ONE TRICK RIP-OFF/DEEP CUTS (Paul Pope)

Paul Pope (Batman : Année 100, Escapo, Heavy Liquid) sera à l’honneur au mois de janvier avec un hardcover chez l’éditeur Image Comics reprenant One trick rip-off, une histoire publiée originalement par Dark Horse en 1995 en noir et blanc (également publiée en France chez l’éditeur Bethy sous le titre Arnaque à l’arraché), qui sera proposée pour la première fois en couleurs, assurées par les coloristes Jamie Grant (All Star Superman) et Dominic Regan (All Star Western). Ce volume collectera également des travaux inédits non publiés à ce jour de l’artiste, ainsi qu’une sélection d’histoires publiées exclusivement au Japon chez l’éditeur Kodansha dans les années 1990.

[quote]ONE TRICK RIP-OFF/DEEP CUTS
story PAUL POPE
art / cover PAUL POPE
JANUARY 16
288 PAGES / FC / T+
$29.99 US
Young lovers Tubby and Vim want to escape – escape the mistakes they’ve made, the lives they’ve lived, and the dirty city weighing them down. Their plan is simple –all they have to do is rip-off Tubby’s pals, the One Tricks – the toughest street gang in LA.
If they pull it off, they’re set for life. If not, their lives won’t matter much anyway.
What was going to be a smooth, straight-forward heist becomes a fast-paced battle to the death.
From Eisner Award-winning writer/artist PAUL POPE (Batman: Year 100, THB, Heavy Liquid, 100%) and presented for the first time in color by JAMIE GRANT (All-Star Superman). ONE TRICK RIP-OFF/DEEP-CUTS is 288 pages of raw power, of which over 150 pages are comprised of new, rare, and never before seen stories created during POPE’s time traveling the world in the ‘90s.
Included in the « Deep Cuts » section is a bounty of unpublished and rare work POPE did in the '90s, including the legendary « Supertrouble » manga, created for Kodansha in Japan, appearing here in print for the first time.
It’s a tour de force of pure, kinetic storytelling that will keep your eyes peeled until the very last page.
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[size=200]INTERVIEW DE PAUL POPE[/size]

Lien:
Le site de l’éditeur : www.imagecomics.com

Ca me rappelle Angoulême en 97 ou 98. Je sortais d’une longue file d’attente pour une dédicace de je ne sais plus qui (c’est dire si l’attente valait le coup). J’avais envie de sortir un peu de la foule et de jeter un œil par la même occasion à ce qu’un petit éditeur comme Betty proposait. Je feuillète quelques bouquins dont le fameux Arnaque à l’arraché. Je le paie, puis je vois deux tables plus loin un gars avec un drôle de look, tout seul à sa table. Je reconnais sur l’étiquette le nom du gars du truc que je viens d’acheter, Paul Pope. Ben, tant qu’à faire, on va lui demander un gribouillis à cet inconnu que personne ne sollicite. On discute deux minutes. Un gars charmant qui gagnerait à être connu, je me dis.

Plus tard, chez moi, je lis le bouquin et je me prends une claque. Putain, ce type est génial. Si j’avais, je lui aurai tenu compagnie plus longtemps.

Alors Paul Pope, et cette Arnaque à l’arraché notamment, ça fait partie des choses pour lesquelles je sens bien que c’est très bon, qu’il y a une forte personnalité et un gros travail derrière, mais pour lesquelles je ne ressens rien, pour lesquelles je suis complètement détaché et ne ressens aucun écho. En bref, je ne rentre pas dedans. C’est un peu comme The Wire à la télé : je vois bien que c’est pété de talent et que le niveau est élevé, mais vraiment, ça ne me parle pas, y a rien qui me fait rester. Neil Gaiman aussi me fait cet effet-là.
Du coup, pour Paul Pope, je n’ai jamais suivi. Ce premier récit m’a complètement vacciné, et à chaque fois que je tombe sur une histoire courte ou des choses comme ça, je soupire un gros « so what » et je repose.
Et je n’ai aucune explication pour ça.

