PARIAS t.1-3 (Tony Emeriau / Boris Beuzelin)

Content de voir que mon petit désappointement aboutit sur une discussion hyper intéressante. Merci les gars! :wink:

Ca je suis bien d’accord. Il a même tellement bénéficié aux distributeurs que ces derniers ont racheté les éditeurs.

C’est à dire ?

Le rapport de force est compliqué. Tu peux ne pas aimé un éditeur et ne pas vouloir travailler avec lui si tes clients veulent des titres de cet éditeur, le boycott est dur surtout que les solutions pour que ton clients aillent ailleurs sont très large de nos jours. Mais oui les libraires ont un moyen de pression.

C’est un sujet très compliqué que j’ai pas mal suivit à un moment et je pense que déjà les auteurs devraient tous se mettre d’accord ce qui est loin d’être le cas. Ils sont d’accord sur le fait d’être fauché, mais après ça devient compliqué. Je parle même pas de l’état qui comme tu le dis, ne donne pas à tous le même statut. Si ca se fait, ça permettrait déjà de faire avancer les choses.

Et de non renouvellement. Les nouveaux lecteurs (jeunes et jusqu’à 35 ans) ne sont pas nécessairement de gros fans de B&M. Le lectorat de ce titre vieillit et disparait au fur et à mesure.

Tout a fait, après la quantité est telle que parfois il est du de garder un titre. J’ai pour ma part une petite boutique de 40m2, l’optimisation est une compétence obligatoire et il est dur de garder des titres non porteur surtout à certaines période, même si on les aimes. Après c’est aussi une question de comment on voit son boulot.

Pour ma part j’essaie de bien conseiller, j’ai souvent des ventes conseil bateau, comme quand un mec me demande un conseil sur une BD d’aviation, vu que j’aime pas ça et que j’en lis pas, je connais quelques bons titres qui fonctionnent auprès de ma clientèle et je les conseille, mais ça va pas plus loin.

Après j’ai des titres comme In Waves qui malgré ses 2 ans continue d’être en facing chez moi car c’est un titre que j’adore que je conseille souvent et qui ne sortira des facings que quand je l’aurais décidé. Il est rangé dans un coin coup de coeur.

Pour moi mon plus gros problème (lié en partie à ma clientèle) c’est l’indé. L’indé c’est beaucoup beaucoup de livres aussi, très peu sont porteurs et ils doivent rester 3 mois (ce qui est la loi, mais qui n’est pas respecter par les gros et permet une plus grande souplesse). C’est très dur, car il y a vraiment beaucoup de choses très différentes et contrairement à une BD classique tu sais jamais ce qui va fonctionner. J’ai eu des BD qui ressemblais en termes graphique au dernier prix d’Angoulême et personne n’en veut, par contre le grand prix d’Angoulême tout le monde le veut. Récemment j’ai une déconvenue sur le dernier Baudouin qui d’habitude fonctionne plutôt bien et là pas du tout. Je parlerais pas ici des bouquins reçu au forcing alors qu’ils sont pas demandé et du coup les autorisations de retour qui traines.

Attention ce qui suit est juste un défoulement et n’a rien a avoir avec la discussion intéressante.
(aparté qui n’a rien à voir, ça me détend), parce que je suis saoulé que j’ai inventaire demain et que je vais devoir les foutre dans mes stocks.
Shockdown qui vient d’arriver chez Makassar tout les titres sont centralisés, j’ai renvoyé ma centralisation, sans ces titres que je ne trouve pas terrible pour plein de raisons. Pourtant je me suis retrouvé avec les titres qui était conseillé et leur quantité. ca fait 2 mois que j’envois mail sur mail que j’ai des appels pour les retourné et rien ne se passe.
Le dernier Crumb, j’en avais commandé une petite dizaine j’en reçois 30 avec l’intégralité de Crumb chez cornélius en double. J’attends toujours l’autorisation de retours. La Sodis (le distributeur) m’a dit avoir fait une erreur, Mon représentant Makassar (qui gère ce titre) est au courant et j’attends toujours.
Ca m’énerve car ça prend une place folle.

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Kab, j’arrive ce soir avec mon break au coffre vide !!! :heart_eyes: :heart_eyes: :heart_eyes:
(je me vois mal de te laisser en peine comme ça)

Ça, c’est très chiant… Tu reçois un bouquin, tu te dis « Tiens, je ne me souviens pas avoir commandé ça… » et, après vérification, tu ne l’avais en effet pas commandé… et tu te retrouves avec cinq, dix voire vingt exemplaires d’un truc dont tu ne voulais pas car tu savais que ta clientèle ne serais pas intéressée… et ça te prend de la place pour rien en attendant que tu puisses les retourner.
Et encore, quand il s’agit d’une BD, on peut se dire qu’on trouvera peut-être un ou deux clients, mais quand tu es spé manga et que tu reçois un roman, même d’un auteur connu, c’est compliqué…

Tori.

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Farpaitement !
On a les mêmes « vies »

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Je t’en prie, je suis d’inventaire demain ça me fera ça de moins à compter.

