RENAISSANCE t.1-6 (Fred Duval, Fred Blanchard / Emem)

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RENAISSANCE TOME 1

DESSINATEUR : EMEM
SCÉNARISTES : FRED DUVAL FRÉDÉRIC BLANCHARD
GENRE
AVENTURE FANTASTIQUE / ESOTÉRISME ACTION
PUBLIC
ADO-ADULTE - À PARTIR DE 12 ANS
RÉSUMÉ RENAISSANCE TOME 1
2084, les pires scénarios prédisant la funeste destinée de la Terre se sont réalisés. La Fédération des Intelligences Mammifères décide d’engager une intervention sur cette planète en voie d’extinction. Swänn, jeune extraterrestre droit et ouvert, se porte volontaire. Originaire d’une planète apparaissant comme une version réussie de notre monde, il souhaite contribuer à pacifier la Terre et empêcher son anéantissement. Sa rencontre avec Liz, au Texas, marque le début du choc des deux mondes…

PAGINATION.
60 PAGES
FORMAT.
240x320
PRIX
14 EUR
SORTIE LE 05/10/2018

Tiens, Emem, le dessinateur de l’excellent Idoles !

Moi aussi, cette série m’a marqué.

Jim

J’ai feuilleté le dépliant, chez Dargaud, et wow, les premières pages tabassent bien !

http://www.dargaud.com/bd-en-ligne/renaissance-tome-1,34432-781df21b323acfdbc25fe04ab3505a93

Jim

Voilà de la BD de SF comme je l’aime : un pitch fort, un soin certain apporté aux designs, aux extraterrestres, à leur culture, une situation retournée par rapport à certains clichés (ce n’est pas l’humanité le sauveur ni même l’acteur en position de force), une construction qui prend le temps de raconter, et un mélange de réalisme et de merveilleux qui rend l’ensemble crédible.

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Bon, on aura compris, l’action se déroule dans un futur proche, où la situation que nous connaissons aujourd’hui (réchauffement climatique, montée des eaux, catastrophes naturelles, pauvreté galopante, vagues d’immigration, nationalismes et séparatismes, démission de la sphère politique, appât du gain…) a pris des proportions bibliques. Au point que l’humanité est au bord de l’extinction et que le Complexe, une sorte de fédération de races galactiques, décide d’intervenir, après de longs débats, en vue de sauver la race. Les extraterrestres délèguent donc une troupe sur place, baptisée « Renaissance », afin de mettre un terme aux dérèglements climatiques, avant de nourrir et sauver les populations et de leur redonner les moyens de survivre.

L’astuce réside dans la construction du récit. L’album s’ouvre sur deux situations problématiques, l’une à Paris, ville immergée où survivent quelques communautés accrochées aux derniers bâtiments qui surnagent, l’autre dans le grand ouest américain, ravagé par les incendies de champs de pétrole et par les attaques de troupes sécessionnistes. Les gens de ces deux endroits voient arriver une ombre, qui correspond aux vaisseaux de Renaissance. Le récit s’attarde sur l’un des membres, baptisé « Swänn », dont on revoit le parcours récent (union matrimoniale, préparation pour le départ, assignation à un poste). Le récit prend le temps de montrer l’extraterrestre dans son « milieu naturel », entre ses traditions (qu’il respecte alors qu’elles sont présentées comme déjà désuètes), sa conscience politique, son émerveillement par rapport à son environnement… Autant de détail qui permettent de brosser un portrait flatteur de lui et de sa civilisation. Mais ça reste un portrait partiel, et partial, bien entendu, à dessein, on s’en doute.
La troisième partie de l’album est consacrée à la manière dont l’intervention de Renaissance se déroule. Bien entendu, malgré leurs moyens et leurs bonnes intentions, ça ne se passe pas aussi bien que prévu. Nous retrouvons Swänn et sa compagne, mais ils n’ont pas été affectés dans la même équipe, et alors qu’il intervient en Amérique, elle agit à Paris. Le scénario permet aussi de voir que, malgré leurs avancées technologiques, les extraterrestres sont eux aussi tributaires du manque de personnel et des tracas administratifs.

