REALISATEUR
Andrey Konchalovskiy
SCENARISTES
Djordje Milicevic, Paul Zindel et Edward Bunker, d’après un scénario de Akira Kurosawa
DISTRIBUTION
Jon Voight, Eric Roberts, Rebecca De Mornay, John P. Ryan…
INFOS
Long métrage américain
Genre : action/thriller
Année de production : 1985
Dans la deuxième moitié des années 60 (ce qui correspond à après la sortie de Barberousse), Akira Kurosawa a rencontré le producteur Joseph A. Levine (Zoulou, Le Lauréat…) pour développer plusieurs co-productions entre le Japon et les Etats-Unis. Quatre projets étaient prévus, mais pour diverses raisons, aucun ne fut mené à bien. Le scénario finalisé, une histoire de train fou et de prisonniers en cavale, était inspiré par un fait réel et aurait pu réunir Henry Fonda, Lee Marvin et Peter Falk. 20 ans plus tard, ce script s’est retrouvé entre les mains des « Go-Go Boys », les cousins Menahem Golan et Yoram Globus, patrons de la société de production la plus dingue des années 80, Cannon Films.
La Cannon, c’était la maison de Chuck Norris, de Charles Bronson, des ninjas à moustache, des plus mauvais Stallone, des sous-Indiana Jones, des ninjas blancs et des films les plus délirants de Tobe Hooper. Mais pas seulement…les « Go-Go Boys » ont produit Barbet Schroeder, Jean-Luc Godard et Jerry Schatzberg (La Rue) et il est arrivé (mais pas souvent) que certains de leurs longs métrages reçoivent des nominations aux Oscars. Ce fut le cas de Runaway Train, sorti en 1985 (soit la même année que American Ninja, Lifeforce et Invasion U.S.A.) et basé sur l’idée originale de Akira Kurosawa.
Le scénario a été notamment réécrit par Edward Bunker (qui s’est réservé un petit rôle), devenu écrivain (son premier roman, Aucune bête aussi féroce, a été publié en 1973), scénariste et comédien (on a pu le voir brièvement dans Reservoir Dogs, par exemple) après des années passées en prison. Son expérience carcérale s’est révélé importante pour le développement de la production, la préparation des acteurs et la crédibilité du premier acte, filmé comme une immersion quasi-documentaire par le réalisateur russe Andrey Konchalovskiy (Maria’s Lovers).
Les deux personnages principaux de Runaway Train sont Manny, braqueur de banques multirécidiviste, et Buck, une jeune tête brûlée qui idolâtre son aîné, dont la réputation a fait de lui un « héros » pour les autres prisonniers de la prison de haute-sécurité de Stonehaven en Alaska. Après deux tentatives d’évasion ratées, Manny a été placé en confinement pendant 3 ans. À sa sortie du trou, le sadique directeur de la prison tente de se débarrasser de lui. Manny se retrouve alors forcé d’avancer sa nouvelle évasion en plein hiver et emmène le jeune Buck avec lui. La marche est terriblement éprouvante, mais les deux hommes parviennent tout de même à rejoindre une gare et à monter dans un train. Ce dont ils ne doutent pas, c’est que le conducteur est mort d’une crise cardiaque juste après avoir mis la machine en route.Les freins ont lâché…et le train va de plus en plus vite…
La tension ne se relâche jamais tout au long de ce suspense maîtrisé et mâtiné d’action porté par une excellente distribution. Jon Voight est monstrueux d’animalité dans le rôle de Manny et son duo avec Eric Roberts (alias Buck), très bon en jeune chien fou, réserve des moments très forts. La distribution secondaire ne manque pas de tronches incroyables, comme John P. Ryan (Le Monstre est vivant) en directeur de prison prêt à tout pour remettre la main sur ses évadés, Edward Bunker et Danny Trejo dans sa première apparition au cinéma. La seule touche féminine est assurée par Rebecca De Mornay (Risky Business) qui joue la mécano également piégée à bord du train fou.
L’autre point fort de Runaway Train est l’atmosphère dans laquelle baigne le récit. Le travail sur la photo renforce son austérité et crée un contraste fort entre la machine monstrueuse (effet accentué par les conséquences d’un incident avec un autre train) et la sauvage majesté des décors naturels de l’Alaska. La désolation glaciale est presque palpable et le drame et l’action prennent aux tripes…jusqu’à un dernier plan inoubliable…
Il n’est de bête si féroce qu’elle n’éprouve une once de pitié.
Mais je n’en éprouve point, et donc ne suis pas une bête.