Sur une île au large de l’Écosse, Stephen Gray, spécialiste de l’œuvre de Stanley Kubrick, retrouve d’autres cinéphiles passionnés comme lui par les vieilles bandes de la Fox ou de la Warner. Il y rencontre le maître des lieux, Onésimos Némos, inventeur de la Sauvegarde - ce troublant procédé informatique qui permet de «stocker» la personnalité des morts pour les ressusciter à la demande… Tout en explorant l’œuvre de Kubrick, Stephen s’enfonce peu à peu dans un labyrinthe dont la trame semble faite de ses propres hantises. Quel secret le lie à Némos ? Et quelle expérience indicible ce dernier prépare-t-il ?
Subtil roman d’anticipation, rêverie sur le désir et suspense retors, Redrum se referme sur le lecteur comme un piège… dont il n’a pas envie de s’échapper.
Poche: 240 pages Editeur : Folio (7 février 2019) Collection : Folio. Science-fiction Langue : Français ISBN-10: 2072792770 ISBN-13: 978-2072792779 Dimensions du produit: 17,8 x 1,5 x 10,8 cm
En fait, ce sont des bouquins que j’ai achetés. Certains que j’ai lus, certains qui attendent la lecture (là, je suis dans une phase de lecture d’essais, sur le cerveau, sur le climat, que des trucs réjouissants).
Je me rends compte, incidemment, que j’achète beaucoup de trucs provenant de la collection Folio SF. Je trouve qu’ils ont des trucs quand même très alléchants…
Livre étonnant que celui-ci. Il alterne les séquences consacrées au colloque kubrickien, avec une galerie de portraits d’exégètes tous plus frappadingues et pathétiques les uns que les autres, avec des considérations intéressantes sur la technologie moderne, et sur l’identité humaine en face. Cette alternance ne suit pas tout à fait celle des chapitres, mais chaque nouveau chapitre annonce un nouveau va-et-vient entre les deux thèmes.
Les passages consacrés à la « Sauvegarde », cette manière de conserver un enregistrement (donc une trace et un souvenir) des disparus sont au départ assez plats, le sujet ayant déjà été bien exploré dans la littérature de science-fiction. Mais au fil du récit, l’auteur se fend de quelques réflexions intéressantes (le rapport du matériel au réel, et donc la dialectique immatérialité / irréalité, compose un très chouette passage, légèrement déstabilisant, dans le récit).
Ce qui permet une réflexion sur ce que nous sommes, les discussions entre critiques sur le formalisme dans le cinéma trouvant un écho dans les échanges sur l’apparence que ces derniers se donnent, et bien sûr dans le pan technologique de l’intrigue.
L’auteur renverse les attentes à un moment donné de son roman, prenant le sujet sous un angle sinon nouveau du moins assez rarement exploité. Sans être entièrement novateur, et si certaines ficelles sont grosses, il parvient à tirer une saveur toute personnelle.
Situer l’action dans une île (loin du tumulte géopolitique décrit) et parmi un aréopage de critiques de cinéma (des gens qui commentent, mais qui ne font pas) donne à l’ensemble une dimension de parabole.
Plutôt bien vu. et le roman étant encore assez court, il évite les répétitions et l’enlisement. À la fois sec et touchant, mais un peu long à démarrer.