Bien, aucun commentaire depuis la fin de la diffusion, j’en déduis que peu d’iciciens ont regardé la chose ou alors avec l’assiduité d’une jouvencelle amatrice de scolastique buissonnière.
Par pur militantisme et un soupçon de perversion, j’ai regardé l’Odysseus de bout en bout.
Premier constat : c’est long, trop long. C’eût mérité d’être plus ramassé. Deuxièmement, les intrigues post Odyssée officiel sont concentrationnaires, parasites et souvent inutiles. Si la série se tient plutôt au début, elle perd vite en intérêt dans sa seconde moitié, et ce malgré l’arrivée d’Ulysse. Faute d’avoir une ligne directrice forte ou même de prendre le temps d’approfondir ses personnages, elle va se contenter d’en éviscérer 2 par épisodes à compter de l’épisode 8. Hélas, ces tentatives de « chocs » ne freinent en rien la pellicule de rouilles s’amonceler sur le glaive.
Tancer les scénaristes seuls, serait une erreur. Agissant en pool à la manière des américains, ils sont surtout victimes de leur gourmandise. Gourmandise qu’ils ne peuvent pourtant se permettre, n’ayant pas le budget libations d’une ROME.
Stéphane Giusti, responsable de la réalisation des 12 épisodes, est clairement le plus à blâmer. Ses idées de mise en scène sont anémiques, et les choix artistiques initiaux sont à même d’effrayer les plus tolérants. Quand bien même il serait possible d’être indulgent sur les plaies et les épées tartinées au mercurochrome, la mise en lumière de l’Agora, comme s’il s’agissait de la place du Mistral, tient de la disqualification. Les décors apparaissent furieusement comme des cartons peints, et l’absence de poussière en suspension dans l’air fait songer que le service de nettoyage d’Ithaque possède déjà une batterie d’aspirateurs Dyson.
Heureusement, même mal servis par une mise en scène étriqué, les acteurs ne s’en sortent pas si mal. Caterina Murino (Pénélope) dépasse son statut de bella ragazza et parvient à faire vibrer le spectateur. Physiquement affutés & crédibles, les prétendants manquent d’un poil de présence et se font racornir par des dialogues déclamatoires. Bonne gueule et corps sculpté, Niels Schneider (Télémaque), en mal de charisme, peine à rendre crédible un parcours qui le voit se transformer de baudet en cheval de course. L’intensité du jeu est donc plus à chercher du côté des femmes : Karine Testa et Vittoria Scognamiglio étant au rendez-vous.
Plus généralement, en matière de gros barnums télévisuels costumés français, on a vu pire ces dernières années : l’effarant « Inquisitio » et l’accident industriel involontairement nararesque, « Rani ».
Cependant, en ces temps estivaux post baccalauréat, on ne peut qu’agrafer la mention « passable » à la toge de cet Odysseus.