RONIN (Frank Miller)

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Le site de l’éditeur : urban-comics.com/ronin/

Une oeuvre qui m’a marquée, d’une puissance rare. Cette réédition est une très bonne idée.

Quelqu’un connait le contenu de l’Absolute, je veux dire par rapport à l’édition Zenda par exemple (qui n’a aucun supplément) ?

La promo du site de DC Comics :

Merci beaucoup amigo, je me suis aussi « déplacé » suite à ton commentaire (et je m’excuse d’avoir posé une question aussi idiote, il me suffisait de faire de mon côté une petite recherche), sur Amazon en l’occurrence, pour avoir une idée.

Et si j’en juge par la pagination (328 pages) et le prix (un peu plus de 74 €) je ne crois pas qu’il s’agisse de l’Absolute de DC.

Où alors, il y a plusieurs versions « Absolute », ce qui est un non-sens. :wink:

Le prix n’est pas un indicateur. Par exemple, les volumes de Sandman publiés par Urban reprennent du matériel des versions Absolute et Annoted avec des paginations importantes, tout en étant à un prix moindre.

Tu veux dire que la version Absolute U.S de Sandman est la même que la version Urban c’est-à-dire le même nombre de pages et identique dans le contenu et dans le format, pour un prix inférieur pour Urban ?

Parce que là si je regarde la fiche d’Amazon pour Ronin on a 296 pages pour Urban et 328 pages pour la V.O avec un format de 8.25" x 12.5 c’est-à-dire : 20,95 x 31,75 cm.

La pagination des volumes Urban n’est pas aussi importante que celle des absolute de DC (le premier volume reprend les épisodes 1 à 16 chez Urban alors que l’absolute 1 reprend jusqu’au 20), pour des raisons propres à l’éditeur français qui se fixe une limite à ne pas dépasser, et le format n’est pas le même (les absolute sont un peu plus grands et ont un fourreau). Mais ce premier volume reprend des bonus de la version annoted qui n’étaient pas dans l’absolute, et cette version française a une pagination de 496 pages (contre 612 pour la version américaine).

Pour prendre un exemple plus parlant, le premier volume de Planetary que publiera Urban en juin reprend le même nombre d’épisodes que le premier Absolute de DC, et contiendra en plus les crossovers Planetary/Authority et Planetary/Batman, pour un prix de 28 euros alors que l’absolute coûtait 75 dollars. Le format diffère un peu (ça reste du cartonné dans les deux cas même si l’absolute est un peu plus grand) mais à pagination équivalente voire supérieure, le ratio prix/nombre de pages n’est pas forcément équivalent entre l’éditeur américain et l’éditeur français, qui s’est fixé fixé une politique tarifaire de 35 euros maximum par livre à ne pas dépasser.

Si on prend l’exemple de watchmen, la version Urban coûte 35 euros et a la même pagination que l’absolute qui en vaut au moins le double.

Tout ça pour dire que le fait que Ronin coûtera moins cher chez Urban n’est pas indicateur de son contenu qui pourrait très bien reprendre exactement celui de l’Absolute (c’est peut-être le cas d’ailleurs et la pagination indiquée par le site d’Urban n’est pas la bonne, ce qui ne serait pas la première fois) sans que le prix ne s’en ressente.

Oui, je pense que c’est encore le cas ici aussi. J’ai jeté un oeil à mes Semic Books et Ronin, c’est 5 épisodes de 48 pages et un dernier de 56 pages…ce qui fait donc tout juste 296 pages…et ça m’étonnerait que l’album d’Urban ne contienne que des pages de BD…

Effectivement, si le nombre de pages est erroné, ma question n’a plus lieu d’être.

Merci pour ces précisions.

Voici les premières pages de Ronin :

Source : www.Urban-Comics.com

La critique par Blackiruah est disponible sur le site!

Lire la critique sur Comics Sanctuary

Des textes d’accompagnement dis-tu ?
Des bonus ?

Peux-tu détailler un peu plus précisément ?
Merci d’avance amigo. :wink:

En préface : Un long speech de l’éditeur de l’époque
En postface : Des croquis préparatoires

Je l’ai lu la semaine dernière, je ne partage pas ton avis sur la partie graphique.

