SHAHIDAS t.1-2 (Laurent Galandon / Frédéric Volante)

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Le terme « shahidas » désigne des femmes martyres qui, à l’image de kamikaze, décident de porter une ceinture d’explosifs et de sacrifier en vue d’attirer l’attention sur leurs causes.

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C’est à ce genre de terrorisme que l’inspecteur Sarraj est indirectement confronté. Élevant seul sa fille en Égypte, il enquête sur la mort mystérieuse d’une femme dont le corps a été retrouvé enroulé dans un tapis et jeté dans le Nil. Il découvre qu’elle a été victime d’un drame de la jalousie, mais après avoir mis la main sur une vidéo, il comprend que l’épouse assassinée s’apprêtait à commettre un attentat-suicide. Cette révélation réveille les souvenirs douloureux de l’épouse même du policier, dont la disparition n’est pas encore expliquée mais que l’on devine liée à un contexte politique tendu.

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À la fin du premier tome, Sarraj retrouve la complice de la femme morte, hélas trop tard : la ceinture d’explosif détonne en plein marché. Hospitalisé, Sarraj se réveille (au début du second tome), alors qu’une enquête interne le soupçonne à cause de ses origines palestiniennes. Mis à pied, il s’évertue de poursuivre son enquête et découvre tout un réseau terroriste utilisant le désespoir de femmes seules dont les ambitions sont brisées par la tradition et la religion. Ce qu’il ne sait pas, c’est que sa propre fille est tombée sous la coupe d’un fanatique…

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Gérant avec finesse la dimension polar de son récit, Laurent Galandon dresse des portraits intéressants, notamment de ce vieux flic bourru farouchement laïc et entretenant une méfiance hirsute envers la religion. Cependant, c’est aussi un peu la faiblesse du diptyque, qui propose une structure classique d’un homme seul face au monde, ce qui a pour conséquence de donner à l’intrigue une dimension un peu démonstrative et caricaturale : un solitaire éclairée dans une société entièrement obscurantiste.

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S’il parvient à éviter de tomber dans le militantisme bas du front grâce à une fin assez rusée où le personnage principal décide d’agir en dehors des clous, il bénéficie aussi d’un dessin agréable et expressif d’un dessinateur italien né en Belgique, Frédéric Volante, qui donne beaucoup de caractère à ses personnages. Les scènes de flash-backs, en crayonnés, sont moins élégantes, mais l’encrage des séquences au présent est très chouette.

On reprochera un lettrage assez plat et un bullage malhabile, où les phylactères semblent se glisser là où on leur laisse la place, sans épouser les bords de cases et en débordant de manière maladroite.

Jim

Diptyque intéressant, en effet. Disons, que je découvre des mécanisme et des vérités que je me refusas sûrement de voir et de croire. Je peux comprendre certaines réactions que j’entends ici ou là. Pas forcément les cautionner, mais les comprendre.

Oui, y a un coté « film américain » dans la construction de l’histoire. Surtout quand tu vois la fin « heureuse », presque inattendue au vu du déroulé et surtout à côté de celle de Taya El-Djazaïr. La montée en tension est quand même bien fichue, j’ai fini avec un « ouf » de soulagement, et un peu d’espoir. C’est quand même assez dérangeant pour occidental de base, athée de surcroît, comme moi.

Alors, au début, je l’ai trouvé un peu raide, notamment pour la première pages et celles qui se déroulent à la télé. Mais globalement, c’est suffisamment arrondi.et sympathique à regarder, oui.