RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

C’est lorsque Jim lainé chronique du Rob Liefeld que l’on sait que le confinement n’a que trop duré.

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Héhéhé

Jim

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J’ai évoqué dans cette colonne la réédition des épisodes que Len Wein et Dave Gibbons consacrent à Green Lantern, période qui marque le retour de John Stewart sur le devant de la scène.

J’ai ensuite évoqué les épisodes de Steve Englehart sur la série Green Lantern, dans la foulée de Wein et Gibbons. L’auteur commence par faire le tri dans les idées de son prédécesseur, et notamment donne une explication à la présence du Predator, un personnage qui hante la série depuis quelques numéros.

En revanche, je pensais avoir évoqué la suite, le fameux troisième tome, mais je me rends compte qu’il n’en est rien (ou alors j’ai cligné de l’œil au mauvais moment).

Donc, ce troisième tome de Green Lantern: Sector 2814 compile les derniers épisodes de la période Englehart jusqu’au numéro 2000, illustrés par son compère Joe Staton. L’intrigue est liée à Crisis on Infinite Earths, et les titres sont très éclairants, puisqu’il s’agit d’un compte à rebours, chaque épisode étant intitulé « 5 », « 4 », « 3 », etc…

Englehart continue à gérer la pseudo dépression de Hal Jordan, écarté de la scène au profit de John Stewart. Au début de ce tome, il découvre que Guy Gardner est sorti de son coma (péripétie survenue dans des épisodes que je n’ai pas lus, mais le scénariste manipule bien les flash-backs et rend tout cela limpide) et cherche à s’emparer de l’anneau d’Abin Sur. En effet, Gardner est persuadé d’être un Green Lantern plus valeureux et ne veux pas louper sa chance à nouveau.

Essayant de l’en empêcher, Jordan découvre que les Gardiens de l’Univers accordent à Gardner le droit de porter un anneau, honneur qu’ils lui refusent. Le héros central est une fois de plus écarté. Cela permet au scénariste de développer sa vision des Gardiens, plus bureaucratiques que jamais, mais également manipulateurs et victimes de scissions internes, autant de choses déjà en germes dans la série depuis longtemps, mais qui constituent également des développements logiques par rapport aux informations qu’Englehart lui-même avaient apportées dans ses épisodes de Justice League of America (où il a créé les Manhunters, ces « traqueurs » que les Gardiens ont créés avant de fonder le Corps).

Remettant en selle Guy Gardner, Steve Englehart a une vision radicale du rouquin râleur : il en fait un sale con, persuadé de sa supériorité et prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut et accomplir sa mission. Y compris provoquer la mort de Jordan. Au fil des épisodes, Gardner va former un commando de super-vilains dans une mission sur la lune d’Oa, le tout dans le cadre d’une intrigue liée à Crisis. Jordan tente de l’arrêter, récupère un anneau, et finalement se rallie à sa cause, ce qui crée des tensions à la tête de l’équipe.

De son côté, Sinestro recrute Katma-Tui et John Stewart afin d’empêcher les actions de Gardner et de son équipe. Et tandis que l’univers est menacé par l’Anti-Monitor, toute cette petite bande s’étripe joyeusement, le reste du Corps intervenant in extremis. à l’issue du combat, alors que Jordan est officiellement revenu dans la troupe, le sage Tomar-Re récède (bon, c’est pas le seul, mais sa mort, alors qu’il est bien connu de la série, est destinée à constituer un cap).

Nous sommes à l’épisode 199. Le décompte s’est arrêté, la Crise est passée. Gardner s’est enfui, tentant une alliance avec Star Sapphire. Dans l’épisode 200, les deux renégats s’associent à Hector Hammond. Après leur défaite, les Gardiens apprennent aux Lantern qu’ils les abandonnent dans cet univers, partant dans un autre avec les Zamarons afin de constituer une nouvelle race d’immortels. Les Lanterns sont livrés à eux-mêmes et doivent assurer la sécurité de la galaxie (et au-delà) en s’organisant tout seul.

À la relecture de tout cela, on se rend compte à quel point la période Englehart est fondatrice. Elle synthétise de nombreux points établis (en partie grâce au travail du même scénariste sur Justice League of America) et pousse les idées plus loin. C’est ainsi qu’on a l’idée d’une planète semi-consciente, Oa, variation sur ce que Moore et Gibbons venaient de faire avec une back-up consacrée à Mogo. Mais on a aussi l’idée de secrets enfouis, au propre et au figuré, liés aux activités louches des Gardiens. De même, en donnant une explication au Predator, Englehart ouvre la voix aux Lanternes arc-en-ciel de Johns, qui s’est également appuyé sur le trio Jordan / Stewart / Gardner, qu’Englehart est le premier à mettre en scène. Etc etc.

Un « dernier Gardien », Jordan chassé du Corps et remplacé par un renégat, Sinestro se posant en héros, la bataille se déplaçant sur Oa ou sur sa périphérie immédiate, autant d’éléments dont la convergence sur quelques épisodes met en évidence, rétrospectivement, l’influence que la prestation d’Englehart aura sur les versions modernes du personnages, de Ron Marz à Geoff Johns.

La série de TPB se conclut avec ce troisième volet. La suite est à trouver dans le troisième tome de Tales of the Green Lantern Corps, puis dans le premier volume de Beware Their Power. Ce qui me fait dire qu’un petit guide de lecture, dans cette colonne, ne serait pas de trop.

Jim

La vie de la série Green Lantern est très animée dans la première moitié des années 1980, avec une série mensuelle assez remuante, contenant également des back-ups de très grande qualité, mais aussi des Annuals et des mini-séries complémentaires. Mais les rééditions de ces dernières années sont assez bordéliques.

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En 2009 paraît le premier tome de Tales of the Green Lantern Corps. Il contient la mini-série homonyme ainsi qu’un florilège de back-ups diverses, écrites par Paul Kupperberg ou Todd Klein (dont c’est l’une des rares expériences de scénariste, et vu la qualité, on peut regretter qu’il n’ait pas persévéré), et illustrées par des gens comme Don Newton, Paris Cullins, Carmine Infantino ou Dave Gibbons.

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La mini-série Tales of the Green Lantern Corps constitue une grande aventure en trois numéros (sous couvertures épatantes de Brian Bolland), dans laquelle cette fameuse formation spatiale, menée par le Terrien Hal Jordan, affronte Krona, de retour.

