RORSCHACH #1-12 (Tom King / Jorge Fornes)

Mais je suis curieux de savoir de quels auteurs « actuels » de comics il s’agit ? Parce que à part Hickman et - dans une moindre mesure - King (deux auteurs que j’image souvent en train de se pignoler en enjolivant des intrigues qui, une fois résumées, sont quand même vachement peu finaudes à destination d’un lectorat qui quémande un brassage « intellectualiste » pour ne plus avoir l’impression de lire les aventures de mecs en lycra qui sautent de toit en toit), je ne me souviens pas avoir été particulièrement critique de l’actualité comics*.
Mais c’est possible que je titille les habitués du forum sans m’en rendre compte.


*Peut être aussi parce que je ne la suis plus tellement.

Clap clap clap.

Jim

C’est pas les seuls je suis en plein New Justice, fiewww. Snyder.

Je peux me tromper parce que je n’ai pas lu de Snyder depuis longtemps mais, pour moi, son problème se situe complétement ailleurs.
Il s’agit plutôt d’un auteur qui ne parvient pas du tout à outrepasser son idée de départ qui centralise aussi ses propres peurs. Ce qui donne non seulement un semblant de redondance dans ses longs discours sur l’espoir mais aussi l’impression qu’on suit la même intrigue depuis près de dix ans. Il sur-construit sur le même postulat pour résumer ma pensée (dans un exercice d’exorcisme ?). C’est comme si il ne parvenait pas à s’en débarrasser parce qu’il réfléchit toujours à un meilleur moyen de l’améliorer. Presque une histoire de perfectionnisme chez Snyder.
Mais, ironiquement, il démonte aussi tout l’intérêt de ses récits alors que « Sombre reflet » ou « La cours des hiboux » se suffisaient amplement avant de devenir, sur le tard, les petits engrenages d’une plus grosse machinerie narrative. A trop vouloir en rajouter…

Cependant, je ne vois pas chez lui le même problème que je dénote chez les deux auteurs plus au-dessus. Snyder n’enrobe pas son récit d’une sur-couche de complexité pour parler à des esthètes. C’est plutôt directe en ce sens.

Je pensais bien à ces deux-là, et je rajouterais Lemire aussi, mais à lire ton développement je pense que tu ne le mets pas tout à fait dans le même sac que King et Hickman…
Je ne prends nullement King et Hickman pour la relève de Moore et Morrison, et la caractéristique première qui me viendrait à l’esprit les concernant serait : inégaux. Mais quand ils font mouche, je trouve que leurs travaux valent plus que le détour ; je pense surtout à « Mister Miracle » pour King (que j’ai beaucoup aimé) et à « Manhattan Projects » ou « Black Monday Murders » pour Hickman.

Non, Snyder enrobe son récit d’une sur-couche de fausse complexité pour parler à des teubés, assortie de déclarations grandiloquentes. Ça m’avait frappé sur No/New Justice mais ça se retrouve dans beaucoup de ses travaux : son truc, c’est d’assommer le lecteur à coups de nomenclatures et de règles du jeu — survendues à donf’ pour que ledit lecteur n’ait pas le temps de se rendre compte de l’entourloupe — la nouvelle espèce de vampire typiquement américaine, les quatre sentiments qui dominent l’univers, les cinq lois de je ne sais pas quoi, tirez la chevillette et la bobinette cherra. Généralement, c’est complètement creux et ça ne tient pas debout — reposant sur des intuitions « géniales » du genre : « si je retourne la carte du multivers, le verso est noir, wouaaaaaah, c’est le DAAAAARK MULTIVERSE », ou de bêtes déclinaisons prismatiques de concepts comme on en voit largement dans les comics ces dernières décennies mais poussées dix fois plus que ce qu’osent les autres (les ouat-mille dark Batman, par exemple). C’est pas grave car ce n’est pas fait pour durer : au bout de deux ou trois numéros ça s’effondre la plupart du temps, et avec la même emphase dont on avait usé pour nous annoncer La Règle Secrète Qui Maintient La Cohérence De Tout L’Univers, on nous annonce que les super-héros ont failli à cette Règle Éternelle qui date de trente pages plus tôt. L’important étant de multiplier les cris de « Ça va tout changer » et « Rien ne sera plus jamais comme en avant », sport dans lequel Snyder est passé maître (ce qu’on retrouve aussi chez Cates mais avec encore moins de maîtrise technique, d’où des soufflés qui retombent très vite alors que Snyder peut maintenir l’illusion en relançant sans cesse la machine : ça tourne à vide, mais ça tourne).

J’avoue que je n’ai aucune idée de quelles sont les peurs de Snyder qu’on retrouverait ainsi de série en série (et pourtant j’en ai lu quelques-unes, tout de même). En revanche un auteur qui revient sans cesse à ses propres peurs, c’est bien King. À part peut-être un ou deux one-shots, et encore, tous ses travaux tournent de manière obsessionnelle autour de ses propres expériences : la guerre (sur le modèle irakien), la gestion du traumatisme, la dissonance entre l’image publique du « héros » / guerrier et son expérience, sa relation à la vie civile, à la vie de famille. Je ne dis pas que le résultat est un chef-d’œuvre à tous les coups, mais comme approche ça me paraît beaucoup moins artificiel que Snyder : celui des deux que j’accuserais de « se pignoler », s’il faut vraiment tomber à ça, ce n’est clairement pas le même…

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Sur les mêmes séries que celles dites par Jack ?

ça fait pas mal de sujets, déjà.