Au contraire j’ai trouvé la colo très « avant-gardiste » par rapport à ce que j’ai pu lire de la même époque (c’est à dire pas grand chose lol).

Pour l’aspect graphique de la technologie je trouve que ca colle bien avec l’esprit du récit sur l’A.I qui commence à exister en tant qu’être (je pense donc je suis) et qui devient plus « biologique » que « synthétique ». D’ailleurs Vierge est explicitement comparée à un arbre si je ne m’abuse.

Non franchement moi j’ai été convaincu graphiquement.

Idem scénaristiquement. J’ai eu l’impression, peut être à tord, que ce récit pouvait se placer à l’aube de toute la SF et la narration de ce que j’ai pu voir en film pour les années 80/90…

Merci.

Alors si on lit entre les lignes, c’est plus un Japon médiéval fantasmé qu’une réelle culture japonaise, à quoi Miller renvoie. Il est davantage dans l’hommage à Lone Wolf & Cub que dans l’évocation « documentée ». C’est Miller, et Billy, qui rêvent du Japon.

Farpaitement.
Y a même une grosse louche de Moebius. Et peut-être même de Druillet.

Quelles formes ?
Les personnages ? Les décors ? La technologie ?
Grotesque en quoi ? Tout le parcours du Ronin et de Virgo, c’est grosso modo l’amputation ou la greffe. L’évolution physique. Il est donc normal que les formes échappent à une représentation « réaliste ». D’autant que Miller s’émancipe de l’encrage de quelqu’un d’autre, pour tout assurer lui-même.

Ronin, c’est pas criard. C’est plutôt pastel, avec le gris et le noir qui menacent toujours de tout étouffer.

Ah oui mais ça c’est pas de la faute à Ronin. Si tu appliques une grille de lecture contemporaine à ta lecture, à une œuvre qui a trente-cinq ans de moins (ou presque), fatalement, ça ne marchera pas. Comme a dit Artemus un jour, c’est un peu comme dire « Mozart, c’est nul, ça manque de guitares électriques ».

Je conseille des semelles anti-dérapantes, quand on lit.
:wink:

Ah mais là encore, c’est un problème de grille de lecture. Bien évidemment que des délires cyberpunk avec monde virtuel, quête de l’identité, paranoïa technophobe et décor post-apo, on en connaît plein. Sauf que, en 1983, c’était quand même un peu nouveau, ce cocktail, même en littérature (Gibson écrivait depuis deux ans, Neuromancien n’était pas encore sorti), alors en BD, n’en parlons pas.

Je pense que tu l’as lu avec ton bagage actuel trop en avant. Comme je dis parfois, tu l’as lu « trop tard », avec la réputation du truc qui l’a précédé, et donc ça fausse le jugement.

Parce que Ronin, c’est énormément de choses :

  • pour DC, c’est le développement d’une politique tournée vers les auteurs, avec l’ouverture d’une plus grande liberté.
  • c’est l’exploration d’une nouvelle manière d’éditer, avec un nouveau papier, de nouvelles techniques de colorisation, de nouvelles techniques d’impression.
  • pour Miller, c’est l’exploration de thèmes qui vont construire tout le reste de sa carrière.
  • c’est aussi l’apprentissage du contrôle de son produit : il est allé chez l’imprimeur pour caler l’objet, quand même, ce qui ne se faisait jamais.
  • c’est l’exploration de nouvelles techniques de narration : les successions de cases verticales ou horizontales, les premiers tâtonnements sur le gaufrier qu’il utilisera dans Dark Knight Returns, ou une certaine forme de décompression (sans Ronin, l’Authority de Warren Ellis aurait sans doute eu une autre gueule).
  • sans le travail de recherche de Ronin (qui est un laboratoire, je le concède), Elektra Lives Again ou Sin City ou 300 auraient été différents.