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La bataille est si puissante qu’elle déchire l’espace-temps, ouvrant un portail vers la dimension d’une créature néfaste, Nekron le Seigneur des Non-Morts. Exploitant des concepts utilisés par Marv Wolfman et certains de ses prédécesseurs, Mike W. Barr, qui signe l’intrigue, et Len Wein, qui fignole les dialogues, reviennent sur des idées à la base d’une partie de la mythologie des Lantern. Il est d’ailleurs intéressant de voir que cette trilogie est une sorte de tremplin, ou de banc d’essai, à la fois à Crisis on Infinite Earths et à Blackest Night.

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L’ensemble ne manque pas de souffle. De nombreux membres du Corps sont mis en avant, qui auront leur importance dans les épisodes de la série régulière, sous Len Wein ou sous Steve Englehart, notamment dans la saga précédant Crisis on Infinite Earths. Il est d’ailleurs intéressant de voir le destin auquel ils ont droit au fil de la série. Y compris jusqu’à l’Annual qui portera le même titre, quelques années plus tard.

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Joe Staton et Frank McLauglin livrent des planches riches, généreuses, pleines d’énergie et d’action. Ils mettent en scène des troupes nombreuses s’affrontant sur fond étoilé.

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Le reste du sommaire est composé, comme dit plus haut, d’histoires de compléments parues dans la série régulière. Celles-ci sont recensées sous le même titre de « Tales of the Green Lantern Corps » et donnent la vedette à des héros moins connus, voire inventés pour l’occasion. La série existera donc pendant de longs mois, offrant un aperçu plus étendu de l’activité de ce groupe de flics de l’espace, et laissant entrevoir un éventail plus large de destins possibles.

Jim

Sa version de Mongul en impose.

Un an plus tard, DC publie un Tales of the Green Lantern Corps volume 2, qui propose un sommaire bâti selon un modèle inversé : d’abord une série de back-ups diverses, et ensuite seulement un gros récit, tiré du Tales of the Green Lantern Corps Annual #1.

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Au générique des histoires courtes, on retrouve Len Wein, Todd Klein, Joe Cavalieri, Alan Moore, Kurt Busiek, Kevin O’Neill, Jerome Moore, Dave Gibbons, Don Heck… Pour des histoires nous entraînant dans des mondes différents, nous permettant de voir des héros nouveaux et surtout nous montrant les limites du concept d’origine.

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Le sommaire se conclut par le seul Annual du titre, un récit illustré par Gil Kane dans le style qu’il affectionne à cette époque. Il s’encre au feutre, ce qui fait que ses originaux se dégradent assez vite à la lumière, mais cela lui confère un trait nerveux et limpide, avec peu de reliefs, et pour tout dire une apparence sèche et cassante. Très dynamique, mais brutal.

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L’histoire repose sur une intrigue de Paul Kupperberg à laquelle Len Wein confère des dialogues dans son style habituel, à savoir un peu bavard et adepte de métaphores filées. Le principe en est simple : Oa est attaquée, la batterie centrale est volée et trois Gardiens de l’Univers sont enlevés. Les Green Lantern partent donc à sa recherche et finissent par retrouver les trois otages, hélas victimes d’une possession.

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Il s’avère que derrière tout cela se trouve Maaldor the Almighty, un vilain secondaire que Superman et Power Girl ont déjà affronté dans un épisode de DC Comics Presents deux ans plus tôt, en 1983. Ressorti de la naphtaline par Kupperberg (scénariste de la première apparition), le vilain tente d’absorber l’énergie de la batterie centrale, mais l’un des membres du Corps (aperçu dans les back-ups précédentes) va se sacrifier, débarrassant l’univers du fameux Maaldor, qui fera donc une courte carrière.

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L’énorme intérêt de l’histoire, outre la joie de voir Kane dessiner la très jolie Katma Tui (et accessoirement Arisia, qui a bien grandi) et de profiter de ses cases à pans biaisées qui sont toujours d’un effet étourdissant, c’est d’obtenir à cette occasion l’histoire de l’anneau qui sera par la suite confié à John Stewart.

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En termes de continuité, cet Annual est daté de janvier 1985 (donc il sort vers octobre ou novembre 1984). Dans la série mensuelle, c’est le #184 qui est daté du même mois, en l’occurrence une réédition mettant en vedette Hal, John et Guy. Mais depuis quelques mois, le scénariste avait écarté Hal Jordan pour mettre John Stewart sur le devant de la scène. Cet Annual constitue donc un raccord de continuité qui permet de soigner sa nouvelle vedette.

Jim

Pour une fois, on ne va pas parler de TPB. La mini que j’évoque n’a même pas été rééditée.

J’ai déjà exprimé mon goût pour les « prestige formats ». Cette nouvelle présentation, initiée je crois avec le Dark Knight de Frank Miller, se présente sous la forme d’une parution de quarante-huit pages, avec un dos carré et une couverture plus épaisse, sans aucune pub à l’intérieur.
Pour moi, ce format combine tous les avantages : la taille d’un comic, la solidité d’un album souple, l’absence de couverture cartonnée qui prend de la place, le petit dos mince qui permet d’identifier le titre et la tomaison. Bref, à mes yeux, c’est pas loin de l’objet BD parfait.
À la suite du Dark Knight, qui fut un succès public et critique en plus d’une petite révolution esthétique (papier plus blanc, impression plus soignée…) de nombreux projets ont été publiés dans ce format, qui était souvent synonyme de qualité narrative, et toujours d’ambition éditoriale. C’était en quelque sorte la « place to be » pour les auteurs de l’époque, le rendez-vous des lecteurs pour quelque chose d’exigeant. Il est peut-être même possible de voir dans le « prestige format », en termes de recherche de légitimité et de maturité, un ancêtre à la collection Vertigo.
Personnellement, je suis très client de cette formule, et moi qui suis plutôt lecteur de TPB, j’hésite toujours à refourguer mes « prestige formats », tellement je suis attaché à cette forme. Il faut dire que j’en ai lu, des trucs dans ce format, j’en ai fait des découvertes : les Blackhawk de Howard Chaykin, les Black Orchid de Gaiman et McKean, les Deadman de Mike Baron et Kelley Jones, les Green Arrow de Mike Grell… Et plein d’autres que je n’ai pas encore complété (notamment chez Marvel : les Adventures of Captain America de Nicieza et Maguire, les Panther’s Prey de McGregor, les Legion of Night de Gerber et Portacio…).