Excellemment construit, ce premier tome s’offre le luxe de se moquer des propres clichés du genre : le pacifisme supposé des « envahisseurs », dont les limites sont rapidement atteintes, ou encore les jeux de langage entre les peuples stellaires (l’un d’eux a des problèmes pour parler, imputés à ses implants, mais cela permet de glisser quelques dialogues à la portée un peu « méta »).
L’intrigue ouvre sur d’autres pistes (le virus, les créatures sous-marines), qui laissent peut-être entrevoir une troisième force en présence. Cela amène une réflexion concernant deux écueils possibles. En faisant intervenir une civilisation (ou deux ?) sur Terre, les auteurs peuvent glisser le long de deux pentes périlleuses : soit en faisant de l’humanité une race de « gros cons », mais il semble que cet écueil soit évité, en tout cas dans le premier tome, car le récit met en scène différents intervenants humains, dont les réactions, même négatives, sont compréhensibles et couvrent un spectre assez large, donc pas caricatural. L’autre danger serait de faire de l’intervenant extérieur l’explication et la cause des malheurs de l’humanité, un problème que l’on rencontre souvent dans les récits conspirationnistes (ceux qui se souviennent de X-Files ou de Dark Skies comprendront ce que je dis). Ce sera donc un peu tout l’enjeu des deux tomes suivants, qui nous diront si l’essai est transformé ou pas.

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Graphiquement, c’est assez magnifique. Emem a fait des progrès depuis Idoles (je n’ai pas regardé ses albums de Carmen McCallum), son trait est plus souple, ses personnages ont un naturel désarmant et ses cadrages sont inventifs sans jamais perturber. Ses couleurs sont peut-être parfois un peu naïves, un peu simples, mais elles respirent la lumière, la clarté, c’est très chouette. Il s’appuie sur des designs de Blanchard, qui, si l’on en croit le cahier graphique en accompagnement de l’album, s’est chargé de tout : les vaisseaux, les costumes, les races, ainsi que les décors végétaux de la planète lointaine.
Le seul petit bémol visuel serait à porter au lettrage, constitué de bulles en forme de ballons de rugby, trop étirées, cernées d’un contours trop épais. Elles témoignent d’une certaine maladresse, et c’est franchement dommage.

Bref, premier volet vraiment enthousiasmant. La suite est risquée, mais je l’attends de pied ferme. Les couvertures de deux prochains tomes sont très belles, si le reste est à la hauteur, ça risque d’être très chouette.

Jim

C’est ce que tes pages donnaient comme impression

Du même avis que Jim, un peu moins emballé car la suite pourrait s’avérer très bonnes comme très mauvaises du coup dur de conseiller.

C’est pas le cas potentiel de toute suite ?

Non pas nécessairement, il y a dés séries tu sais que ca sera bon du début à la fin (souvent pour des récits historiques). Pour des récits de SF, je trouve que la bascule est plus facilement franchissable.

La critique du tome 1 par vedge.

Signalons un événement qui ravira les cinéphiles fans de S. Kubrick et de son film 2001 l’Odyssée de l’espace.

Festival gratuit à la Cité des Sciences et de l’Industrie à la Villette 30 av Cariou 19ème

Le 14 et 15 dec 2018 : Un avant goût des fêtes.

Voici le programme : Sans réservation
Auditorium 320 places

:clapper: Vendredi 14 :
• 20h00 : A. Garel (critique de cinéma et historien) introduira le film projeté dans sa dernière version remasterisée, dans l’Auditorium (320 places)

:clapper: Samedi 15 :
• 11h00 : Table ronde sur l’espace et l’IA autour de plusieurs scientifiques, dont J. Pelon (CNRS, programme Calipso, directeur au LATMOS), Michel Viso (exobiologie, exoplanètes et protection planétaires au CNES), Jean-Gabriel Ganascia (président du comité d’éthique du CNRS, chercheur en IA, professeur à la Sorbonne)
• 13h30 : La « leçon de cinéma » d’Alain Garel
• 15h00 : Présentation du projet futuriste Solar Spore, une fleur dans l’espace (par Sylve Truyman, architecte)
15h15 : Table ronde sur la bande dessinée de SF autour de plusieurs auteurs et dessinateurs dont Aseyn (Bolchoi Arena), F.Duval et Emem (Renaissance)
• 17h00 : Conférence “2001 ou l’odyssée de l’espace-temps” d’O. Pourriol (auteur de “Cinéphilo”, scénariste, conférences Studio philo)

