Le détective Franck Sangaré, accompagné de son assistante, l’étrange madame Dombre, débarquent à Saint-Elme, une petite ville de montagne réputée pour son eau de source. Ils sont sur les traces d’un fugueur disparu depuis trois mois : enquête apparemment facile. Sauf qu’à Saint-Elme, tout le monde vous le dira : « Ici, c’est spécial. »
Franck Sangaré est aux mains des Sax, la famille qui a pris le contrôle de Saint-Elme, et son frère Philippe tarde à répondre aux appels angoissés de madame Dombre. Pendant ce temps, à l’auberge de la Vache Brûlée, Romane Mertens apprend à tirer au pistolet avec Paco tandis que son père passe ses journées à parler seul dans sa chambre… Tout seul, vraiment ?
Donc, tout commence avec une opération de trafic qui tourne au règlement de compte. Puis on passe aux investigations de deux enquêteurs qui se chargent, dans la ville de Saint-Elme, réputée pour son eau, de retrouver un disparu, visiblement mêlé lui aussi à un trafic.
En premier lieu, Lehman nappe son récit d’une atmosphère toute surnaturelle, même s’il n’y a rien, à proprement parler, de fantastique, de magique ou de miraculeux. Mais les événements insolites (la profusion de grenouilles), les superstitions (le procès de la vache) et la galerie de personnages tissent une ambiance vraiment dérangeante, et pas tout à fait réelle.
Quant aux personnages, c’est vraiment le point fort. Au-delà de la structure de thriller, Lehman et Peeters animent des personnages épais, consistants, et parviennent à tromper leurs lecteurs en lançant des fausses pistes sur l’importance de tel ou tel protagonistes. Et s’ils apportent des réponses à de nombreuses questions, d’autres sont soulevées à la fin de ce premier tome, qui intrigue, qui intrigue, qui intrigue…
L’album surprend par ses couleurs violentes, en aplats, et aussi par l’usage d’une bande-son omniprésente, les moindres sons (des pas dans la neige…) ayant droit à leurs propres bulles et se mêlant ainsi aux soupirs et aux interjections, comme dans une sorte d’illustration sonore incessantes, une musique des bruits.
Qui intrigue… qui intrigue…
Deuxième production des deux compères, ce qui tranche par rapport à la première, sont les couleurs, très réussies et assez hypnotiques et la multiplication des personnages, qui existent tous en quelques cases.
Qui sera important, qui ne fait que passer, quelles sont les questions à se poser ?
Nous verrons. Ce qui est certain, à mon sens, c est qu en terme de narration bd lehman n a jamais été aussi bon. Sans doute que Peeters y contribue beaucoup. Le duo a trouvé ses marques et je les suis sans aucune inquiétude.
J’aime bien aussi le fait que Lehman s’éloigne d’un de ses biotopes de prédilection, la ville. Il le fait sans le faire, sans en avoir l’air non plus, et le résultat, c’est une sorte de thème & variation.
Ce qui fonctionne vraiment bien, c est les changements de focus sur les persos qui sont très reussis et fluides.
Il ne change pas seulement après une scène, à la façon «pendant ce temps ailleurs», c est plus abouti que ça. Il profite des changements entre le jour et la nuit par exemple. On n est pas coupé dans le temps de l histoire.