Et une conversation récente m’a rappelé mon goût pour les « prestige formats ».

Je suis donc allé voir dans ma bibliothèque si j’avais au moins un des deux numéros (car cette mini-série est courte). Et en fait, j’avais les deux.

Le scénariste Andrew Helfer, qui a officié en tant que responsable éditorial chez DC au milieu des années 1980, contribuant au lancement de la Justice League de Giffen et DeMatteis ou du Superman de Byrne, se penche sur un personnage ancien qu’il revisite à sa sauce un brin iconoclaste : The Avenger.

Il s’associe pour le coup à Kyle Baker, un ancien encreur qui entame une carrière de dessinateur depuis quelques années, de manière spectaculaire, succédant à Bill Sienkiewicz sur la série mensuelle du Shadow que Helfer, justement, écrit. Cette collaboration s’étant arrêtée (pour des raisons liées à l’insatisfaction des ayants-droit), les deux compères s’occupent du cas d’un autre héros de pulps.

L’Avenger est apparu dans la littérature populaire en septembre 1939, chez l’éditeur Street & Smith, sous la plume de Kenneth Robeson, un pseudonyme collectif derrière lequel se cachent de nombreux auteurs. Si Robeson est également considéré comme le « créateur » de Doc Savage, il semble acquis qui Paul Ernst soit le seul auteur des aventures de l’Avenger.

Le principe est simple : Richard Benson, ancien aventurier, décide de se caser et de fonder une famille. Mais à la mort de sa femme et de sa fille, il subit un choc nerveux qui lui confère un teint de craie et des traits immobiles, mais suffisamment malléables pour qu’il puisse prendre la place de n’importe quoi. Le premier roman, intitulé « Justice, Inc. », le lance dans une vendetta envers ceux qui l’ont privé de sa famille, avant une suite d’aventures pour le caméléon humain.

Une première série de bandes dessinées est parue au milieu des années 1970, notamment avec Jack Kirby au dessin, sous le titre Justice, Inc., justement (sans doute pour d’évidentes raisons de marque déposée). C’est donc sous ce titre que Helfer et Baker fournissent une nouvelle interprétation du personnage.

L’histoire commence alors que des personnages assistent à la projection d’un serial, qui reprend les grandes étapes de la vie du héros, insistant sur ses amnésies, sa perte de contact avec la réalité, son traumatisme. On apprend rapidement qu’il s’agit de Benson et de ses amis. Mais l’ancien aventurier ne supporte pas d’être confronté aux souvenirs douloureux de sa vie passée. Et, quelques années plus tard, alors qu’il ressasse les souffrances de jadis et que son agence est menacée de dissolution à la suite du départ de ses associés, il est contacté par un agent du gouvernement qui lui propose de mettre ses talents au service de l’espionnage, cette fois-ci contre les communistes (Russes et autres). L’as du déguisement accomplit donc quelques missions, mais développe lentement des doutes quant à la sincérité du combat anti-communiste.

Quelques années plus tard, le gouvernement propose à Benson de subir une opération durant laquelle un appareil sera greffé sur son épine dorsale. L’engin, à l’aide de cartes perforées, lui permettra de prendre l’apparence, automatiquement, des cibles qu’il devra remplacer. C’est ainsi qu’il devient le bras armé de la politique étrangère américaine, faisant et défaisant les potentats locaux. Sauf que, au bout de quelques missions, il commence à gérer les échiquiers politiques à sa manière, ses pouvoirs lui permettant de disparaître si le besoin s’en fait sentir.

Attirant sinon les foudres du moins un intérêt soucieux de la part de l’administration, il continue néanmoins ses missions, jusqu’à ce qu’il découvre l’identité du chirurgien qui l’a opéré, et ne relie cette information à la mort de sa famille. Dans le deuxième épisode, il se lance donc dans une course vengeresse, découvrant que l’affaire n’est pas si simple.

Sorte de jasonbournisation d’un ancien personnage, ce récit de 1989 témoigne de l’air du temps, imprégné d’une certaine méfiance envers les élites teintée de complotisme, lui-même hérité de la décennie fric que furent les années 1980. Le monde politique est présenté comme un vaste échiquier où les idéaux sont au service du pognon, où l’enjeu tourne davantage autour de la préservation du capitalisme que de la défense de la liberté.

Graphiquement, Kyle Baker profite des possibilités techniques nouvelles développées par les éditeurs pour s’essayer à un style qui tranche avec le tout venant de l’époque. Il dessine les personnages dans une approche presque pastel, surlignant les silhouettes avec un trait noir sans relief (ce qui n’est pas sans évoquer le travail de Miller sur Elektra Lives Again). Les couleurs, presque estompées, en particulier pour Richard Benson qui a la peau blanche, sont parfaitement en accord avec le principe selon lequel le héros peut changer de visage. Les personnages, et le héros au premier chef, semblent usés, érodés, au point que les traits qui les caractérisent en deviennent lisses, difficiles à distinguer.

La recherche formelle, qui le place dans la lignée d’un Sienkewicz ou d’un McKean, témoigne de la richesse esthétique de l’époque, de la volonté de DC d’explorer des formes possibles, de casser les codes. L’éditeur à l’époque osait prendre des risques, offrant à la bande dessinée américaine une maturité qui a réellement transformé le paysage éditorial.

Courte, efficace, dense, en partie grâce à l’usage d’un gaufrier assez souple qui permet de raconter beaucoup en peu de place, Justice, Inc. est une petite pépite un peu passée sous le radar. Faites comme moi : redécouvrez-la.

Jim

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Je l ai pas encore lu…
Je l ai trouvé dans une bouquinerie à Bordeaux qui a un paquet de comics en vrac (des centaines voire plus mais en foutoir) (la nuit des rois, rue des Ayres.).
J y ai acheté aussi la totale de Breathtaker de Marc Hempel (autre prestige format) ou la mini Black Canary des 80’s par Von Eeden… (pour memoire y aps mal de sandman, hellblazer, shadows de Helfer ou Chaykin, du xmen en pagaille, legion des superheros, cap America…)

J aime assez le prestige format… aussi c etait cher mais sympa et moins cher qu un GN surtout Hardcover…
J en ai revendu certains come quelques Dark Knight ou Black Orchid, Marvels ou Kingdome Come mais il m en reste aussi (mini Punisher/Cap par Janson, Ghost Rider/Cap par Weeks, Punisher: no escape, Panther: Prey, Batman/Cap America de Byrne, Fury/cap de Manco, Deathlok, GR/Wolverine/Punisher Heart Of Darkness de Romita Jr, James Bond de Meonch/Gulacy, Legion of Night, Mercy, du preacher (assez decevant sand in trucmuche), sandman midnight theater, Tomb Of Dracula des 90’s…
Aprés ca a été un peu utilisé pour tout et n importe quoi aussi… au scenar en tout cas.