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RENAISSANCE TOME 2

2084, les pires scénarios prédisant la funeste destinée de la Terre se sont réalisés. La Fédération des Intelligences Mammifères décide d’engager une intervention sur cette planète en voie d’extinction. Swänn, jeune extraterrestre droit et ouvert, se porte volontaire. Originaire d’une planète apparaissant comme une version réussie de notre monde, il souhaite contribuer à pacifier la Terre et empêcher son anéantissement. Sa rencontre avec Liz, au Texas, marque le début du choc des deux mondes. La suite spectaculaire de cette odyssée pour la survie de la Terre…

PAGINATION. 56 PAGES

FORMAT. 240x320

EAN. 9782205078633

SORTIE LE 27/09/2019

Cool.

Jim

Ce deuxième tome confirme la très bonne impression que j’avais concernant le premier. On continue dans l’exploration de cette mission humanitaire qui n’a rien de facile, avec des personnages froids et efficaces, mais qui s’avèrent plus fragiles qu’on ne pourrait le croire.

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L’astuce du scénario, c’est que le va-et-vient entre la Terre et le monde extraterrestre ne s’articule pas autour de flash-backs liés au couple d’humanitaires, mais plutôt autour des bras-de-fer politiques qui se jouent dans le cosmos, afin de décider s’il faut soutenir l’opération (déjà coûteuse) ou bien exiger des contreparties. C’est plutôt bien vu, ça met un peu de cynisme dans l’idéalisme, et ça pose des jalons intéressants pour un éventuel dérapage dans le troisième tome.

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Quand à Emem, je trouve qu’il progresse encore. Sa gestion des corps est formidable (les humains qui s’agitent et les extraterrestres qui sont hiératiques), et sa description des modes extraterrestres est époustouflante. Il est sans doute bien aidé par les designs de Blanchard, dont on connaît l’inventivité, mais quand même, il livre des pages épatantes, et notamment une double page étourdissante et du plus bel effet.

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Vivement le troisième tome.

Jim

J’ai beaucoup aimé aussi, mais je trouve que ce second tome prend bien trop son temps et lance pas mal de nouvelles intrigues qui vont devoir être finis dans le prochain et dernier tome. et là j’ai un peu peur d’avoir un tome trop dense où que tout ne sois pas résolu, ce qui amènerais un problème de rythme sur ce second tome.

Bon, j’ai signé à côté de Duval récemment, et il disait à un lecteur que l’ensemble serait composé de deux cycles de trois tomes chacun. Donc je pense qu’ils en ont encore sous la pédale.

Jim

c’est bien ce que je pensais, ça sera en deux cycles et ça c’est relou.

Dans le sens ou même si c’est bon. Les lecteurs veulent maintenant des séries courtes et demandent très souvent en combien de tome c’est pour pas se lancer dans un truc sans fin et annoncé le tout en 3 tomes pour faire un second cycle après c’est bien casse couille. Autant le dire de suite, deux cycles de 3.

Peut-être aussi que l’éditeur était frileux au départ. D’après Duval, Dargaud se comporte de manière royale, mais on peut tout de même imaginer que la maison d’édition demande une sorte de moyen terme, afin de prendre des précautions et de laisser le premier tome donner ses résultats avant de s’engager plus loin.

Après, sur les lecteurs qui veulent des séries courtes, on en a déjà parlé : les lecteurs, c’est comme « les Français », « les citoyens », « les électeurs », on peut leur faire dire ce qu’on veut. Des tas de séries et de projets éditoriaux au long cours viennent contredire cette vérité imposée. Les trucs genre Elfes, Mages, Maîtres-Inquisiteurs, Jour J, qui souvent peuvent se lire épisode par épisode mais qui offrent plus de choses si on lit l’ensemble, ça fonctionne très bien.
Selon moi, le marché est à plusieurs facettes.

Jim

j’ai les mêmes écho de la part de Ronan Tulhoat et Vincent Brugeas

Tout à fait.

Je suis d’accord, mais ça m’énerve (j’ai le même problème sur la guerre des lulus ou Descender au demeurant). Quand on te demande le nombre de tome et que tu dis finis en 3, mais que en fait non c’est pas finit c’est relou. Je préfère soit dire finit en 3 et hop finit soit qu’on parle de cycle (en soit c’est pas gênant).

Du calme, du calme, pense à ta tension.
:wink:

Jim