PROVIDENCE t.1-3 (Alan Moore / Jacen Burrows) + INTÉGRALE & OMNIBUS

Pour être sur d’avoir bien compris. Ca serait comme King et sa saga Dark Tower ou c’est vu comme quelque chose de différend ?

Non, je ne pense pas que ce soit le cas. Ce serait plutôt si tous les livres de King (Shining, Carrie, etc.) étaient considérés comme faisant partie d’une même œuvre ou comme différents chapitres d’un hyper-roman (ce qui n’est pas exclu comme le savent ceux qui ont lu le livre Nos4A2 de son fils, Joe Hill, où il établit une carte reliant plusieurs des lieux imaginés par son père).

Maintenant que j’y pense, on peut probablement considérer une grosse partie du travail de Michael Moorcock (qui fut une des inspirations majeures de King pour La Tour Sombre) comme faisant partie de l’hyper-Roman Le Champion Éternel.

[quote=« Jack! »]…]

Maintenant que j’y pense, on peut probablement considérer une grosse partie du travail de Michael Moorcock (qui fut une des inspirations majeures de King pour La Tour Sombre) comme faisant partie de l’hyper-Roman Le Champion Éternel.[/quote]

Il me semble que c’est clair dans l’esprit de nombreux lecteurs qui ont lu Moorcock :wink: , et je crois même que John Clute éminent spécialiste de S-F, a écrit un article sur le sujet (qu’il me semble avoir lu dans le numéro de la revue Bifrost consacré au romancier).

C’est très clair dans le cas de Moorcock en effet, et ça inclue d’ailleurs les travaux les plus éloignés, en apparences, de l’ambiance heroic-fantasy propre à un Elric (sachant que c’est dans ce cycle que l’idée du Champion Eternel est apparue) : par exemple, le « Jerry Cornelius Quartet » appartient pleinement à cet hyper-cycle, malgré ses spécificités.

Dans ta chronique, Jack!, tu soulèves un point litigieux très intéressant : la BD est-elle un medium adapté aux récits d’épouvante ?
Tout en prenant en compte les points que tu relèves, je ne serais pas aussi catégorique : ne peut-on jouer, pour donner un exemple, sur « l’angoisse » propre au fait de tourner la page, tout simplement ?

sans être d’épouvante je crois que blackhole démontre qu’on peut faire énormément du coté du malaise en tout cas.

Malaise et trouille, c’est pas pareil.

Je pensais plus à un truc genre « Severed » de Scott Snyder, y’a des effets du type que je décris là-dedans (et c’est très réussi, sans être la BD du siècle).

quant on pense au règne des ec comics, parler d’incapacité du medium pour l’épouvante est assez « contre intuitif », non ?

Et dans le cas de Moorcock, il est même possible que ce soit un hyper-roman qui intègre le travail d’autres auteurs (Brian Aldiss, James Sallis, M. John Harrison, et Norman Spinrad ont tous contribué à l’univers de Jerry Cornelius).

La question se pose et je me pose la question. Mais justement, à titre personnel, je ne peux pas dire que c’est un sentiment dont j’ai fait l’expérience à la lecture (alors que devant Suspiria…). Peut-être n’ai-je pas lu les bonnes histoires.

Reste que dans le cas de Providence, c’est vraiment un détail mineur parce que ça ne dessert en rien l’œuvre.

En définitive, le problème n’est pas de remettre en question la qualité de ces récits d’horreur, c’est de savoir si ils te font vraiment peur à la lecture.

bien sur. Je réfléchissais du coup si j’ai jamais eu peur devant une fiction. Shining que j’ai vu très très jeune m’a empêché de dormir le soir mais est passé comme une lettre à la poste sur le moment.

le juge et l’assassin vu jeune aussi m’a fait un peu flipper dans une grande maison tout seul mais uniquement une fois le film fini.

Donc en fait c’est toujours dans l’après coup que ça c’est joué. Pas de souvenir comme ça de fiction faisant peur sur le moment.

A si peut être les histoires orales en écoles de voiles, mais bon c’était aussi quelque chose qui relevait du sentiment collectif et du jeu.

donc en fait je sais pas vraiment si les fictions peuvent faire peur au présent quelque medium que ce soit

[quote=« Jack! »]

En définitive, le problème n’est pas de remettre en question la qualité de ces récits d’horreur, c’est de savoir si ils te font vraiment peur à la lecture.[/quote]

Ben ça me paraît assez difficile d’avoir peur en lisant une BD ou en regardant un film, tout au plus peut-on être surpris en regardant un film, sursauter.
Mais avoir peur non je ne crois pas.

Etre dans un avion et devoir en sauter oui là on peut avoir peur, rencontrer des types qui visiblement vont de faire la peau aussi.

Lire Lovecraft ou King et avoir peur, tu crois ?

Un exemple parmi d’autres, Suspiria m’a bien foutu les boules. Certains récits de Richard B. Matheson m’ont impressionné. Donc, oui, je crois.

Oui, lire ou regarder un film et avoir peur, je crois que c’est possible. Il me semble en avoir fait l’expérience en tout cas (surtout jeune pour être franc, et plus si fréquemment depuis peut-être). Mais est-ce de le peur, ou simplement du malaise ou un sentiment du genre ? Bon, ça, ça me semble difficile à dire.
Dans tous les cas, c’est certainement différent de la « véritable » peur physique que l’on peut ressentir dans les exemples que tu évoques, Artie. Perso, j’ai eu très peur lors d’un accident de voiture un peu sérieux, par exemple.
Mais c’est certainement tout l’intérêt de la « peur de fiction » que de la ressentir en se sachant parfaitement à l’abri de tout danger physique réel.

A la réflexion, et en poussant le bouchon, peut-être que l’authentique peur que l’on peut ressentir à lire ou regarder de la fiction, c’est celle que l’on éprouve pour sa propre santé mentale…quand c’est vraiment réussi. Dans le genre, j’ai frissonné et pas qu’un peu en lisant « From Hell », par exemple.

Mes exemples sont succincts, on peut aussi avoir peur autrement que physiquement, peur pour ses proches, peur d’échouer, etc.

Mais peur en étant confronté à la fiction, même en étant plongé dans une histoire je ne me souviens pas que ça m’est arrivé, ou alors enfant.

Pour ma part, j’utiliserai surtout « tendu ». Je me souviens enfant du Chien des Baskerville en lecture ou de quelques films de la Cinq du jeudi soir (mais peut être un peu de peur quand même).
Et dernièrement, la première scène d’Inglorious Basterds m’a bien fait transpirer également !

C’est différent dans le cas de la première scène en question, non ? C’est plutôt le ressenti du suspense…

Possible, mais moi, ça m’a bien fait transpirer ! Je peux te dire que j’ai pas bien vécu le truc …

Ok, je vois ce que tu veux dire. On en revient à la distinction à faire, peut-être, entre « peur » et « malaise »…

Sûrement ! Pour ça que je parle d’une certaine « tension » …

Moi en lisant « peur », j’imagine la vraie peur qui se manifeste physiquement, avec des frissons et les poils qui se dressent.
Faut dire que ce type de réactions épidermiques est le vestige d’un vieil atavisme, celui qui fait que les mammifères (et les autres aussi peut-être) mobilisent leur corps pour produire de l’énergie de manière très rapide (les poils qui se hérissent et les tremblements musculaires en sont le symptôme), car pour le commun du règne animal, peur = prédateur = vaut mieux que je sois prêt à réagir très vite si je veux m’en tirer.
La peur est un mécanisme de survie, à la base.