Palmiotti/Gray publient beaucoup dans ce format pour leur creator chez paperfilm
https://paperfilms.com/

En tout cas, très bon souvenir de lecture.

Ah si Bordeaux n’était pas aussi loin (et si c’était ouvert) j’irais bien faire un tour, tiens ! C’est le genre de boutique où je pourrais passer une journée sans la voir passer, visiblement !

Jim

En même temps à l epoque chez Marvel, on a Moonshadow, Blood, Void Indigo, Strastruck, Groo, The One, Stray Toaster, Marshal Law…
On se souvient plus de DC car j ai l impression qu il faut un arret d edition pour que l auteur récupère les droits de publication (je sais pas comment on dit) et que donc ils ont publiés les comics plus longtemps voire toujours aujourd hui…

Tu as raison de signaler que chez Marvel, ça bougeait aussi. Il me semble que la différence tient en partie au fait que chez DC, les expériences formelles se faisaient également sur les personnages du catalogue de l’éditeur. Par exemple, ici, Justice, Inc. se situe dans l’univers de DC, on y fait référence au Qurac. Black Orchid, Blackhawk, c’était dans l’univers.
A contrario, pas mal de projets chez Marvel, sous le label Epic de l’époque bien souvent, étaient déjà des « creator owned ». Elektra Assassin est un des contre-exemples, bien sûr.
Et mine de rien, cela veut dire que ce sont des produits peut-être plus exportables, puisqu’ils sont en lien avec des figures connues. De notre fenêtre française, nous avons eu une vision parcellaire et incomplète de l’évolution spectaculaire du marché à l’époque, grâce à des éditeurs comme Aedena, Zenda (puis Glénat et Delcourt dans la foulée)… Et ces derniers parvenaient à nous montrer les super-héros sous un jour nouveau, conscients du fait que, par exemple, Elektra était connue du lecteur de Strange
Beaucoup de choses sont passées sous le radar des Français justement parce que ce n’était pas du tout connecté au monde des héros costumés (ou au nom d’auteurs déjà bien implantés sur notre marché).

Jim

Et au passage, je me demande si notre perception de la vivacité de la BD américaine n’est pas un effet secondaire de la situation éditoriale de l’époque, à savoir un vaste désert en matière de DC, un pseudo monopole en kiosque tenu par Semic, et donc une très grosse visibilité de Marvel. Les éditeurs qui s’intéressent au catalogue des deux majors se retrouvent donc à discuter avec une maison d’édition qui écoule une grosse partie de sa came chez Semic auquel il accorde sans doute un droit de préférence, et avec une autre qui est toute contente de vendre à nouveau des licences sur un marché sinistré.
Ce qui fait qu’il est peut-être plus facile pour Zenda d’aller piocher Watchmen, Dark Knight, Ronin, Black Orchid et quelques autres, puisque DC se retrouve sans interlocuteur ou presque à la fin des années 1980. La situation durera une quinzaine d’années, et je pense que si Le Téméraire, en 1997, se lance dans l’exploitation du catalogue Vertigo, c’est sans conteste grâce à la qualité dudit catalogue, mais aussi à la faveur d’un paysage éditorial dégagé.
Après, cette quinzaine d’années durant lesquelles DC est relativement absent témoigne aussi du fait que les éditeurs français perçoivent Marvel et DC comme l’alpha et l’omega du marché américain. Et l’on peut s’étonner du fait que, alors que le marché américain était en pleine explosion, la tentative menée par Dark Horse France vers 1993-1994 fasse figure d’exception.
Tout cela me semble vraiment une affaire de perception. Et les deux majors avaient sans doute aussi une logistique de représentation plus rodée que leurs concurrents.

Jim

J’ai remis le nez dans le gros TPB, de quatre-cent pages, intitulé Shadows West et consacré à Jonah Hex. La préface de Lansdale explique comment il a redécouvert le personnage quand Stuart Moore l’a contacté afin de travailler dans le label Vertigo. Croyant se souvenir d’une série plus fantastique qu’elle n’était, et davantage intéressé par les épisodes de John Albano (que par ceux de Michael Fleisher), il signe une première mini-série, intitulé Two-Gun Mojo, qui tente de rester dans les limites du western traditionnel, sans trop de fantastique.

Tout commence alors que Hex est sur le point d’être pendu. Il est aidé par un vieux briscard avec qui il décide de faire un bout de chemin et de partager la prime mise sur la tête de ses agresseurs. Mais les deux lascars s’attirent l’inimitié des gens du cru et, une nuit, sont attaqués par un tueur qui semble insensible aux balles.

Et pour cause, il s’agit d’une version zombifiée de Wild Bill Hicock, trimballé par un bonimenteur itinérant qui produit des phénomènes de foire de ville en ville. Le reste de l’histoire racontera comment Hex est capturé, comment il subit les expériences de ce monsieur loyal déjanté, comment il s’échappe, comment il se retrouve pris en embuscade par des Indiens, ce qui le conduit à croiser à nouveau le chemin de son tortionnaire.

Lansdale conserve une structure assez classique, sorte de chemin initiative tordu et dévoyé, où le héros n’apprend rien et tente surtout d’avancer, voire de fuir. Tim Truman est complètement dans son élément, et l’encrage de Sam Glanzman, dessinateur de récits de guerre, ne fait que renforcer l’influence de Joe Kubert sur le trait de l’illustrateur.

La suite du sommaire du TPB sera moins « classique ».

Jim

Gros volume de quatre cents pages, Jonah Hex: Shadows West rassemble les trois mini-séries que Joe Lansdale et Tim Truman ont réalisées. La seconde, Riders of the Worm and Such, sombre sans vergogne dans le fantastique à tendance parodique que le scénariste avait en tête dès le début de leur collaboration.