Plus sérieusement si tu en veux dis le moi et confirme moi que tu les prends sinon tout repars au plus vite, après je pourrais pas les retourner.

C’était une boutade, désolé. Je ne sais même pas quand je pourrais repasser (en plus j’en ai un paquet de chez Cornelius)

Sur le sujet et petit constat de base après un an et demi d’année de la BD.

Eric Derian (ancien directeur académie delcourt, auteur de BD)

2020 Année de la BD, c’est fini !

Cette Année de la Bande Dessinée, décidée en urgence en décembre 2019 par un Ministère de la Culture pris de court et prolongée de 6 mois en raison des différentes restrictions liées aux conditions sanitaires conséquentes à la pandémie s’est terminée il y a 3 jours dans une indifférence générale…

Une année et demi plutôt brouillonne, qui aura accusé la démission de ces quatre parrains prestigieux au bout de 10 mois, et qui laisse plus un goût de commémoration que de fête… avec la gueule de bois en prime quand même.

« La France aime le 9e Art », donc.

C’est peu de le dire, mais pour certains c’est beaucoup de le montrer…

Quels étaient les moteurs de cette initiative ? Où en sommes-nous 18 mois plus tard ?

Un des pivots de réflexion autour de ce qui semblait être une heureuse initiative était le difficile problème de la précarisation des auteurs, dans un secteur entrepreneurial pourtant en pleine expansion. En gros, l’édition va bien, les auteurs vont mal : c’est un symptôme de maladie. Cette année de la BD voulait relancer un engouement patriotique autour de la création nationale, tout en la recontextualisant dans la production culturelle mondiale : remettre la Bande Dessinée au centre des pré-occupations de ses lecteurs tout en avançant vers de nouveaux publics.

En attendant de trouver un moyen de forcer les entrepreneurs privés, les « diffuseurs », de mieux rémunérer les auteurs pour leur activité de création, cette année de fête devait multiplier les actions publiques qui, elles, pourraient rémunérer en contrepartie cette candide population en grand besoin.

L’idée de rémunérer « quand même » des auteurs de tous horizons pour des interventions qui n’ont, au final, que très peu de rapport avec l’acte de création était déjà assez bizarre… mais bon, y avait du pognon débloqué pour ça, autant aller le chercher. Oui, il faut quand même le souligner : aller parler de notre travail devant 3 classes de cours moyen, ce n’est pas notre travail. Alors y en a qui aiment, d’autres n’aiment pas ; y en a qui sont capables et d’autres totalement incompétents. Car c’est satellite à notre activité principale, la création justement, qui a du mal à s’épanouir lorsqu’on est entouré de 90 enfants âgés de 9 à 11 ans (ce n’est qu’un exemple).

Mieux que rien, me direz-vous…

Eh bien rien quand même, ou si peu au final.

L’annulation de la majorité des manifestations à partir de mars est venue démontrer l’absurdité de la mesure : on ne permet pas aux auteurs de gagner décemment leur vie par leur travail, donc on leur subventionne une activité d’intérêt général parallèle, qu’on leur annule.

La faute à personne, retour à la case départ : tu gagnais mal ta vie avant, ben après c’est pareil.

Un dispositif d’aide relativement efficace a néanmoins été mis en place durant les longs mois COVID, beaucoup d’Artistes-Auteurs - y compris du monde de la BD - ont pu en profiter malgré quelques difficultés au démarrage… Globalement comme toute catégorie socio-professionnelle indépendante : une équivalence par rapport aux revenus perçus l’année précédente à la même période. Avec une exonération ou un report des cotisations. Rien d’exceptionnel.

Comme les taxis.

Cette mesure, proportionnée, aura eu l’intérêt d’éviter la banqueroute de nombreux auteurs, mais n’aura au final permis que de les maintenir à leur niveau de précarité courante. Un pansement sur une plaie.

À condition, bien sûr, d’avoir eu des revenus l’année précédente : exit la possibilité d’aide au pré-professionnels, diplômés d’écoles ou en cours de premier contrat.

Pourtant l’Année de la BD avait commencé sur les chapeaux de roues, avec la révélation en janvier 2020 du Rapport Racine et de ces 23 préconisations, la visite du Président de la République et de son ministre de la Culture au Festival de la BD, l’annonce en février des 17 points retenus par Franck Riester et la mise en place d’un calendrier de travail… et malheureusement le peu d’effet.

Un nouveau remaniement de ministère et patatras. Une pharmacienne à la Culture en période de pandémie mondiale, une gestion prudente qui reprend tardivement le dossier par le plus petit bout possible de sa lorgnette, et l’absurde commande d’un nouveau rapport qui aboutira… aux mêmes conclusions.

Du temps perdu, beaucoup ; des auteurs en carafe, quelques-uns…

Ne nous voilons pas la face : une situation périlleuse où les difficultés restent en status quo, c’est une situation qui se dégrade.

Pendant ce temps, les librairies ont été reconnues commerces essentiels.

Pendant ce temps, les éditeurs ont enregistré des résultats records malgré des mois en dents de scie.