Jim

En fait-il vraiment une ? Paul Pope fait partie de ces gens qui ont une vrai identité artistique, immédiatement reconnaissable et suffisamment particulière pour qu’on puisse ne pas adhérer, même si on y reconnait du talent. Moi, le travail de Pope me parle, mais je comprends très bien qu’on puisse passer à côté. Analyser les qualités et défauts de quelqu’un qui ne s’éloigne pas trop d’une certaine norme, c’est facile. Quand on s’intéresse à quelqu’un qui a une identité très forte, on est souvent dans un domaine de subjectivité où ce n’est pas facile de mettre le doigt sur ce pourquoi on aime ou on aime pas. Tiens, par exemple, je suis en train de lire de dernier Eddie Campbell. Et bien, je serais bien incapable de dire précisément pourquoi j’aime bien ce qu’il fait. Ça a du sens ce que j’écris ?

Oui, beaucoup, je pense la même chose. Je dirais du travail d’Eddie Campbell qu’il verse dans l’impressionisme, préférant suggérer les choses par le prisme de sa sensibilité plutôt que de suivre des règles de dessin et de composition classiques. Par des lignes et des courbes qui peuvent sembler de prime abord hésitantes et peu assurées, je m’aperçois souvent que plutôt que de s’attacher aux détails par ci par là dans une case, Campbell semble privilégier le sens et l’émotion que peut renvoyer la case, et donc le dessin, prise dans son ensemble.

Cela donne envie en tout cas et je compte me le procurer une fois disponible vu que j’apprécie les travaux de l’artiste habituellement.

[quote=« Benoît »]

Oui, beaucoup, je pense la même chose. Je dirais du travail d’Eddie Campbell qu’il verse dans l’impressionisme, préférant suggérer les choses par le prisme de sa sensibilité plutôt que de suivre des règles de dessin et de composition classiques. Par des lignes et des courbes qui peuvent sembler de prime abord hésitantes et peu assurées, je m’aperçois souvent que plutôt que de s’attacher aux détails par ci par là dans une case, Campbell semble privilégier le sens et l’émotion que peut renvoyer la case, et donc le dessin, prise dans son ensemble.[/quote]

Tu me crois quand je te dis qu’il s’appuie sur des photos pour dessiner certains visages ? J’ai vu ça en dédicace, ça m’a bluffé !

ça ne me surprend pas tellement. Dans les annexes de From Hell, on voyait qu’il utilisait énormément de photos parce que le projet et l’époque où se déroule l’histoire nécessitaient ce type de documentation, mais j’étais déjà abasourdi par la manière dont Campbell se réappropriait les photos via son dessin. Il s’en affranchissait pour en donner une représentation toute personnelle. Ceci dit, je ne pensais pas qu’il en utilisait encore, encore moins pour dessiner des visages mais c’est intéressant, parce qu’il digère ça de telle manière que c’est difficilement perceptible à l’oeil.

Et si je te dis que pour son propre visage (dédicace pour Alec, c’était forcé !), il a utilisé une photo de lui sur une badge. Même pour lui il utilise des photos alors qu’il a dû se dessiner un bon nombre de fois …

Et comme tu dis, la réappropriation est impressionnante !

Effectivement, c’est désarçonnant. Il y a des artistes qui ont une façon de travailler qui peut être suprenante au regard de leurs planches. Je ne me souviens pas de qui il s’agit, mais j’avais lu l’interview d’un dessinateur qui disait se regarder dans la glace en mimant des positions pour dessiner la gestuelle de ses personnages (peut-être Sean Murphy). Ou encore John H. Williams III qui avouait ne pratiquement pas faire de recherches et de mises en place préalables sur ses planches, attaquant directement par un crayonné précis et détaillé alors qu’il déploie souvent des mises en pages recherchées.