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Toujours errant, Hex est une fois de plus aux prises avec des flingueurs locaux, notamment un gros homme revêtu d’une armure sommaire. S’il s’en sort (en trichant et en tirant dans le dos), Hex parvient à s’enfuir et, blesser, trouve refuge dans une cabane isolée où il est secouru par deux pistoleros. Les trois hommes pensent être en paix quand leurs montures sont attaquées par une créature tentaculaire, qui emporte le plus vieux des nouveaux alliés de Jonah.

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Traversant la prairie à pied, les deux survivants rencontrent des vachers dont certaines des bêtes ont également été victimes du monstre. Arrivant au ranch du Wilde West, ils font la rencontre du maître des lieux, un admirateur d’Oscar Wilde qui récompense les poèmes des hommes à son service par un meilleur salaire. C’est dans ce havre de paix un peu saugrenu que Hex et son allié prennent un bain, font bombance, écoutent en souffrant des vers de mirliton, et sont à nouveau attaqués par un monstre à tentacules.

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Alors qu’une partie du mystère est levé au fil des épisodes suivants, les héros doivent affronter à la fois les créatures souterraines et les hybrides que celles-ci ont conçus avec des humaines, et qui servent d’espions dégénérés à la race d’en-dessous. C’est très lovecraftien, tout cela, mais avec un mauvais esprit et un humour collant que n’auraient pas renié Garth Ennis voire le Jason Aaron de Goddamned.

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Le combat se déplace dans des cités souterraines qui lorgnent là aussi vers un imaginaire de pulps. Lansdale en profite pour faire quelques clins d’œil à la continuité DC, en glissant des appareils anachroniques et, plus rigolos, des graphittis visiblement signés Cave Carson et Rip Hunter.

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L’ensemble est plutôt drôle, bien décalé, déroulant un humour crapoteux et un travail sur les accents et les tournures de phrase assez saisissant (et pas facile à lire du tout, mine de rien). Le glissement opéré vers l’horreur, le fantastique, le gore et le grand-guignol continuera dans la troisième mini-série, que j’ai évoquée un peu plus haut. Le tout constitue une pochade à la sauce très relevée, avec deux auteurs qui s’amusent comme des petits diables.

Jim

En 2016, DC entame la publication d’une série de quatre TPB (à ma connaissance) reprenant la série Justice League of America après le départ du légendaire tandem Giffen / DeMatteis.

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Les deux premiers tomes s’intitulent Superman and Justice League America, et les deux suivants Wonder Woman and Justice League America, indiquant les périodes en fonction des héros à la tête du groupe. On regrettera qu’il n’y ait pas de tomes portant le titre « Green Lantern and Justice League (International) », et qui pourrait compiler les numéros de la série Justice League International correspondant à la même période (et où Hal Jordan prend la tête de l’autre groupe). Mais n’allons pas trop vite.

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Donc, nous sommes en 1992. Depuis 1987, Keith Giffen et Jean-Marc DeMatteis écrivent les différentes incarnations de la Ligue, sur un ton de comédie qui semble ravir les fans, d’autant que les auteurs parviennent à des moments d’émotion très forts. Mais les deux auteurs concluent leur prestation sur la saga « Breakdowns » puis quittent les séries (donc, Justice League America et Justice League Europe, si vous m’avez bien suivi), qui sont dès lors réorientées vers une tonalité sinon plus sérieuse, du moins plus classique. Pour marquer le coup, l’équipe éditoriale dans laquelle on retrouve Kevin Dooley et Brian Augustyn (lui-même scénariste de Black Condor et superviseur de Waid sur Flash, pour situer) décident de publier un numéro spécial, Justice League Spectacular, disponible à l’époque sous deux couvertures formant une seule et même image.

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L’histoire présente donc l’attaque du Royal Flush Gang sur un parc d’attraction où se trouve Elongated Man (lui-même tout frais sorti de sa propre mini-série, un excellent récit par Gerard Jones et le regretté Mike Parobeck). Le héros extensible bat le rappel des troupes et même si la Ligue est dissoute, ses collègues arrivent à la rescousse. Mais il y a beaucoup de héros, si bien qu’à la fin ces derniers décident de rester ensemble, de reprendre le flambeau et de pérenniser l’action du groupe. Rajoutons à cela la présence de Maxwell Lord, figure éminente de l’incarnation précédente de la série, qui tente de récupérer à son profit la nouvelle fondation de l’équipe.

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L’ensemble est réalisé par Dan Jurgens d’un côté et Gerard Jones et Ron Randall de l’autre, qui composeront les équipes créatrices de deux séries une fois relancées, le premier officiant sur America, les seconds sur Europe. Gerard Jones n’est pas étranger au groupe, puisqu’il a participé à l’écriture de certains chapitres de « Breakdowns ».

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Pour sa première histoire en deux parties, Jurgens met en scène le Weapon Master, un ennemi de seconde zone du groupe, qui fait ici un retour en force, et qui s’avère l’éminence grise derrière l’attaque du Royal Flush Gang. Ces deux épisodes ont été traduits chez Urban dans une anthologie, et permettent de présenter un nouveau personnage, Bloodwynd, dont les pouvoirs d’origine magique tentent de faire oublier le mystère qui l’entoure.

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout cela est très classique. C’est sans doute voulu de la part de l’éditorial, qui s’arrange pour que la couverture renvoie à un chapitre classique de la série (même chose, au demeurant, pour Europe, dont le numéro 37 arbore aussi un clin d’œil en guise de couverture). Jurgens fait de nombreux efforts pour caractériser ses personnages en tentant de ne pas réduire à néant les efforts de ses prédécesseurs. Il y parvient grâce notamment aux altercations entre Booster Gold et Fire, aux chicaneries qui opposent Guy Gardner à Ice, aux manipulations maladroites de Max Gold. Il place ainsi la série dans la lignée de ce qui a été fait, en atténuant le côté humoristique, mais cela ne fait que renforcer le côté classique de ses récits. Le seul personnage qu’il traite de manière un peu différente est Blue Beetle, pour lequel il remet en avant l’aspect inventeur, montrant davantage l’intelligence que les bouffonneries. Ce qui, en soit, n’est pas une mauvaise idée, puisque cela permet de voir que Jurgens n’oublie pas le matériel de base, ainsi que de renforcer les relations entre l’équipe classique et certains autre personnages.

