SANG & ENCRE t.1-3 (Éric Omond / Olivier Martin)

Discutez de Sang & Encre

Surnommé La Plume, un jeune écrivain public, soupçonné d’espionnage pour le compte de la couronne espagnole, échappe à la mort mais se retrouve embarqué sur un navire corsaire. Habitué au confort et au calme, il apprend la vie de marin, faite de combat et de violence. Il gagne également le respect des autres matelots et du Capitaine Sneak, un rustaud qui comprend bien vite que la culture de sa nouvelle recrue peut être utile, en particulier pour les déchiffrer les livres de comptes des nobles…

SangetEncre01

Éric Omond signe ici un récit d’initiation et de voyage. Son script, plutôt disert, se lit vite. Peut-être un peu trop. Si bien que les personnages mettent un certain temps à gagner en présence et en sympathie. À la fin du premier tome, La Plume est devenu un voyou des mers comparables à ses coéquipiers, mais la transition est un peu rapide.

sangetencre01p

Olivier Martin, de son côté, livre des cases aérées, à l’encre souple. Quand il met en scène des propos rapportés, il sait changer un peu de style pour revêtir celui d’illustrations dans les livres d’images. Il change également de palette. Son dessin, inspiré par Giraud et sans doute aussi Rossi, n’a pas leur élégance, mais il est vivant et spontané.

Jim

Dans le deuxième épisode, La Plume, toujours en quête de bonnes histoires à coucher sur le papier, rencontre un pirate mystérieux, Jean-le-Glabre, qui commence à lui raconter sa vie. Le jeune plumitif découvre bien vite que son interlocuteur est une femme… et fait l’apprentissage de la sensualité.

SangetEncre02

Les auteurs continuent donc de dérouler le récit d’initiation propre à la série, ajoutons la classique confrontation eros / thanatos de l’amour et de la mort. En effet, les personnages sont bientôt confrontés au désir de vengeance de Jean-le-Glabre, qui s’apparente à une colossale pulsion suicidaire. L’affaire se termine mal, l’équipage se lançant à l’abordage d’un vaisseau qui les attend de pied ferme.

sangetencre

Omond livre un scénario aux nombreuses planches muettes (ou presque), ce qui fait que l’album se lit très vite. Martin, de son côté, navigue dans les eaux déjà sillonnées par Rossi. C’est joli et maîtrisé, témoignant d’une construction plus solide que le premier tome.

sangetencre02p

Jim

Le troisième tome nous permet de retrouver nos héros, échoués sur une île pas si déserte que ça, puisqu’ils sont recueillis par un vieux fou, son épouse noire et leur fille. Le capitaine Sneak est le dernier à se remettre de leur calvaire, et la petite bande reprend une existence paisible faite de chasse, de pêche et de cueillette.

SangetEncre03

La Plume, quant à lui, est confronté à une légende qu’il ne connaît pas, celle de Libertalia, et à un mot qu’il n’a jamais entendu, « démocratie ». Ce tome s’intéresse donc à la confrontation des imaginaires à travers l’écrit et le vocabulaire, et le jeune lettré devient à son tour victime de la force d’évocation des mots.

sangetencre03p

La petite troupe, découvrant l’emplacement de Libertalia, se met en route vers le fameux port utopique, pour découvrir hélas que même les idées peuvent mourir. Ce troisième tome parle donc des mythes, littéraires et autres, sur lesquels un vie peut se construire, au point de n’avoir que des bases fragiles. Plus dense en termes de texte que les deux précédents, il propose un dessin très souple, Martin mettant en scène la faune locale et les décors de l’île avec une grande prolixité.

Jim