Pendant ce temps-là, il faut le reconnaitre, les gros vendeurs ont encore plus vendus… Mais les autres, ceux qui auraient eu besoin d’un support logistique pour exister, les centaines de premiers albums sortis sans que personne ne les attende ou ne les voie : ceux-là, nous restons à la veille d’un contre-coup potentiellement fatal. C’est l’an prochain qu’on leur fera payer d’une façon ou d’une autre le fait de ne pas avoir assez vendu cette année. L’an prochain qui ne sera plus l’Année de la BD depuis longtemps, l’an prochain où les aides de l’État ne seront plus d’actualité.

L’accélération politique de vitrine a pourtant secoué pas mal de cocotiers : la mobilisation des auteurs, par exemple, à la fois symptôme et clé, aura joué son rôle de coup de pied dans la fourmilière, ouvert des portes dans lesquelles les organisations sensées les représenter ont pu glisser un pied… mais chaque action s’est révélée bien fragile.

Il aura suffi d’une action concentrée de lobbying de la part du Syndicat National des Éditeurs par-ci, d’un selfie inique d’un auteur-chevallier avec le Président par-là, et ce qui semblait au départ être une voix unique s’est vite transformé en nuées d’oiseaux, colorés certes, mais criantes et dissonantes.

Cette semaine encore, en opposition à tout consensus, les deux organisations syndicales majeures d’auteurs s’entre-déchiraient par tribunes interposées ou fils interminables de commentaires, ne provoquant hélas que des remous au sein de nos professions sans inquiéter qui que ce soit autour.

C’est simple, tout le monde s’en fout.

Pire, cela venait donner crédit à la dernière allocution en date de Roselyne Bachelot en mai dernier : « Régler les conflits qu’il y a entre les artistes-auteurs, je préférerais régler les conflits territoriaux en mer de Chine, ce serait plus simple pour moi. »

On n’a que ce qu’on mérite : une infirmière pour une assemblée de bras cassés.

Au final, cette Année de la BD qui se devait d’être une charnière autant pour les auteurs francophones, leur ministère, leurs éditeurs, les festivals et organisations d’événements, n’aura été qu’enfilade de maladresses, incrémentation des incompréhensions, retranchements dans des positions de plus en plus extrêmes qui n’en sont que plus dangereuses pour un secteur qui ne cesse pourtant de fleurir au détriment de sa création : l’avénement inattendu et soudain du Pass Culture, accréditant tout nouveau majeur de 300€ à dépenser en produits culturels divers, a provoqué un phénomène que même les éditeurs concernés n’avaient su anticiper… 71% des livres réservés via la plateforme du Ministère étaient des mangas, adaptations françaises de bandes dessinées en majorité produites au Japon.

V’là la tronche de la relance.

Bref, que retirer de tout ça ?

Quelle conclusion à cette Année de la BD 20>21 ?

Le plus objectivement du monde, une situation qui n’évolue pas est un système qui se dégrade. Mais les effets de l’époque ne font pour l’instant de victimes que dans une seule catégorie du secteur : les auteurs. Et les contre-coups de ces 18 derniers mois vont être violents dans leur rang, nous ne sommes que trop peu à l’anticiper.

Cette industrie culturelle est un système malade qui ne sait pas se réguler et où les instances politiques se refusent à arbitrer : tout ne continuera qu’à aller plus mal, malgré les bonnes volontés rencontrées de toutes parts… Des demi-solutions se dessinent au loin, des accords qu’il faudra peut-être avoir le courage de refuser, l’avenir reste incertain et… seul l’espoir fait vivre.

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Tony Emeriau :

Avis de tempête ! La campagne Komics Initiative pour le deuxième tome des aventures des Parias débute dans très exactement 8 jours ! On a apposé le QR code au décompte pour que vous puissiez vous inscrire et bénéficier de l’alerte… Le jour J, à l’heure H !

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PARIAS 2 / Dès le 19 octobre 18h

https://fr.ulule.com/parias-2/

Comme promis, nous vous dévoilons ce soir la couverture du deuxième opus de la série de Boris Beuzelin et Tony Emeriau. Plus de rebondissements, plus de BD et une campagne qui, on l’espère, saura vous présenter quelques surprises… Des surprises que nous ne pourrons débloquer qu’avec votre soutien, bien évidemment.

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Le tome 2, c’est parti :

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Jour J !!! C’est ce soir à 18h00 que démarre la campagne Ulule pour le tome 2 de Parias.

Pour l’occasion, on vous dévoile l’illustration réalisée par Boris pour le lancement ! Elle sera imprimée en risographie en seulement 50 exemplaires numérotés et signés ! Si vous voulez l’acquérir… RDV ce soir 18h00 sur Ulule… fr.ulule.com/parias-2 ! Je ne saurai que trop vous conseiller de vous hâter ! 😁

Et bien parti, visiblement, non ?

Jim

Je n’ai pas trouvé d’infos sur le nombre de pages de BD prévues…
J’attends d’en savoir plus…

Oui.

Mon indic me dit que ce serait 128 pages mini …

Couverture alternative signée Ronan Toulhoat :

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giphy

Regardez bien, Tony s’arrête à 128 (ou pas :grin:)