ROBERT MOSES - LE MAÎTRE CACHÉ DE NEW YORK (Pierre Christin / Olivier Balez)

Il y a quelques jours, j’ai suivi la rediffusion d’un excellent documentaire en plusieurs parties consacré à l’histoire de la bagnole : Une brève histoire de l’automobile (« Le génie humain » / « La société de consommation » / « Schizophrénie »).
Dans la seconde partie, après avoir expliqué en quoi le lobby de la voiture a été essentiel dans le développement du réseau autoroutier américain, ils évoquent la transformation de New York sous l’impulsion de Robert Moses, et notamment la construction d’une voie rapide reliant le centre d’affaires de Manhattan aux zones résidentielles du New Jersey, tranchant dans le vif du Bronx. La voie rapide est bâtie au bout de dix ans de travaux, devenant un passage assourdissant qui fait fuir la population et fermer les commerces. Le chantier se termine au début des années 1970 et, en détruisant le tissu social du quartier, transforme le Bronx en sorte de zone de non-droit où règne la violence entre des bâtiments décrépits. Tout un imaginaire qui fera les beaux jours de la fiction urbaine des années 1970 et 1980.
Le documentaire, dédié à la bagnole, et ni à l’urbanisme ni à Robert Moses, ne consacre qu’une poignée de minutes au sujet, mais permet d’établir une généalogie urbaine d’un coup fluide : le Bronx cosmopolite et culturellement vivace de l’immédiat après-guerre devient un terrain vague à l’échelle d’une ville. On raccorde alors facilement les incendies volontaires d’immeubles permettant aux promoteurs de toucher la prime d’assurance (un phénomène évoqué dans un épisode de Silver Coin), comme le rappelle le documentaire, puis la reprise en main par la mairie dans une perspective de « tolérance zéro » (sous la pression de Disney, entre autres, comme on le lit dans Mainstream de Frédéric Martel).
Passionnant.
Ça m’a donné envie de lire l’album.

Jim