Thriller
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Quentin Tarantino
Avec Harvey Keitel, Tim Roth, Steve Buscemi, Michael Madsen, Chris Penn, Lawrence Tierney, Quentin Tarantino, Edward Bunker…
Année de production : 1992
C’était Partridge Family dans « Doesn’t Somebody Want to be Wanted? », suivi de « Love Grows where my Rosemary Goes » par Edison Lighthouse. C’est pas fini, vous êtes branché sur K-Billy pour tout un week-end à l’écoute du super son des seventies…
Juste avant cette annonce radiophonique, la caméra a tourné pendant sept minutes autour d’un groupe de huit personnages réunis dans un restaurant. Les mecs parlent de tout et de rien, de la signification cachée d’un succès de Madonna aux pourboires donnés à une serveuse en passant par un carnet d’adresses qui n’intéresse que son propriétaire. La discussion pourrait sembler assez triviale mais ce moment permet au débutant Quentin Tarantino de caractériser son équipe et de donner des indices sur ce qui va suivre.
Rien qu’avec ce prologue, on devine que Mr White (Harvey Keitel) a une carrure de leader, que Mr Orange (Tim Roth) observe les autres et les imite par moments, que Mr Blonde (le regretté Michael Madsen) cultive un côté dangereux derrière sa nonchalance, que Mr Pink (Steve Buscemi) est une grande gueule qu’il peut fermer quand il n’est pas en position de force. Mr Brown (Tarantino himself) est le plus volubile avant de s’effacer du reste du film tout comme Mr Blue (Edward Bunker) qui doit être l’acteur de la bande qui a le moins de répliques.
On ne sait pas encore ce qu’ils font mais le célèbre générique en slow-motion sur fond de Little Green Bag de George Baker Selection donne là aussi une indication. Car même s’ils sont presque tous habillés en costards noirs, ces gars ne se rendent pas à un mariage où à une convention de commerciaux…et le montage enchaîne avec la vision de Mr White conduisant en urgence une bagnole, avec un Mr Orange en sang et criant sur la banquette arrière…
Reservoir Dogs, c’est un film de casse qui ne montre pas le casse. Ce moment précis sera uniquement décrit à travers les interactions entre les braqueurs et on devine vite que le moment pourtant bien organisé s’est très mal passé. Tarantino s’intéresse aux conséquences, à la tension palpable s’installant rapidement entre les survivants qui se doutent bien que l’un d’entre eux les a trahis. Tout passe donc par les échanges rythmés et incisifs entre des acteurs impeccablement choisis, le premier d’entre eux, Harvey Keitel, croyait tellement au scénario qu’il a signé en tant que co-producteur pour aider à trouver des financiers.
Prenant de bout en bout, Reservoir Dogs est le long métrage qui a établi la touche Tarantino…violence, dialogues riches en insultes (racistes, homophobes, sexistes…ce qui peut être crispant parfois tout en participant pleinement à l’élaboration des portraits des protagonistes), construction scénaristique non-linéaire, références à la pop-culture (vieux films et séries, comics). Les clins d’oeil à sa cinéphilie sont aussi nombreux, Reservoir Dogs emprunte notamment à des polars des années 50 comme Le Quatrième Homme de Phil Karlson, aux Pirates du Métro de Joseph Sargent ou au City on Fire de Ringo Lam.
Mais loin d’être un « photocopieur » (ce qui lui a été reproché par les critiques de son travail), Quentin Tarantino a su digérer ces influences pour imposer son style et développer un univers cohérent tout au long de sa carrière. Et s’il a pu me décevoir par moments ces dernières années (même s’il y a toujours de bonnes choses dans ses films les moins réussis), je ne me lasse pas de revoir Reservoir Dogs, Pulp Fiction, True Romance (qu’il a scénarisé) ou encore les Kill Bill.
Well, I don’t know why I came here tonight
I got the feeling that something ain’t right
I’m so scared in case I fall off my chair
And I’m wondering how I’ll get down the stairs
Clowns to the left of me
Jokers to the right
Here I am, stuck in the middle with you


