PIN-UP t.1-10 (Yann / Philippe Berthet)

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Moi qui me réjouissait de la suite de la série j’ai été bien déçu… Je n’ai retrouvé la belle Dottie fragile que dans la dernière phrase de l’album. Le reste n’est qu’un polar de bas niveau.

Autant les 9 premiers tomes sont une vraie réussite je peux dire que je n’ai acheté celui-ci que pour completer la série dans mon étagère.

Déja, merci beaucoup, je pensais que mon avis sur les BDs n’était jamais lu et enfin j’ai un retour, cela me rassure :slight_smile:
Concernant ton avis, je le partage, le scénario est faiblard mais le dessin est superbe, c’est aussi une force de la série non ?

Tiens, j’ai relu récemment les deux premiers tomes, les seuls que j’ai. Et en fait, j’ai retrouvé les sensations qui ont fait que, finalement, je n’ai jamais continué.

L’histoire, on la connaît : après une longue séquence d’ouverture consacrée au conflit dans le Pacifique, on suit Dottie, une ouvreuse de cinéma rousse qui voit partir son « Joe chéri » à la guerre. Soutenue par son amie Talullah, elle vend des cigarettes dans une boîte et fait la connaissance du bédéaste Milton Caniff, qui la prend pour modèle dans son strip « Poison Ivy », destiné à soutenir le moral des troupes du Pacifique.

Le récit alterne des séquences consacrées au parcours de Dottie et des scènes dédiées aux différentes missions de Joe sur le front. Les scènes communiquent par le biais des strips de Caniff, Joe finissant par reconnaître et décoder des allusions à sa fiancée. D’autant que Caniff a accès à la correspondance de Dottie et Joe, qu’il utilise comme documentation.

Le scénario de Yann, bien écrit, fluide, plein d’allusions et de jeux de mots comme il sait faire, se contente en fait de développer une sorte de rectangle amoureux à dimensions variables, un vaudeville à distance. C’est sympathique, mais c’est un peu limité. En tout cas dans ces premiers tomes.

Et puis, personnellement, je dois avouer que le portrait du bédéaste n’est guère séduisant. On aurait pu s’attendre à la description d’un prétentieux imbu de son succès, mais en fait, Caniff est dépeint comme un exécutant inféodé à ses commanditaires, bien content d’échapper à la conscription, incapable de dessiner sans documentation et embarqué dans une jalousie maladive qui fait de lui le pantin des femmes. Si l’on sait que Caniff effectivement recourait à des modèles ou qu’il avait un rapport « le client est roi » à ses commanditaires du gouvernement, sans doute explicable par l’ambiance aveuglément patriote de l’époque, et si l’on veut bien accorder crédit au fait que chaque aspect du bonhomme a ses sources dans la réalité, force est de constater que le scénariste force le trait : ça se sent notamment au mauvais goût des strips de « Poison Ivy », sans commune mesure avec l’humour plus sexy et moins raciste de Male Call, dans la vraie réalité.

Bref, le mauvais esprit du scénariste, pour lequel il est célèbre, ne me séduit pas tellement plus aujourd’hui qu’à l’époque où j’ai découvert la série. Et si le dessin est magnifique (Berthet est alors au sommet de son art, avec un trait maîtrisé après des années de progrès et un encrage riche de pleins et de déliés, loin de la platitude de ses prestations récentes), je crois que ça ne va pas me convaincre de me précipiter sur la suite.

Jim