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Outre Bloodwynd, qui s’avère un ajout de taille pour le groupe, Jurgens met également en avant Maxima, une ancienne ennemie de Superman, monarque de la planète Almerac, qui vient de faire les frais d’une attaque de Brainiac dans le cross-over « Panic in the Sky ». Réfugiée sur Terre, elle se mêle à l’action, et devient à son tour moteur du récit. En effet, elle apprend que sa planète, déjà affaiblie, a fait l’objet d’une nouvelle attaque de la part d’un conquérant non identifié. Elle se rend là-bas, trouvant forte partie, et bientôt suivie par l’ensemble de l’équipe venue la secourir.

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Il s’avère que le méchant en question, qui a jeté son dévolu sur la planète martyrisée, est Starbreaker, un autre ennemi secondaire du groupe. Secondaire mais puissant, puisqu’il met rapidement la pâtée aux héros. Là encore, les pouvoirs de Bloodwynd seront déterminant dans la victoire. Le récit, qui ne manque pas de souffle (mais Jurgens y consacre trois chapitres, ce qui permet de donner de l’ampleur à l’intrigue), est plutôt agréable à lire. Il permet d’avoir une caractérisation plus poussée des personnages, et de mettre en valeur les tensions qui règnent au sein du groupe, et qui conduisent notamment Guy Gardner à quitter l’équipe.

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C’est Gardner justement qui occupe la place essentiel dans l’épisode 66. Il ne porte plus l’uniforme des Green Lantern (il a été viré dans Green Lantern #25, une série dont la période Gerard Jones mériterait une belle réédition), mais un blouson frappé d’un grand « G », et dispose d’un anneau jaune. Son mauvais caractère s’étale, mais Superman décide de le garder dans le groupe, justement afin de canaliser son énergie.

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Parallèlement, un intrus s’est glissé dans le récent quartier général du groupe, dont l’identité est bientôt révélée : il s’agit de Ray Palmer, personnage alors en quête d’une place dans l’univers DC, et qui observe cette équipe qui ne ressemble plus du tout à ce dont il se souvient concernant la Ligue. L’épisode sert de mise au point sur l’état du groupe. Le recueil se conclut sur un dernier diptyque dans lequel un extraterrestre ayant acheté le système solaire des millions d’années plus tôt vient prendre possession de son bien. Comme le remarque Superman, la Ligue a déjà triomphé en utilisant la force ou l’intelligence, mais c’est la première fois qu’elle gagne en recourant à l’escroquerie.

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L’ensemble est très agréable à lire, mais ne propose guère d’aspérité ni de surprise. C’est assez convenu, bien troussé, très professionnel, les personnages sont sympathiques, la dynamique de groupe tourne bien, les mystères et les inimitiés fonctionnent, mais il manque assurément un souffle épique aux récits qui, s’ils sont tournés vers l’espace, manquent un peu de grandeur.

Jim

Le second TPB de la collection Superman and Justice League America compile les derniers épisodes écrits (et majoritairement illustrés) par Dan Jurgens.

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Le sommaire débute avec un Annual inscrit dans la vaste saga « Eclipso the Darkness Within », qui marque le retour en fanfare du personnage corrupteur. L’histoire met en valeur Blue Beetle, mais bien entendu s’inscrit dans une intrigue plus vaste (et d’ailleurs, je ne serais pas contre un TPB regroupant cette saga…).

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Le récit est dialogué par Dan Mishkin, partie prenante de la saga, et dessiné par Dave Cockrum, fort bien encré par José Marzan Jr. Cockrum, c’est tout de même un peu un mystère. Ce type se fait remarquer sur la Legion, livre des épisodes épatants d’Avengers, mais ne parvient à s’imposer sur une série régulière qu’à l’occasion de la relance de X-Men, et après deux passages remarqués sur le titre ne parviendra jamais à transformer l’essai. À part la création des Futurians, il ne restera dans les mémoires pour aucune série particulière, aucune saga forte, aucun événement éditorial. Malgré un titre de gloire dont tout le monde rêve sur un CV et un dessin classique mais solide (trop dépendant de l’encrage, hélas) et une narration de premier ordre.

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Après cet interlude, le sommaire continue avec deux épisodes liés à « The Death of Superman » (que les lecteurs français connaissent), à la suite de quoi l’équipe se retrouve bien mal en point : Superman est mort, Fire a perdu ses pouvoirs, Booster Gold est privé d’armure et Blue Beetle est dans le coma. Les auteurs décident donc de recruter de nouveaux héros. C’est ainsi que Black Condor (héros d’une série alors animée par Brian Augustyn, editor de la série de la Ligue, et Rags Morales), The Ray (dont la nouvelle version a été mise en avant par Jack C. Harris et Joe Quesada) et Agent Liberty font leurs débuts dans l’équipe, à l’occasion d’un épisode très agréablement dessiné par Sal Velluto.

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C’est aussi l’époque où Wonder Woman est appelée à la rescousse par Maxwell Lord afin de prendre les commandes du groupe. Si elle trouve une certaine oreille auprès des jeunes recrues, elle fait face aux réticences de Guy Gardner. La présence de la Princesse Diana dément un peu le titre du TPB, mais l’absence de Superman se fait un peu sentir sur l’ensemble des épisodes.

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Dans la foulée, Jurgens lance une intrigue sur quatre épisodes, dont le premier chapitre nous brosse le portrait d’une Ligue de Justice devenue fasciste après avoir pris les commandes de la sécurité mondiale. La dernière page de l’épisode nous donne un indice concernant ce à quoi nous sommes en train d’assister.

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En réalité, le Doctor Destiny a puisé dans l’énergie d’un cauchemar de Ray Palmer, afin d’y projeter les héros, qui se retrouvent face à des prédécesseurs qui auraient mal tourné. Si le thème de la radicalisation du héros est déjà un peu usé en 1993, associer cette trame aux pouvoirs de cet adversaire classique ravive un peu les couleurs de l’intrigue, qui monte bien pendant quatre épisodes et offre de chouettes séquences. Rien de neuf, rien d’original, mais c’est plutôt bien mené.

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C’est aussi l’occasion de lever un peu le mystère sur le mystérieux Bloodwynd, qui attire les soupçons de beaucoup, y compris de Black Condor. En réalité, il s’agirait de Martian Manhunter, amnésique, ayant « aspiré » les souvenirs de quelqu’un d’autre.

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Si l’idée est intéressante, puisqu’elle joue sur des indices répandus dans les épisodes précédents par le scénariste, et si la révélation sert de cliffhanger à l’un des chapitres de « Destiny’s Hand », elle appelle des rebondissements spectaculaires, et une résolution au long cours.

