SANDMAN UNIVERSE (Gaiman, Spurier, Watters, Hopkinson, Howard / Evely)

Sentiments mitigés à la lecture de Sandman Universe, qui sert grosso modo à lancer les quatre nouvelles séries The Dreaming, Books of Magic, House of Whispers et Lucifer.

Gaiman est crédité comme responsable de « l’histoire » (j’imagine qu’il a plus ou moins du livrer le pitch ou quelque chose comme ça), mais, dans le détail, les différentes parties, correspondant aux introductions des séries, sont écrites par Spurrier, Howard, Hopkinson et Watters. Différents problèmes viennent alors se conjuguer.

S’approprier l’univers du Sandman n’a rien d’évident : en témoigne la proportion de titres décevants parmi les spin-offs lancés dans les années 90 mêmes et au début des années 2000. Le ressusciter des décennies après la fin si travaillée et si satisfaisante de la série-mère rajoute encore de la difficulté. Gaiman lui-même avait biaisé, par bien des aspects, en livrant son Ouverture, il y a cinq ans de ça.

Or ce qu’on nous propose ici pourrait être une suite presque directe de la série d’origine. Mon plaisir d’en retrouver une très large part du « casting » a été tempéré par la sensation grandissante au fil de la lecture (notamment avec Matthew dont le voyage sert ici de fil conducteur) que ces personnages « sonnaient faux ». Il manque clairement la voix, le style propre de Gaiman.

À cela vient, enfin, s’ajouter le fait que l’intérêt décroît au fur et à mesure qu’on avance dans ce patchwork d’introductions décousues.

Spurrier s’en sort très bien, notamment lors de toute la séquence entre Dora (un personnage original, ce qui n’est peut-être pas un hasard), Matthew et une rêveuse : on retrouve là un mélange de fantaisie poétique, d’humour bizarre, et, au final, de très humaine émotion, qui n’est pas sans rappeler les grandes heures de la série-mère. Le tout est, sans surprise, très bien soutenu de surcroît par la partition graphique d’Evely.

On trouve beaucoup moins de choses en revanche à se mettre sous la dent avec les pages consacrées au lancement des nouvelles aventures de Timothy Hunter, soit sept planches de narration décompressée pas aidée par un dessin bien pauvre. Le cliffhanger du moins est potentiellement porteur, reste à espérer que son introduction laborieuse est l’effet d’une réticente de la scénariste à poser trop de pions avant le #1 proprement dit de sa série.

J’avoue avoir encore moins réussi à me passionner pour les pages de Hopkinson et Stanton, qui préludent à l’apparition de The House of Whispers. Quant à celles consacrées à Lucifer – un personnage qui a eu le temps et l’occasion de largement évoluer --, si on ne saurait dénier aux frères Fiumura, côté graphisme, une certaine maestria pour les ambiances, la narration absconse ressemble en revanche à un mauvais pastiche de Gaiman.

Je croise les doigts pour qu’une partie de cela soit résolue une fois les séries lancées dans un format plus classique.