PANIQUE À LA UNE (Luc Cornillon)

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De Luc Cornillon, on retient souvent sa capacité à mixer ses influences américaines et les codes narratifs du franco-belge. S’il n’est pas un représentant d’une sorte de « nouvelle ligne claire » au même titre qu’un Ted Benoît ou un Serge Clerc, on retrouve dans ses travaux la même fascination pour une Amérique déjà un peu surannée, celle des années 40-50-60, et la volonté de s’amuser avec les codes des genres qui sont liés à cette époque.

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L’album Panique à la une rassemble plusieurs histoires courtes, à pagination variable, l’une d’elle étant bâtie sur un synopsis proposé par Doug Headline. Ces récits sont réalisés sur à peu près quatre ans, de 1980 à 1984 (j’imagine qu’elles ont été prépubliées dans L’Écho des Savanes, mais je n’en suis pas sûr : si quelqu’un est au courant…), et montrent l’évolution du style, qui assimilent de plus en plus d’influence en provenance par exemple de Wrightson, mais aussi des dessinateurs des EC Comics et sans doute des illustrateurs d’underground tels que Rand Holmes, entre autres.

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Les récits proposent de suivre « le vieux Ed », l’archiviste du Clarington Post, un journal dans lequel il a officié à tous les postes, de simple coursier à journaliste. À l’image des « hôtes » de séries anthologiques (genre Contes de la Crypte), Ed nous accueille en première page et nous propose de revisiter l’une des affaires les plus mémorables de sa carrière. L’humour naît des situations cocasses mais également du décalage entre les événements tels qu’ils se sont produits et l’interprétation qu’en donne le personnage.

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Les références sont également très nombreuses, soit au détour d’une bulle soit dans un coin de la case (un super-héros qui utilise un punching-ball à l’effigie du Demon de Kirby, par exemple). Les différentes histoires passent en revue les grands thèmes de la science-fiction et du fantastique : les monstres géants, les robots, les extraterrestres, les super-héros… Le ridicule du personnage rejaillit parfois sur le sujet de son récit, au point que la tonalité est floue, entre l’hommage ému et la moquerie un peu cruelle. Mais l’ensemble est très drôle et se lit toujours aussi bien, près de trente-cinq ans après la réalisation de ces histoires.

Jim