Infatigable pourvoyeur de séries B et Z depuis le début des années 70 via ses différentes sociétés de production (Charles Band Productions, Empire, Full Moon, Moonbeam…), Charles Band est un scénariste, réalisateur et surtout producteur stackhanoviste (plus de 260 prod’s à son actif…et jusqu’à une vingtaine de films par an les « années fastes ») de films de genre à petit budget et à grande tendance horrifique.
Bien entendu, il n’y pas que du bon dans ce catalogue pléthorique (surtout depuis le milieu des années 90 quand Band a perdu le soutien de la Paramount et a commencé à accumuler les pelloches indépendantes de plus en plus fauchées), mais on retrouve tout de même son nom au générique de deux classiques de Stuart Gordon, l’incroyable Re-Animator et le dément From Beyond, et de nombreux films de monstres qui rappelleront des souvenirs aux fantasticophiles qui écumaient les vidéo-clubs à l’époque, les Ghoulies, Troll, Dolls ou autres Creepozoïds. Il a également failli réaliser un film Docteur Strange qui est devenu de façon à peine déguisée le Docteur Mordrid.
Et à propos de Dolls, l’une des marottes (parmi tant d’autres) de Band, c’est bien les poupées tueuses…et les plus célèbres se nomment Blade, Pinhead, Leech Woman, Tunneler ou encore Six Shooter, les marionnettes de André Toulon, le Puppet Master.
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Dans un hôtel de Bodega Bay en Californie, André Toulon, un vieux marionnettiste, met la touche finale à sa dernière création. Il est entouré de ses poupées douées de vie, et l’une d’entre elles, Blade, le prévient par son attitude qu’un danger arrive. En effet, deux espions nazis aux trousses de Toulon depuis son départ d’Allemagne, viennent d’entrer dans l’hôtel. Fatigué, Toulon a juste le temps de cacher ses poupées dans un compartiment secret avant de se donner la mort plutôt que de révéler aux hommes d’Hitler son secret pour donner la vie à de la matière inanimée.
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Quatre médiums entrent en contact avec un de leur collègue et découvrent que celui-ci a déniché la cache de Toulon. Tout ce beau monde se retrouve à Bodega Bay pour se rendre compte que le détestable Neil s’était marié avant de se s’ôter la vie inexplicablement. Pendant la nuit qui va suivre, des événements horribles vont s’enchaîner alors qu’une bande de poupées psychopathes qui obéissent à la volonté d’un mystérieux nouveau maître s’en prennent aux médiums un par un…
Avec Puppet Master, on est typiquement dans une logique de slasher…la différence étant que les tueurs ne dépassent pas une vingtaine de centimètres. Blade, le chef de cette joyeuse troupe, a d’ailleurs à mon avis une vraie dégaine d’un meurtrier de ce genre particulier du cinéma d’horreur.
On retrouve également, entre autres, un colosse dont la taille de la tête est inversement proportionnelle à ses tours de bras et les peu ragoûtants Leech Woman, la cracheuse de sangsues, et Tunneler, le soldat à la tête surmontée d’une vrille, la caution gore du film.
Le gros plaisir du long métrage, ce sont ces assassins miniatures animés par les équipes de David Allen, en un mélange d’animatroniques et d’image par image. Une technique héritée des Willis O’Brien et Ray Harryhausen et que j’affectionne toujours particulièrement. Dans ce premier Puppet Master, les mouvements sont fluides et les réactions des poupées sont très réussies. L’impression de vie est joliment rendue et cela donne lieu à de savoureux moments.
En attendant que ces petits monstres passent à l’action, les scènes d’exposition sont un peu lentes et l’interprétation est souvent un peu outrée. Ces défauts sont allégés par un soin apporté aux décors et aux ambiances, avec des thèmes musicaux signés Richard Band, le frère de Charles et un des bons compositeurs de bandes horrifiques de l’époque (les Re-Animator, c’était lui), qui font leur petit effet.
Le film a un chouïa mal vieilli par certains aspects, notamment au niveau de la réalisation de David Schmoeller, un peu plan-plan au début et qui peine à trouver sa vitesse de croisière. Mais dès que l’intrigue est bien lancée, Puppet Master se déguste comme une bonne petite série B, pleine de moments funs mais aussi de moments de tension (tension gentillette hein, pas du genre qui fait s’accrocher à son fauteuil, mais sympa tout de même) et d’horreur (c’est dégueu, les sangsues). Les révélations finales montrent qu’il ne fait pas bon s’aliéner les créations de André Toulon.
Gros succès vidéo de 1989, Puppet Master engendra pas moins de 9 suites, la dernière datant de 2012. Je n’ai pas l’intention d’aller jusque là (surtout connaissant le niveau général des productions Charles Band depuis quelques années), mais j’ai revu récemment les numéros 2 et 3 et ce sera le sujet des prochains épisodes.
Next : Puppet Master 2 de David Allen.