Discutez de Où sont passés les grands jours
La critique de Où sont passés les grands jours T.2 (simple - Bamboo) par ginevra est disponible sur le site!
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Hugo, Jean-Marc et Étienne sont encore sous le choc du suicide de Fred, leur meilleur pote. Le notaire leur donne trois boîtes, contenant divers objets, dont ils ne savent pas quoi faire.
Sur ces bases, Jim débute une énième chronique de quadras dépressifs, comme il en a le secret. S’écartant en revanche des relations de couples et des interrogations sexuelles qui ont fait le succès de Une nuit à Rome, il s’interroge cette fois-ci sur l’un des piliers de la fameuse crise de la quarantaine, à savoir les illusions déçues. Plusieurs séquences sont consacrées notamment au portrait de ses personnages et à la comparaison entre leurs rêves d’adolescence et leurs accomplissements d’adulte.
Pour la petite histoire, Hugo, dans le récit, est un écrivain raté devenu lettreur de manga. Un lettreur payé cinq euros la planche. J’ai déjà croisé plusieurs studios de lettrage qui facturent nettement moins (pour un résultat médiocre, il faut l’avouer) donc Hugo n’a pas de quoi se plaindre.
J’ai déjà dit que le travail de Jim, dans sa grande majorité, ne me parle pas dans le sens où ses sujets ne m’intéressent pas ou peu. En revanche, il sait raconter, c’est certain. Et sur de nombreux projets, chez Bamboo ou ailleurs, il est souvent associé à des dessinateurs de première envergure (c’était le cas de Mig sur Un petit livre oublié sur un banc, mais il a également bossé avec des gens comme Grelin).
Ici, le récit, sous l’apparence d’une chronique linéaire, introduit différents registres de flash-backs, certains bénéficiant d’un traitement de couleur original (décors gris et personnages rouges). Les informations sont distillées de manière progressive, notamment la vérité sur les circonstances du suicide de Fred. Ce qui amène d’ailleurs le lecteur à découvrir la vérité derrière les trois cartons laissés chez le notaire, une information dont les trois héritiers ne disposent pas et qui ne correspond pas à ce qu’ils imaginent.
Car le propos est aussi d’évoquer les creux de la vague dans une vie, mais également la capacité de rebond des gens. Et si les trois amis parviennent peu ou prou à reprendre le contrôle de leur existence, ils en attribuent (à tort) le mérite à l’héritage laissé par Fred. Ce décalage est assez intéressant.
Autre décalage : Hugo a conservé le numéro de téléphone de Fred, mais celui-ci a été réattribué. Si bien qu’il entame une conversation intermittente et involontaire avec le nouvel interlocuteur, ce qui contribue à l’aider à remonter. Toute cette séquence est très réussie.
Au dessin, Alex Tefenkgi, remarqué sur Tranquille Courage, apporte une fraîcheur évidente, une clarté dans la représentation, un naturel dans les personnages, le tout saupoudré d’une petite touche un brin manga.
Bref, un diptyque qui s’intéresse à la condition humaine, qui met en scène cette fameuse citation souvent attribuée à John Lennon : « La vie, c’est ce qui t’arrive quand tu as prévu autre chose ».
Jim