OLD (M. Night Shyamalan)

M. Night Shyamalan a débuté le tournage de son nouveau long métrage, Old. Pour le moment, on sait juste qu’il s’agit d’une adaptation libre de la bande dessinée Château de sable de Frederik Peeters et Pierre Oscar Levy dont voici le pitch :

Sur la plage, le destin de treize personnages est bouleversé par un événement inconcevable qui va les plonger dans un abîme de questionnements. Après une période de dénégation conflictuelle, l’acceptation et la résignation font tomber les masques.

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Gael Garcia Bernal, Abbey Lee, Rufus Sewell, Embeth Davidtz et Ken Leung font partie de la distribution. Sortie prévue en juillet 2021.

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Présenté comme ça, ça ressemble aux dix petits nègres !

Tu veux dire, ils étaient dix.

Le titre que tu cites n’existe pas :wink:

Je me demandais qui allait réagir le premier …

Ah non, pas ce débat ici aussi, j’en peux plus !!! :slight_smile:

Kab est capable de débattre avec lui-même.

Perso, je dirais surtout que je ne vois pas le rapport entre les deux pitchs…

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Purée, la douche froide.
En fait, la bande-annonce raconte déjà l’essentiel, et fait un meilleur rendu sur le thème que le film lui-même. M. Night Shyamalan rate à peu près tout dans ce long-métrage long, trop long, avec essentiellement de mauvais cadrages, de mauvaises gestions de personnages, de mauvais rythmes, de moments loupés.
Il y avait pourtant un bon potentiel pour ce cinéaste sur ce thème de la plage étrange qui affecte les touristes dans leur approche du Temps… mais rien ne fonctionne. Le final est aussi long et lent, le fameux twist n’a absolument rien de dynamique et le film semble ne jamais finir.

Quelle amère déception.

Oh que oui.
Et pourtant, suprême paradoxe, le film montre également par bribes à quel point Shyamalan est un cinéaste extraordinaire pour ce qui est de la pure mise en scène…
L’exposition, par exemple, est un modèle du genre. Du pur Spielberg, dans la classe et l’efficacité. On se dit à l’aune de ces 20 premières minutes qu’on a retrouvé le Shyamalan d’il y a 20 piges.

Mais les choses se gâtent par la suite. Sans trop en dire, les aberrations de caractérisation (mais qu’est-ce que c’est que ces persos écrits avec les pieds) et de gestion du rythme se multiplient sur pratiquement toute l’heure suivante, avant un final incroyablement naïf et mal branlé où le film finit de s’écrouler lamentablement (avec sa charge peut-être bien intentionnée mais lamentablement mise en oeuvre sur l’industrie pharmaceutique ; il y a certes de quoi dire mais pas comme ça !!).
La vision du film se révèle, du fait de ces scories insurmontables, particulièrement pénible.

Et pourtant, jusque dans ses défauts, on devine ce que Shyamalan avait en tête : cette gestion du temps bizarre et inconfortable pour le spectateur (comme s’il y a avait trop de péripéties, alors que le film est assez chiant : bizarre), elle renvoie évidemment aux dérèglements temporels de l’intrigue. Bien vu en théorie, raté en pratique, puisque le réal’ perd ses spectateurs.
Et cette caractérisation si bizarre, à base de gros clichés (l’assureur ne s’exprime que par statistiques, ce genre de trucs) y compris quand Shyamalan cherche à les contourner/détourner (ce perso de rapper gosse de riches, franchement), c’est certainement l’amorce d’une démarche « méta », lourdement appuyée par l’intrusion de Shyamalan lui-même (« l’artisan est caché dans l’atelier », comme disait Philip K. Dick citant je ne sais plus qui). C’est lui qui conduit les persos sur le site de l’action, et, plus grossier encore, qui les observe à la faveur d’une longue vue (caméra, n’est-ce pas).

Quel dommage !! Parce que perso, je trouve que la mise en scène de Shyamalan se fait incroyablement originale sur le gros segment central du film : ces décadrages qui ne révèlent que des fragments des persos, cette gestion assez hallucinante du hors-champ, cette façon de gérer les ellipses, parfois à la faveur d’un champ/contrechamp (dans la « collure » des plans, des rides viennent subrepticement s’ajouter au faciès de certains personnages), parfois, et c’est plus spectaculaire encore, à la faveur de plans-séquence redoutablement bien pensés, « l’action » (le vieillissement) se jouant dans le hors-champ occasionné par les mouvements de caméra… Voilà une mise en scène authentiquement novatrice, et même expérimentale (adjectif que je n’aime pas habituellement, mais qui convient plutôt bien ici), à bon escient.

Il faudrait que Shyamalan arrête d’écrire ses propres scénars, tout simplement. Sans connaître la BD à l’origine du projet (oeuvre à la réputation flatteuse, me semble-t-il), je subodore que les meilleures idées du script (grossesse/accouchement/mort naturelle du nourrisson en 20 mn chrono, par exemple) proviennent de là.

Du gros gâchis, qui révèle paradoxalement, je me répète, à quel point Shyamalan est un cinéaste inspiré et singulier, mais beaucoup trop sûr de son talent de scénariste pour pleinement exploiter son potentiel énorme.

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Un peu comme Ridley Scott, en fait. :smiley:

Je ne saurais dire, ça fait très longtemps que je ne suis plus trop ce qu’il fait (même si son dernier film m’intéresse), exceptions faites de « Prometheus » et « Alien Covenant », foirés dans les grandes largeurs. Mais si tu veux dire par là un auteur qui démarre sa carrière en trombe et déçoit régulièrement par la suite, on est bien d’accord, le parallèle se justifie.

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Alors que fut un temps où il était (hâtivement) comparé à…

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Je pensais essentiellement au fait que, en tout cas ces dernières années, là où j’ai vraiment commencé m’intéresser à comment les oeuvres sont faites, Ridley Scott me semble toujours un bon voire très bon réalisateur, mais ses scénarios laissent plus souvent à désirer.