Discutez de Section infini
Traducteur de comics et romancier, Laurent Queyssi est également scénariste de bande dessinée. C’est dans le cadre de cette activité qu’il a lancé la série Section Infini, au Lombard, dessinée par Greg Tocchini. Hélas, le projet n’aura pour l’instant connu qu’un seul album, intitulé « Perdu dans le temps » et sorti en 2014.
L’album débute au début du siècle, alors que des hommes constatent la présence d’un bosquet d’arbres gelés en plein été, en Amérique. Après cette séquence d’introduction, l’intrigue nous propulse à Paris en 2014, où Edgar Cadès, épaulé d’un ami, assiste au même type de phénomène. Ce jeune homme surdiplômé voit cependant apparaître des nudistes à l’allure étrange, puis une équipe de gens qui viennent lui sauver la mise. Il entame des recherches sur l’une de ces personnes, découvrant l’existence (que beaucoup considèrent comme fictive) d’une soi disant « section infini ». Mais il est bientôt retrouvé par cette dernière. Tout en comprenant qu’il existe une organisation s’intéressant aux phénomènes inexpliqués, il est plus ou moins embarqué dans une aventure impliquant des voyageurs temporels qui semble incapables de maintenir leur présence dans le monde contemporain (ils finissent par disparaître de manière explosive).
Sauf que l’explosion ne semble pas mortelle (en tout cas pas toujours), mais plutôt correspondre à un autre saut temporel. Le seul témoin qu’ils arrivent à interroger affirme ne pas contrôler ses déplacements. L’album se conclut alors qu’ils accueillent un spécialiste venu d’outre-Atlantique, et sont attaqués sur l’autoroute, assistant à des phénomènes là encore sans explication.
Si l’album fournit son lot d’images fortes et d’interrogations dès les premières pages, les révélations et les mystères s’enchaînent jusqu’à la fin. Le dessin de Tocchini est bien entendu splendide, dynamique, expressif, peut-être un peu trop baroque pour les critères franco-belges. Je ne vois que cela comme explication (et une couverture séduisante mais tordue, ce qui procède du même argument) pour justifier le peu de succès du projet. Et sans doute le fait qu’à la même époque, l’illustrateur se lançait dans la réalisation d’une série de Rick Remender, ce qui représentait peut-être pour lui un enjeu de carrière plus grand.
C’est en tout cas bien dommage : le premier tome est alléchant, alternant un ancrage dans la réalité d’aujourd’hui et de nombreuses séquences d’ordre fantastique, dans un cocktail plutôt intéressant.
Jim