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Hélas, Jurgens ne reste guère plus longtemps sur la série, livrant encore deux épisodes dans lesquels il donne la dernière touche à la saga de Bloodwynd. Ce dernier est en fait l’incarnation d’un pouvoir magique invoqué par des esclaves dans les champs de coton, et son ennemi, Rott, en est le verso, le pendant négatif. Au fil d’un flash-back explicatif, les lecteurs apprennent que Rott est parvenu à contrôler J’onn J’onzz, à absorber le véritable Bloodwynd dans une gemme magique, et à faire passer le premier pour le second, dans l’attente d’un être assez puissant pour le libérer du joyau (et il trouve un tel individu en la personne de Ray).

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L’ensemble ne manque pas d’idée, les origines de Bloodwynd font de lui un personnage très intéressant (et un détenteur de magie, ce qui fonctionne toujours très bien dans la Ligue), mais le fait qu’un vilain nouveau ait pu à ce point manipuler un héros aussi puissant que le Limier Martien aurait mérité des développements plus conséquents. De même, Jurgens a beaucoup insisté sur les doutes et la méfiance qu’entretiennent certains héros envers le nouveau venu, et tout ceci semble oublié dans ces deux chapitres de conclusion, y compris l’incertitude de Black Condor (peut-être exprimée à l’insistance du responsable éditorial, allez savoir). Tout ceci donne l’impression d’une fin plus courte que ce qui était peut-être prévu.

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Le rythme même de ces deux derniers épisodes (la dernière page laisse planer une atmosphère de précipitation) autorise le lecteur à penser que l’affaire est vite conclue. Dommage : Jurgens est meilleur quand il prend son temps, les deux sagas les plus « longues » (trois et quatre chapitres respectivement) offrant un plus grand plaisir de lecture et un véritable souffle. Sa création aurait sans doute mérité une plus longue attention, mais l’auteur est sans doute appelé ailleurs.

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Jurgens part, remplacé par Dan Vado, dont nous avons déjà parlé au sujet de sa série The Griffin. Ce dernier va s’intéresser à Ice avant de lancer la série dans une grande saga avec les Extremists, entraînant dans son sillage d’autres séries, et d’autres auteurs, dont Gerard Jones et Mark Waid. Ça fera l’objet de deux tomes de Wonder Woman and Justice League America, et de quelques commentaires à venir bientôt.

Jim

Hop, recyclage éhonté à nouveau, mais c’est l’occasion de revenir sur des choses intéressantes…
Cette fois-ci, Batman par Gerry Conway.

BATMAN PAR GERRY CONWAY

Polar ou du cochon ?

Les hasards d’une vie professionnelle riche en sensations m’ont conduit récemment à me replonger dans des périodes de Batman que je connais assez mal. Et notamment, j’ai été amené à me pencher sur les épisodes écrits par Gerry Conway et Doug Moench.

Dans les années 1970, Marvel a une tête d’avance, en termes de ventes, sur DC. Cela peut s’expliquer par mille raisons, certaines relevant d’une distribution en kiosque aujourd’hui fortement sujette à caution (la constitution d’un marché de l’occasion entraînant un détournement des quantités imprimées vers des réseaux de seconde main, ce qui rendait les titres publiés encore plus difficilement rentables qu’avant). Mais au-delà des différents problèmes structurels d’un marché en pleine mutation (naissance des librairies spécialisées et des boutiques de vente par correspondance…), les éditeurs de chez DC estiment que Marvel fait un boulot plus attractif, et débauchent à qui mieux mieux les scénaristes de la concurrence. C’est ainsi que Steve Englehart est dragué par l’éditeur de Superman et se retrouve à écrire les aventures de Batman et de la Ligue de Justice, dans l’espoir de rééditer l’exploit accompli auprès des Vengeurs ou de Captain America. Et Gerry Conway, quant à lui, est attiré dans les filets de DC pour injecter du soap et du feuilleton.

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Conway, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est le scénariste qui a tué Gwen Stacy quand Stan Lee ne regardait pas, et qui fait carrière à la télévision, notamment en travaillant ces dernières années sur des séries de la licence Law & Order . Ses Batman, c’est un peu à mi-chemin entre les deux, à la fois dans la chronologie et dans la tonalité.

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En 1980, Gerry Conway devient le scénariste des aventures de Batman, rédigeant bientôt à la fois Batman et Detective Comics . Cette situation relativement inédite permet donc au scénariste de lancer des intrigues courant sur les deux mensuels, et donc de renforcer le côté feuilleton, en incitant les lecteurs à prendre les deux séries s’ils veulent savourer l’ensemble du récit. Ça tombe bien, c’est pile-poil ce pour quoi il a été embauché.

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Le travail de Conway est plutôt de qualité. Il lance plein d’histoires, s’intéressant notamment au passé d’Alfred, à qui il découvre une fille, Julia, née d’une aventure avec Mademoiselle Marie, la célèbre résistante française de l’univers DC. De même, il ramène d’anciens vilains et développe certains personnages hérités de la période Englehart (Rupert Thorne, Hugo Strange…). Enfin, bien conscient qu’il n’est pas aisé de secouer le statu quo autour de Batman, il s’intéresse à Gotham en chroniquant le tourbillon des élections municipales, donnant de plus en plus d’importance à Arthur Reeves et Hamilton Hill, les deux candidats (aussi crapuleux l’un que l’autre, au demeurant).

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Il reste quelque deux ans sur le personnage, et son successeur, Doug Moench, poursuit sur sa lancée, rédigeant également les deux séries et proposant des aventures fortement teintées de pulps , sa marque de fabrique. Notamment, il lance une saga ambitieuse où le héros est confronté aux vampires du Moine, et Batman transformé en buveur de sang.

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Si la période s’inscrit dans la lignée du travail d’Englehart et Rogers, considéré comme un tournant dans l’histoire de Batman, elle semble un peu éclipsée par les travaux de ces deux auteurs. Pourtant, force est de constater que les prestations de Conway et Moench sont de fort bonne tenue (pour autant qu’on puisse les lire in extenso , ce qui est un autre problème, on y reviendra). Conway, notamment, est sans doute l’un des premiers à envisager durablement Gotham City comme un microcosme foisonnant, un vivier de trognes inoubliables, et pour ainsi dire un personnage à part entière.

