ROBINSON (Philippe Sternis)

Sur une île, les animaux vivent en harmonie. Dans leur communauté, un conte fondateur solidifie les liens qui les unissent. Mis en scène dès les premières pages, ce conte renvoie à Noé, dont le fameux trésor est constitué de tous les membres du petit groupe. Jusqu’à ce que l’arrivée d’un naufragé (visiblement un pilote parachuté en urgence) vienne rompre cette harmonie.

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Sous des allures de conte ou de fable, Philippe Sternis utilise la figure des animaux qui parlent afin de parler de la fragilité des structures sociales, menacées de dissolution quand elles sont soumises à un stimulus extérieur qui ne rentre pas dans le cadre. Ici, les animaux vivent en paix et c’est un homme qui vient mettre la pagaille, parce qu’il n’est pas intégré au schéma. En nommant son récit Robinson, il renvoie également au fameux Robinson Crusoë de Daniel Defoe, dont il change la perspective en prenant l’angle des résidents, et non celui du naufragé. Entre Noé et Robinson, il se place dans l’ombre de la fable et donne une polysémie à son récit.

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L’auteur fait progresser lentement mais régulièrement le récit, amenant progressivement les changements et les modifications dans l’ordre social préétabli. Son dessin très expressif, s’il renvoie à Loisel avec lequel il a collaboré dans Pyrénée, s’émancipe un peu du modèle, dont il conserve la lisibilité et la fluidité. On remarquera le soin qu’il apporte aux détails et aux textures, notamment à l’aide de crayon gras qui apporte de la matière et des ombres.

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Une édition grand format est sortie en 2001, en même temps que l’album, chez Folle Image.

Jim