Non. Lemire, c’est un tout autre problème qui est très très actuel à mon sens. C’est celui de la sur-production. J’ai une petite idée, j’en fait une maxi-série. Je ne crois pas du tout en la capacité d’un scénariste à écrire ou co-écrire une douzaine de titres par mois. C’est alléchant financièrement, je le comprends, mais c’est dommage créativement (c’est très en vogue chez la nouvelle génération mais c’est pareil chez Warren Ellis, je pense).
Des séries comme Descender, Black Hammer, tous les surplus, Plutona, Berserker, ça me tombe des mains tellement ça ne raconte pas grand chose, en plus de ne rien proposer de nouveau ni en terme d’intrigue ni en terme de personnages. Alors que tu assemble le tout en un gloubiboulga régulier, tu obtiens quelque chose de beaucoup plus solide et détonnant.

En outre, j’admire plus le Lemire qui illustre ses propres histoires parce qu’il y a une forme de continuité entre l’idée et sa mise en œuvre. Pareil pour Kindt je présume, même si j’en ai moins lu.

Eh bien, il fallait que ça sorte mon gars. Mais je ne sais pas qui tu essaies de convaincre, je n’ai pas lu tout ce dont tu parles.

Non. Il vaudrait mieux pas.

Tu n’y trouves pas l’esthétisme visuel, mais par contre dans ma lecture des New Justice on y retrouve justement cette complexité de vouloir faire de grand plans et des trucs un peu plus grands.

Par contre je t’accorde que ca reste du scandes classique.

Au delà des grands plans sur New Justice (pour moi, ça fait plouf d’ailleurs), il travaille pas mal de relations. Le Martien et Hawkgirl, Luthor et le Martien, le Martien tout seule aussi, mais au delà de ça, il fait voyager son équipe partout, dans des dimensions inventées (j’ai beaucoup aimé la sixième dimension, par exemple) ou dans le Hawkworld.
Mais la montée en mayonnaise de l’intrigue, c’est plouf.

Si tu prends son Batman, il apporte ses jouets. Il fout un bordel sans nom et s’en va. Il a de la chance Rebirth passe à ce moment-là. S’en suit Tom King qui a une approche totalement différente, qui, je trouve reste soft dans l’intégration de ses thématiques que Hermès recense, mais surtout il « respecte » le personnage. ça ne lui empêche pas de faire des conneries mais pour moi ça compte beaucoup.

Mais vivement Death Metal quand même! :wink:

Pour moi aussi.

Ma méchanceté, me porte à croire qu’il s’agit là du boulot de Tynion IV.

Mouais c’est des dimensions un peu vu et revu. Le Hawkworld comme tu dis, c’est juste Thanaggar, la sixième dimension pourrait être une terre parallèle tellement rien n’y diffère d’une autre version de la terre.

Je trouve qu’en fait il apporte les jouets des autres comme un Morrison l’a fait d’ailleurs, mais avec la subtilité d’un cheval de trait. Le mec laboure des sillons avec ces gros sabots avec un aspect, « regardez moi je vais créer le futur univers DC en refaisant en mieux les grandes sagas faites avant », alors qu’en fait pas du tout, il fait du caca, manque de finesse et ne saisit pas les trucs qu’il repompe.

Son « Zéro Year » est affreux. Mais comparer Morrison à Snyder, c’est triste pour Morrison. Honte à toi.

Pourquoi c’est triste. Morrison refait en neuf des choses du passé, c’est pas une honte ou quoi c’est la vérité. son run sur les X-Men ou sur Batman est basé sur la reprise d’élémentaires fondateurs et Snyder fait de même. La comparaison s’arrête là.

Morrison est un dieu vivant pour moi qui a su créer des tonnes de choses, là ou Snyder n’a su que reprendre des choses existantes sans les comprendre.

Je dis simplement que la manière de faire est actuellement similaire sauf que l’un le fait bien et pas l’autre.

Tu voulais écrire des « tonnes »? Dis-moi.

Tu crois que Morrison maîtrise l’ironie?
Parce que le Batman Zur-en-Darr c’est du fondateur? Là, je dis bravo.
Le principe de Momo c’est de dire que « tout a existé et qu’avec ça, j’ai vous pondre une putain d’histoire ». C’est ça le principe de Morrison, c’est tout sauf un bac-tout-the-basilic.

Alors que Snyder a outrecuidance de vouloir rebâtir les bases.

C’est ça la grande différence, mon Kab. Sache-le. C’est important.

(Tout ceci est écrit avec une belle dose de bonne humeur, je précise) :wink:

C’est sympathique pour ceux qui apprécient. :slight_smile:

Je ne suis pas tout à fait d’accord. Déjà je sais pas si Morrison met du basilic dans tout ce qu’il fait.

Mais comme Snyder il a repris parfois des arcs majeurs d’un run pour les faire siens et les modifiés et faire avancer la continuité. Son run sur les X-Men c’est que ça, il reprend à sa sauce la saga du Phenix, Days of the futur past, Arme X… Après Morrison a le talent nécéssaire pour en faire quelque chose de neuf et d’intéressant. (J’en reviens pas de me « disputer » avec toi pour dire la même chose :slight_smile: ).

Totalement. La ou Morrison s’appuie dessus pour proposer quelques choses de nouveau. Mais ils ont parfois le même type d’approche.

Mon Kabou, je le faisais un peu exprès. :wink:

Mais la grande différence et je te rejoins, c’est le talent.

La dernière de Snyder donnée dans une interview. Dans Metal, en explosant le Mur Source, il aurait la divine idée de se penser que cela aurait pu avoir des conséquences sur le…Marvel verse et lancer un crossover inter-entreprises!

Il est génial!