Je viens de le voir à la télé. Je pensais l’avoir vu, mais en fait, en le regardant, je me suis rendu compte que plein de choses… ne me disaient rien du tout.
Moi, personnellement, j’aime bien. Trop d’effets spéciaux qui font synthèse sur fond vert (on dirait du 300), mais vu qu’Anderson a un certain sens du montage et que le film est frénétiquement rythmé, ça passe super bien.
Alors ouais, des poncifs en veux-tu en voilà. Cela dit, Anderson, c’est un bon faiseur compétent (une sorte de Sal Buscema du blockbuster, pour ceux qui comprennent l’allusion : rien de génial, rien de premier ordre, mais on sait ce qu’on achète, on n’est pas blousé par un tricheur), et je trouve qu’il sait raconter. Même quand il raconte des conneries à base de zombies génétiquement modifés, il raconte bien.
Là, par exemple, il y a une chouette séquence : dans l’arène, le héros, son allié réticent et les autres péquins coincés par les jeux du cirque reconstituent une bataille célèbre. On est donc dans la mise en abyme, la bataille représentée servant d’écrin à la survie des gladiateurs. Mais l’astuce, c’est que la vraie bataille se joue non dans l’arène mais dans la tribune, où le Sénateur joué par Sutherland mène son assaut, aussi politique que retors, aussi violent que sadique. Et ce qui se joue à coup de glaive n’est qu’un écho des enjeux dans la tribune. Plutôt roublard (ça fera penser aux chevaux en sueur signifiant l’étreinte des amants, dans Madame Bovary : deux actions, l’une étant la métaphore de l’autre, et la plus importante n’est pas la plus visuelle).
De même, autre belle scène, l’échange des deux gladiateurs dans leur cellule. Cela permet de caractériser les personnages (deux guerriers qui ont le compas dans l’œil) tout en décrivant la naissance d’un respect mutuel et en annonçant une alliance potentielle future.
Alors ouais, c’est cousu de fil blanc. Mais pour un film dont l’intérêt principal réside dans les images, Anderson s’offre le luxe de quelques belles scènes articulées sur les dialogues. Plutôt sympa.
Et surtout, au final, il parvient à nous faire avaler une fin super triste, et qui fonctionne à plein, loin des happy ends qu’on pourrait craindre avec la dimension bluette de l’histoire d’amour. Ça, c’est bien.
Jim
PS : par ailleurs, j’ai eu un étrange souci sur ma télé. J’ai commencé le film en faisant la vaisselle, dans ma cuisine. Bon, pas de souci, rien, image correcte, bon son. Puis, à la faveur de la pub, je passe dans ma salle, et sur cette autre télé (toute neuve, elle a pas un an), j’entendais pas bien la piste des dialogues, écrasés par le son (la foule, les explosions…). Trop bizarre. J’ai un instant pensé que M6 avait une mauvaise copie*, mais pourquoi cela ne le faisait-il pas sur la télé de la cuisine (qui est une vieille guimbarde cathodique) ? Donc c’est peut-être un problème de réception, d’interprétation du signal. Trop bizarre. J’ai zappé sur Tango & Cash, pour comparer, mais ça marchait super bien. Comprends pas**.
- Avez-vous remarqué que la copie de Star Trek into Darkness qui passe à la téloche a une réplique de Spock en moins : on voit ses lèvres bouger, mais sa petite vanne à Kirk n’est pas audible. On se croirait presque à la belle époque de Robocop, avec des morceaux de dialogues tronçonnés.
** Comme si j’allais expliquer quoi que ce soit : moi, devant une machine genre télé, je suis un peu comme une vache devant un train : je comprends pas grand-chose…