PHILÉMON t.0-16 (Fred)

Discutez de Philémon

J’ai toujours bien aimé le travail de Fred, et toujours apprécié la série Philémon, qui propose une déclinaison « à suivre » de son univers plein de rêveries et de symboles, lorgnant vers un surréalisme un peu anar et libertaire.

J’ai ressorti L’Île des Brigadiers, que j’ai en collection 16/22, et qui est dans une pile à côté de mon bureau. Philémon accompagne Barthélémy qui cherche à revenir sur le « A », qu’il a quitté il y a bien longtemps. Mais les deux compères sont repêchés par un Brigadier qui décide que ces deux « bibelots » doivent trôner sur sa cheminée. Philémon s’évade, retrouve son ami, découvre la vérité sur la nature des Brigadiers, croise la race des manu-manu-militari…

Bref, c’est frappadingue comme souvent, en trompe-l’œil (avec ces carrosses en bois sans profondeur qui évoquent bien entendu les décors de théâtre et, par conséquence, les univers surréalistes), avec des piques régulières sur l’autorité, l’embrigadement, le conformisme. Fred joue sur la forme des planches (l’une d’elles est une boucle narrative) et sur la circulation du regard.

Et c’est la première fois que je lis un de ces albums, et notamment un Philémon, et que je me fais la réflexion suivante : en regardant ses personnages arpenter des décors fluctuants, changeants, vallonnés, composés parfois de symboles, passer par des portes étranges posées au milieu de rien, je me suis dit que Fred aurait sans doute pu livrer un récit de Doctor Strange pas piqué des hannetons, si l’occasion s’était présentée.

Jim

J’aime bien Fred.
Mais je n’ai jamais lu Philémon en entier (et encore moins dans l’ordre)…
Il faudrait que je comble ce vide, un jour.

Tori.

Pareil : j’ai quelques albums, dans le plus singulier désordre et sur plusieurs formats. Je crois avoir découvert chez un pote, puis grapillé ici et là sans avoir jamais complété. Il existe une intégrale, je devrais m’y pencher.

Jim

Parti à lire Philémon dans le désordre (et sur plusieurs formats), j’ai trouvé samedi Philémon et le château suspendu, troisième tome dans l’édition 16/22 de Dargaud.

L’histoire commence alors que Barthélémy, souffrant du mal du pays, se languit du « A ». Ses amis lui trouvent un moyen d’y retourner, mais bien entendu, Barthélémy et Philémon se retrouvent sur le point du « I ». Ils visitent un phare-hibou, tombent dans une baleine-galère (qui offre à Fred l’occasion de faire plein de jeux de mots sur « rame » (celles des rameurs et celles du métro…), avant d’être emportés dans le château suspendu du titre où ils sont pris pour ceux que la prophétie annonce comme susceptibles de « couper la corde ».

Complètement frappadingue, surrréaliste et plein de clins d’œil, cet album est une énième invitation au voyage, dans un monde où Fred crée des situations à partir d’expressions, de mots, d’idées télescopées. L’album se conclut sur un dernier acte, un peu déconnecté, où Barthélémy (car oui, ils sont revenus au point de départ) constate que son miroir a pris du retard et qu’il faut le remonter.

Jim

Parce qu’il y a un ordre ?
:astonished:

Tori.

Il y a une continuité.
Un « avant », dans les albums d’après.
Mais lire dans le désordre rajoute au côté surréaliste.
Un jour, dans quelques décennies, je relirai dans l’ordre : ça sera une grande redécouverte.

Jim

C’était de la taquinerie de ma part, parce que l’œuvre est tellement foutraque que, même dans l’ordre, ce doit être difficile à suivre.
Bon, je n’ai pas lu tous les albums, et encore moins dans l’ordre, mais l’idée qui s’en dégage est quand même celle d’un truc qui part dans plein de directions à la fois (sans que ce soit un reproche, hein, ça fait vraiment partie du truc).

Tori.

En fait, ce n’est pas si difficile à suivre. Je crois qu’il faut se laisser porter mais sans chercher à trouver des points de repères.
J’ai toujours vu Fred comme l’un des rares auteurs français capables de canaliser une sorte de « non-sense », au sens britannique du terme. Le genre de récit où, pour comprendre, il ne faut pas chercher à comprendre.

Jim

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Oui, voilà, du nonsense et de la poésie.

Tori.