Prépublication périodique: Causes de l'échec en France

Voilà j’ouvre ce topic pour débattre sur un sujet intéressant (je trouve), les magazine de prépublication français. Pourquoi cela ne marche pas ?
Je vois par exemple les Shonen Collection de PIka qui me semble tout à fait corrects et qui sortaient chaque mois, pourquoi cela ne marchait pas ?
Pourquoi a contrario les « Album de spirou » et autre équivalent en BDs eux étaient ou sont toujours bien présents ?
Une publication d’un « Shonen Jump » FR est elle envisageable ? Faut il que les maisons d’éditions collaborent ou bien faut il au contraire une concurrence pour motiver les éditeurs ?

Qu’en pensez vous ?

J’en pense qu’on est pas près d’en voir! les magazines se vendent moins avec internet … Les extraits en ligne sont là ^^!

Publier en presse en France coûte assez cher, du fait de la pesanteur et des archaisme du système de messageries qui alimente les points de vente. Comme assez souvent, c’est le distributeur qui est en position de force, et qui peut imposer ses conditions aussi bien aux fournisseurs (ici les éditeurs de presse) qu’aux détaillants. et comme les process de fonctionnement n’ont quasiment pas évolué depuis les années 50, tout le système est incroyablement lent. autant la diffusion elle-même est rapide, autant la remontée d’informations est le bagne, et les modifications de dotation chez les détaillants sont soumises à des calculs opaques. du coup, on a un système qui n’a aucune souplesse, et qui ne fait remonter les informations aux éditeur qu’en quasiment trois mois. pour un éditeur, c’est le bazar intégral, parce qu’il faut plusieurs mois pour savoir si un titre est rentable ou pas (on ne sait qu’en décembre si le mensuel de septembre à fonctionné, alors qu’on en est déjà à planifier les numéros de janvier ou février). par ailleurs, la nature du système de diffusion fait qu’il faut mettre en place deux fois plus de magazines que ce que l’on compte vendre, il y a un gâchis incroyable, dont le distributeur se contrefout, puisqu’il palpe dans les deux sens, à la mise en place et au retour.

De ce point de vue, le système de la librairie est nettement plus souple. beaucoup d’éditeurs n’ont tout simplement pas la carrure de se lancer dans ce genre d’aventure.

Et pourquoi les éditeurs ne font rien pour accélerer le système ?
Au Japon ça marche bien, pourquoi en France qui est le deuxième plus gros consommateurs de manga (après le Japon justement) ça ne marcherait pas ?

[quote=« Kaz` »]Et pourquoi les éditeurs ne font rien pour accélerer le système ?
Au Japon ça marche bien, pourquoi en France qui est le deuxième plus gros consommateurs de manga (après le Japon justement) ça ne marcherait pas ?[/quote]

Le japon a sans doute un meilleur système de messageries. les japonais ont le sens de l’efficacité.

En France, la situation est ultra bloquée là-dessus. Même l’actionnaire majoritaire de Prestalis a jeté l’éponge et préfère laisser crever le truc. Les messageries sont en position de force (pour lutter, les groupes de presse n’ont comme solution que de développer au maximum les abonnements), et verrouillées par un syndicat hostile à toute avancée de productivité (il faut dire que le fonctionnement est tellement opaque* que toute remise à plat ferait exploser pas mal de petites baronnies internes) l’expérience a prouvé que chaque groupe de presse qui renâclait se mangeait une grève de la distribution dans la foulée. On nous bassine depuis des années avec la crise de la presse, mais internet n’a rien à y voir, c’est vraiment une crise de la distribution.

[size=50]*y a un mot d’origine italienne pour désigner ça, mais si je l’emploie ici, j’aurai probablement droit à la tête de cheval mort dès le lendemain.[/size]

Je t’avouerais ne pas tout saisir, donc en clair l’échec de la prepubli, vient entre autres des syndicats qui empêche l’augmentation du rendement de fabrication ? (si j’ai compris l’essentiel)

Parce que notre vision du manga est totalement différente de la leur (notamment parce qu’on préfère avoir de jolis mangas reliés plutôt qu’un magazine imprimé sur du PQ).
Parce que faire venir l’oeuvre jusqu’à chez nous engendre des coûts considérables, coûts que les éditeurs japonais, eux, n’ont évidemment pas à supporter.
Parce que grâce à leurs énormes tirages, les japonais réalisent des économies d’échelle, ce qui n’est pas non plus le cas chez nous.

Donc ça nous coûte bien plus cher qu’à eux alors que ça nous intéresse beaucoup moins.

C’est un peu ça. imprimer un magazine ne coute pas si cher que ça (surtout en Manga, c’est en N&B sur un papier qui n’a pas besoin d’être luxe). mais typiquement, un mag de ce genre est rentable à partir de 5 ou 6000 exemplaires (peut-être un poil moins, tout dépend d’autres facteurs structurels de ta boite, genre est-ce que ton équipe rédactionnelle ne fait qu’un seul mag ou plusieurs, etc.) (on peut faire des économies d’échelle à ce niveau-là). Sauf que la nature du système faut que pour vendre tes 6000 ex, tu dois en injecter 12000 dans le circuit. et que gérer les invendus te coute aussi du pognon. du coup, la rentabilité est toujours précaire. si en plus du as du mal à communiquer autour de ton mag, que le dépot de tel département oublie de mettre les mags en place (ce contre quoi tu n’as quasi aucun recours), que les annonceurs publicitaires ne suivent pas, etc, tu as vite fait de perdre du blé. et perdre du blé, dans ces cas-là, c’est quasiment toujours perdre beaucoup de blé.

On a eu du manga en kiosque dés l’explosion du média en France en 1994 avec Kaméha et 1995 avec Manga Player. (Et peut être d’autres dont je ne me souviens plus).

http://www.animeland.com/files/calculated/right/animebase/Manga-Player-1-right.jpg

Ça a marché un temps, 4 ans pour chaque magazine, il serait intéressant de savoir pourquoi ça c’est arrêté, 4 ans, ça laisse supposer que ça a marché au moins un an ou deux.
Dans mes souvenirs, les magazines proposaient des séries de moins en moins intéressantes, le probleme vient peut être de la, peut être que les éditeurs japonais préféraient vendre les droits pour du librairie sur les grosses séries ou c’est juste les éditeurs Français qui ont préférés favoriser la librairie pour proposer des séries moins vendeuses en kiosque et faire s’écrouler leurs publications.

J’pense surtout que le problème vient que les editeurs Français ne sont pas alignés sur les Japonais au niveau des licenses… Je m’explique, en gros Schueisha possède Dragon Ball, Naruto, D Gray Man, Blue Exorcist, Nana… pour ne cité qu’eux, or ces mangas représentent déjà 4 éditeurs Français différents !! Cela peut poser de gros problèmes de licenses. Pika Edition de son côté edite des mangas de la Kodansha en grande partie ce qui a surement faciliter la mise en place des Shonen Collection.