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Malheureusement, en France, les périodes de Conway et Moench ont souffert de l’incurie de Sagédition. Réputée pour ses traductions télégraphiques compilant phrases non verbales et dialogues incomplets, ainsi que pour ses publications alternant pages couleurs et pages noir & blanc (en dépit de toute logique, même économique), la maison d’édition a pulvérisé ses records personnels dans le cas de cette période injustement mésestimée. Les épisodes sont publiés dans le désordre, piétinant la logique de feuilleton instaurée par Conway (Robin présente Dala à Bruce, mais il la rencontre dans le fascicule VF suivant, Hamilton Hill est élu dans un numéro, mais encore candidat dans l’autre… même les épisodes de Wolfman avec un Two-Face réinséré et guéri sont publiés au petit bonheur la chance, foutant en l’air la tragique rédemption à laquelle l’ancien procureur s’agrippe…).

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Certaines sagas sont extirpées pour être publiées dans la collection “Le Justicier” (ainsi des épisodes où Julia rencontre son géniteur…). Ne parlons pas du triangle amoureux entre Bruce Wayne, Vicki Vale et Selina Kyle, dont quelques épisodes font l’objet de l’album “la Rivale”, faisant fi de la montée de tension dans la série. Enfin, de nombreux épisodes sont carrément passés sous silence. Par exemple, la lutte de Batman contre les Vampiri du Moine, où l’arrivée de Killer Croc dans les milieux louches de Gotham, autant de trucs qui n’ont jamais été traduits (même mal) par Sagédition.

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En France, Batman, comme d’autres héros DC, a longtemps souffert de l’image d’un personnage immuable, gravé dans le marbre, aux aventures insipides qui se suivent sans cahot. À redécouvrir le travail de Conway et de Moench, on comprend que c’est faux, mais le massacre éditorial orchestré par Sagédition a tout fait pour entretenir cette image erronée.

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La période de Conway et Moench mérite sérieusement le détour. À la reparcourir, même par bribes, on se rend rapidement compte qu’elle a servi de base au dessin animé sorti au début des années 1990 et orchestré par Paul Dini et Bruce Timm. De fait, les deux auteurs-producteurs ont extirpé de ces numéros une galerie de personnages (Rupert Thorne, Hamilton Hill, Harvey Dent et son épouse, Killer Croc, Harvey Bullock…) qui avaient connu avec Conway et Moench une première voire une seconde jeunesse. Ils leur ont repris également l’idée d’une ville foisonnante où Batman n’est qu’un élément des drames qui s’y jouent, pas le personnage central.

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L’importance des épisodes de Conway et Moench peut être appréhendée grâce à des rééditions. Car les scénarios ont été illustrés le plus souvent par des dessinateurs de premier ordre, à savoir Don Newton et Gene Colan, vedettes de compilations récentes. Le premier, décédé en 1984 d’une crise cardiaque, fournit des pages merveilleuses quand il est associé à Dan Adkins, qui lui convient particulièrement. Mais les pages encrées par Alcala ou DeZuniga sont loin d’être hideuses. Comparable au style de John Byrne, vivant, expressif, énergique et ombré, celui de Newton manque peut-être de chaleur, là où Byrne savait faire rire et pleurer ses personnages. Quant à Gene Colan, encré par Klaus Janson ou Dick Giordano, il livre des récits très sombres, crépusculaires, qui conviennent à merveille au Détective de la Nuit.

D’une certaine manière, en alliant politique, mafia, fantastique presque gothique et intrigue policière, Conway et Moench ont préparé le terrain à Frank Miller et à sa redéfinition de Batman, notamment dans Batman: Year One .

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Le défaut de la période Conway / Moench, c’est d’être coincée entre la prestation de Steve Englehart et l’électrochoc qui fut celle de Miller. Entre deux monuments, ces épisodes ont été un peu oubliés. Les rééditions récentes, consacrées à Newton et à Colan, devraient en partie réparer ce tort (en partie seulement puisque la structure en feuilleton courant sur les deux séries empêche de publier des sagas au long cours), dans l’attente d’une intégrale des épisodes de Gerry Conway et Doug Moench. Parce qu’ils le valent bien.

Jim

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Conway a 3 TPBS…
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From legendary comics writer Gerry Conway with illustrattions by fan-favorite artists including Jim Aparo, Carmine Infantino, José Luis García-López and Don Newton, and featuring guest appearances by Superman, Green Lantern, and the whole Bat-family, these classic tales showcase one of the greatest talents ever to write for the Caped Crusader in TALES OF THE BATMAN: GERRY CONWAY.
From the time his first story was published in 1969, GERRY CONWAGerry ConwaYy became one of the most prolific and highly regarded comics writers of the era. He wrote for nearly every character being published at the time, and his original creations—including Firestorm, Steel and Vixen—changed comics history forever. Conway’s work had a profound affect on the legacy of Batman, with his creations Killer Croc and Jason Todd becoming mainstays in the legend of the Dark Knight.

Collects DETECTIVE COMICS 463, 464, 497-499, 501-504, THE BRAVE AND THE BOLD 158, 161, 171-174, BATMAN 295, 305, 306, BATMAN FAMILY 17, MAN-BAT 1 and , WORLD’S FINEST COMICS 250, 269

Tales of the Batman: Gerry Conway Tome 2

From the time his first story was published in 1969, Gerry Conway became one of the most prolific and highly regarded comics writers of the era. He wrote for nearly every character being published at the time, and his original creations—including Firestorm, Steel and Vixen—changed comics history forever. Conway’s work had a profound effect on the legacy of Batman, with his creations Killer Croc and Jason Todd becoming mainstays in the legend of the Dark Knight.

Illustrated by artists including, Gene Colan, Don Newton, Klaus Janson and José Luis García-López and featuring guest appearances by Superman, Man-Bat, and the whole Bat-Family, these classic tales showcase one of the greatest talents ever to write for the Caped Crusader!

Collects Batman #337-346, #348, Detective Comics #505-513, World’s Finest Comics #270.

Tales of the Batman: Gerry Conway Tome 3

In these 1980s tales from BATMAN #349-359 and DETECTIVE COMICS #515-526, the Dark Knight takes on evil with the help of the Human Target, Jason Bard, Batgirl and others and faces the threats of Catwoman, Hugo Strange, Deadshot, Solomon Grundy and more. Plus, it’s the introduction of Killer Croc!

Je n’ai pas beaucoup de trucs dans cette collection. Le recueil de Superman autour de Gil Kane…

Jim