sûrement) des fans hardcore attachés à la figure du maestro, le défendent, sans hurler au chef-d’oeuvre pour autant, mais en soulignant la bonne tenue globale du métrage.
Alors, est-il vrai qu’Argento retrouve des couleurs ? Euh… pas vraiment.
Cependant, même si je n’ai pas vu par exemple le « Dracula 3D » d’il y a 10 ans (mais j’ai vu d’effroyables extraits sur le net), on peut quand même se risquer à avancer qu’on en est pas à ce degré de bérézina.

Et le début (disons les 20 premières minutes) fait même illusion. La première séquence est même carrément inspirée, avec cette idée forte de l’éclipse solaire : certes, elle annonce peut-être un peu lourdement la thématique de la cécité qui va occuper la protagoniste du métrage. Mais quelle belle idée, quand même…
Le premier meurtre (bref mais crapoteux comme les aiment les amateurs de giallo) et la course-poursuite qui mène à l’accident de l’héroïne font même preuve d’une certaine « nervosité », à défaut de la virtuosité dont a su faire preuve Argento à ses grandes heures.
Mais après, patatras. Le film s’écroule, à la faveur d’un filmage très plat (malgré une photo intéressante sur les scènes nocturnes) et surtout un scénario qui avait du potentiel sur le papier mais s’avère d’une linéarité désolante sur la longueur. Si la première moitié passe très vite, la seconde est assez barbante, un comble pour un métrage qui dure à peine 85 minutes. Et non content de faire une croix sur les twists et autres circonvolutions propres au genre (il n’y a pour ainsi dire qu’un seul suspect, dont l’identité est confirmée 30 minutes avant la fin… tu parles d’un suspense), le script accumule les incohérences (le tueur conserve le téléphone, dûment « connecté », d’une de ses victimes, flic de son état en prime… si j’étais à la place des enquêteurs je géolocaliserais ça vite fait… mais non), et les moments de malaise au bord du comique involontaire. Le petit orphelin chinois au centre de l’intrigue, notamment, est au centre de séquences gentiment gênantes ; un pic est atteint avec un échange fabuleusement drôle à la fin du film (« hey, Chin, qu’est-ce que tu deviens ? » « Oh, mes parents sont morts et je vis avec une pute » « Ah, la routine, alors ! »… what the fuck).

Quel dommage qu’Argento confonde (depuis bien 20 ans maintenant) audaces formelles et fautes de goût authentiques. Il y avait pourtant du potentiel : le perso principal, incarnée par la sublime Ilenia Pastorelli (rien ne nous sera « épargné » de sa plastique, pour le plus grand plaisir des scopophiles), renoue certes avec l’archétype des héroïnes argentiennes (jambes interminables, formes pulpeuses et regard félin) mais constitue aussi un bel exemple de personnage féminin fort et autonome (pas vraiment une coutume chez Argento, ni le giallo en général) et un exemple de travailleuse du sexe de fiction pas caricatural pour deux sous.
Toute la fin rurale avait même le potentiel de figurer une sorte de « conte de fées » horrifico-onirique à la « Nuit du Chasseur » (qu’Argento me semble même citer directement à la faveur de quelques plans), avec son tandem de perso (l’enfant fragile, l’héroïne grevée par son handicap) qui se soutiennent l’un l’autre… Mais il n’en est rien, malgré quelques fulgurances maladroites (la séquence des serpents en est un exemple).

Peut-être que le fait que la barre ait été un peu redressée par rapport aux deux trois purges précédentes a suffi à faire le bonheur des vieux fans… Peut-être aussi que le « retour aux sources » les a titillés : le thème de la cécité renvoie en effet au « Chat à Neuf Queues » ; en même temps, des tas d’Argento marquant censément son grand retour consistaient en des dialogues avec les morceaux de bravoure de son propre corpus : « Trauma » revenait sur le dispositif de « L’oiseau au plumage de cristal », « Le sang des innocents » dialoguait quant à lui avec « Les Frissons de l’Angoisse », etc.
Il y a même du biscuit thématique avec cette utilisation de la figure du chien, dans une veine presque « totémique » très propre au giallo.

Mais en ce qui me concerne, je dirais que « Occhiali Nero », malgré les efforts (un peu vains) d’Arnaud Rebotini de « muscler » la BO pour rehausser le niveau, est un film très fatigué, malgré les bonnes intentions… qui ne suffisent pas toujours. La preuve.

Maintenant je veux le voir !!!

1 « J'aime »

Moi, j’hésite toujours…^^

J’attends de pied ferme un cycle Argento sur Arte (parce que je ne compte pas du tout sur Netflix)

Pour l’instant, il y a un petit cycle Argento sur le replay de Paris Première avec 4 films (mais tu n’as peut-être pas cette chaîne)…

Non, j’ai le base to basic* de Sosh (enfin, je crois, si c’est bien le low cost d’Orange), donc je n’arrive même pas à accéder à certains replays.

*ça se dit ?

Tu as raison, c’est une purge…