S.T.A.R. (Delperdange / Cayman)

Discutez de S.T.A.R.

La série S.T.A.R. est passée sous mon radar personnel, sans doute pour des raisons esthétiques : le dessin de Cayman, inscrit dans une tradition ligne claire très marquée et, selon mes goûts, un peu soporifique, ne m’incitait pas à aller plus loin que les premières pages, et la densité des planches, dont chaque bande est nappée de gros pavés de dialogues, me donnait l’impression d’un récit bavard et statique. Le nom de l’éditeur, Casterman, sur la couverture, finissait de me convaincre qu’il s’agissait d’une énième manifestation d’une « bande dessinée à papa » qui n’éveille guère mon enthousiasme.

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Mais la consultation d’une intégrale a été l’occasion d’une lecture plus approfondie. La série comporte cinq tomes, qui suivent une équipe de scientifiques obligés de devenir détectives, et naviguant dans un univers fait de traîtres, d’espions et de complots.

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Le terme S.T.A.R. désigne une société, dont nous suivons l’équipe réduite, spécialisée dans les recherches neurologiques. Ils ont à leur charge un certain K2CM, un homme frappé du syndrome d’enfermement et qu’ils tentent de connecter à un ordinateur. Au début de l’histoire, ce patient disparaît, avec son système informatique et son matériel de dialyse. L’équipe doit donc s’improviser détectives afin de le retrouver pour le compte de leur client, un gros consortium pharmaceutique. Rapidement, ils comprennent que l’entreprise en question cache des intérêts contradictoires, que la concurrence garde un œil, que la police s’en mêle, et que tout le monde cache son identité et ses motivations réelles.

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L’astuce, c’est que la narration ne suit pas qu’un seul fil et s’éloigne parfois des membres du S.T.A.R., de sorte que le lecteur est au courant de certaines choses avant les protagonistes. Et même si le flou est mis sur certaines informations, en masquant tel ou tel visage, il est possible de relier les informations avant les personnages. L’effet est que l’on voit arriver certaines menaces.

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Le scénario réserve quand même son lot de surprise, les fins d’albums étant en général consacrées à des révélations frappantes ou des coups de théâtre, inscrivant le récit dans une logique de feuilleton, de suspense, de thriller. Les deux premiers tomes se dévorent.

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L’intégrale propose les cinq chapitres à la file, sans rupture entre le contenu de chaque album. Le lecteur est donc plongé dans une longue enquête d’un seul tenant, de plus de deux cents pages, procédé immersif assez efficace.

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Quant à la narration, si elle demeure classique, s’astreignant à un découpage en bandes bien calibrées, elle demeure fluide. Pas de récitatifs, uniquement des dialogues, organisés autour d’ellipses bien rythmées. C’est effectivement un peu bavard, mais ça avance bien. Le dessinateur prend le soin d’accorder à ses personnages une attention de tous les instants, tant au niveau des vêtements que des expressions faciales.
Comme quoi, on peut faire classique tout en étant lisible et contemporain.

Jim