QUATRE (Bramardi / Anton)

Discutez de Quatre

Quatre.
Mais quatre quoi ?
Quatre saisons, en fait. Les quatre saisons d’un fantôme, pour faire court.

Le récit, un peu contemplatif, très énigmatique, suit la figure d’un jeune homme que personne ne semble remarquer. Il porte un tee-shirt marqué « I Am Dead ». L’album s’ouvre sur le même constat : « Je suis mort ». Et le chapitrage fonctionne ainsi, présentant quatre séquences dans lesquelles le personnage, selon les saisons, croise d’autres gens et demeure invisible, voire intangible.

L’une des grandes forces de ce petit album, qui ne raconte pas grand-chose mais qui déploie des ambiances étonnantes, c’est le travail sur le lettrage, recourant à des polices évoquant la machine à écrire ou la calligraphie manuelle, afin de faire sentir les différents points de vue, les différents registres, enfin les différentes voix. Les objets parlent également, les miroirs ont des bulles doubles à cause de leur reflet, les livres s’expriment dans des ballons emplis de collages de textes. C’est très ingénieux.

Le dessinateur, Anton, qui a signé Miki chez Glénat et Éclipse que Egone (dont la première version contient une quinzaine de planches écrites par votre serviteur), emprunte un peu à un Chris Bachalo première manière, à Shawn McManus ou au dessinateur espagnol Kano. En relisant l’album hier soir, je me suis dit que c’était peut-être le chaînon manquant entre le travail de Stan & Vince et celui de Dave McKean, quand ce dernier officie au trait.

Jim