Vers la même époque, il y avait la sortie de Camelot 3000, qui a été, pour certaines raisons voisines et d’autres lointaines, une autre belle claque. D’une part parce que c’est magnifique, d’autre part parce que c’est ambitieux, et enfin parce que ça aborde des thèmes intéressants. Mais surtout, en définitive, parce que c’était une format nouveau, sur un papier nouveau, etc etc. En gros, Ronin et Camelot 3000 ont annoncé des transformations sur la manière d’éditer des BD, sur les sujets abordés, sur la place de l’auteur, tout ça.
Bref.
Je ne sais pas si tu as lu Camelot 3000, mais si ce n’est pas encore le cas, je crains que, si tu l’abordes un jour de la même manière, à savoir en appliquant ta grille de lecture d’aujourd’hui, tu te heurtes aussi à une déception. Il faut se remettre dans le contexte. Essayer de comprendre en quoi c’est une charnière dans l’industrie, et pour les auteurs eux-mêmes.

Jim

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Mais tout ça n’est pas expliqué dans le rédactionnel qui accompagne le recueil ?

Déjà merci pour vos retours :smiley:

Oui oui j’ai très bien saisi l’aspect organique de la technologie, c’est un peu général l’aspect grotesque surtout avec tout ce qui est technologique, je prends cet exemple :

Sur cette planche, on voit bien que Miller fait (volontairement) pleins de formes bizarroïdes mais le problème dans tout ça, c’est que c’est pas du tout mon délire, j’accroche pas ou très peu à ce genre de style, surtout quand il est très présent (ce qui est le cas ici), je n’y arrive pas.

Minci oui je pensais à pastel, c’est corrigé merci.

Et tu as totalement raison, c’est ce que j’exprime à travers, ça a mal vieilli et le fait que je parle bien de mon cas.
Mais attention je peux lire des oeuvres d’époque en prenant le contexte, etc. mais là, ça va un peu plus loin, c’est une réaction épidermique à ce que je vois, ça me pique vraiment les yeux et, du coup, j’ai beaucoup de mal à le lire. Dans ce contexte, j’ai beaucoup de mal à éprouver du plaisir.

Concernant Ronin, quasiment tout (hors la partie controle d’impression de mémoire) est cité dans la préface (d’ailleurs, je peux vous les scanner et vous les envoyer en privé si vous le souhaitez Jim et Artie).
Donc certes, mais là le style m’a vraiment rebuté.

Eh bien écoute je note mais de ce que je vois déjà sur le net ça m’a l’air bine plus sympathique visuellement !

Merci c’est sympa, mais tu ne vas pas abîmer ton bouquin. :wink:

Cela dit si tout est contextualisé c’est du chouette rédactionnel, félicitations à Urban pour son choix !

alors à mon avis, l’oeuvre n’a absolument pas mal vieilli, elle n’a même pas du tout vieilli à te lire puisque ce que tu dis, beaucoup l’on dit à l’époque et très nombreux étaient ceux qui furent décontenancés par ronin à sa sortie, moi le premier. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre comment l’auteur des dd et de dkr pouvait être le même que celui de ronin. Pour moi la rupture était totale (longtemps je n’ai eu que les deux premiers épisodes de dkr).

En complétant dkr et en découvrant les deux épisodes suivant et finaux, j’ai eu longtemps pratiquement la même sidération (en beaucoup moins fort tout de même) que devant ronin face la rupture de style advenant entre l’épisode 2 et 3.

Aujourd’hui, tout miller me plait mais c’est aussi parce que j’ai fait un détour par kirby je crois. Il arrive que d’un coup un dessillement dans le regard advient, qui « libére » l’œil d’une sorte de fétiche d’un trait spécifique et d’un coup (qui met des années ?) on regarde autrement les dessins, on les lit même en l’absence de ce qui au départ à accrocher notre regard.

Aujourd’hui, le dessin j’y suis également très sensible dans la peinture, là où avant peinture et dessin bd pour moi ne se recoupaient absolument pas. Aujourd’hui dans les musés j’ai l’impression de ne voir que des cases de bd.

Bon voilà. Tout ça pour dire qu’à l’époque ronin m’avait assez repoussé alors qu’aujourd’hui je trouve le dessin de cette bd extrêmement généreux et assez humoristique aussi (c’est jack qui m’a fait mettre l’œil dessus) rejoignant notamment ce que miller a pu proposer par exemple à la fin de terreur sainte.

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