SHERLOCK HOLMES ET LES VOYAGEURS DU TEMPS t.1-2 (Sylvain Cordurié / Laci)

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La critique de Sherlock Holmes et les voyageurs du temps T.1 (simple - Soleil BD) par vedge est disponible sur le site!

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La critique de Sherlock Holmes et les voyageurs du temps T.2 (simple - Soleil BD) par vedge est disponible sur le site!

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Pas d’accord.
Mais difficile de faire plus juge et partie que dans le cas présent. :slight_smile:

Haha, la dernière phrase a forcément retenu ton attention ! :smiley:

Je ne l’ai toujours pas lu. Pas encore sorti lorsque je me suis réapprovisionné en début d’année. :unamused:

Ben oui. Je n’ai pas l’air, mais je suis une petite créature sensible. J’aime le rose, les fleurs dans les champs, Chris Hemsworth… euh, non, je m’égare.

Que je sois d’accord ou pas, ce n’est pas bien important.
Après, je suis assez honnête sur ma prod. Quand je me rate - et je me suis raté plus souvent qu’à mon tour - je le sais et je n’hésite pas à le reconnaître. Mais quand je crois sincèrement qu’un bouquin se tient, je me défends. :slight_smile:

Ce qui est tout à fait normal. Pas lu ce volet des aventures de Sherlock de mon côté, je ne peux donc pas juger. :wink:

Vous êtes donc deux à ne pas l’avoir lu…
Ce n’est pas bien. Pas de dessert ce soir.

Je confirme.
Enfin, surtout sensible (il n’est pas si petit).

Jim

Mais d’où tu le ressors, ce threat !
C’est de l’exhumation. :slight_smile:

Ça réveille, hein !

jim

Surtout avant d’aller au lit. :slight_smile:

Le cauchemar ne fait que commencer.

Jim

J’ai connu pire. :slight_smile:

Hop, j’ai relu le diptyque hier soir.
Enfin, « relu »… Y a pas mal de choses que j’ai eu l’impression de découvrir, donc je crois que j’avais lu le premier tome et oublié le deuxième. Quelle tête en l’air je fais !

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Bref.
Donc voilà, Sherlock Holmes, qui vient d’affronter des vampires et un livre maudit, commence à s’ouvrir à des concepts nouveaux et à une certaine vision du monde. C’est alors qu’un savant, qui a voyagé dans un lointain avenir et revient en provoquant des remous jusqu’à la couronne, remet à nouveau en perspective sa perception de l’univers.

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Le diptyque démarre sur les chapeaux de roue, par l’apparition d’un savant dépenaillé dans un grand magasin. Au-delà de la référence évidente à l’arrivée de Kyle Reese dans le premier Terminator, la scène est bourrée d’astuce (la manière dont le personnage se matérialise est brillante) et enclenche rapidement l’intrigue.

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Dans les scènes suivantes, on retrouve Holmes au chevet de Meggan Connelly, bien secoué par le diptyque précédent. Le personnage semble rangé des affaires jusqu’à ce que la Reine le convoque. Sylvain Cordurié place de nombreux indices qui n’en ont pas l’air (c’est le propre des indices), en s’attachant à faire monter la mayonnaise lentement mais sûrement, après le démarrage en trombe.

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La deuxième partie, profitant du fait que les enjeux aient été posés dans la précédente (pour faire court et donner une image que les amateurs de comics comprendront, Cable est revenu de l’avenir pour informer Batman qu’un Skrull du futur a pris la place de Lex Luthor Président), est un festival de pouvoirs et de délires temporels. Meggan Connelly laisse libre court à ses talents, et le scénario cumule à la fois une boucle temporelle et une enfilade de paradoxes (qui éclairent les indices cités plus haut). C’est là qu’on remarque la fine construction, les pages étant dûment assignées dans un jeu d’aller-retour (passé / présent).

C’est une des forces du travail de Sylvain. Dans mes commentaires, je parle souvent de la caractérisation, mais j’oublie trop fréquemment de parler de la construction. Par exemple, dans Society tome 6, la fin de l’album est bâtie sur une alternance entre deux actions simultanées du meilleur effet, d’autant que le procédé est renforcé par les doubles pages. Ici, c’est un peu pareil, dans le sens où le suspense est maintenu en fonction des enchaînements de pages, profitant de la forme-même du livre. Honte à moi, je devrais en parler plus souvent.

Le récit met la dernière touche à une lente mais efficace reconstruction du personnage. Le premier tome de Sherlock Holmes et les vampires de Londres présentait le détective, de retour sous un faux nom dans la capitale britannique, après sa mort supposée. Les six albums le confrontent à trois menaces bien éloignées de celles qu’il affrontait jadis avec un éclairage rationaliste. À l’issu de ce tome, le personnage est transformé. Au tournant de son existence, il s’apprête à renouer avec une figure de son passé, mais également à construire son avenir.

Ce sera le sujet de la série Society.

Jim

C’est amusant… Je n’ai pas du tout pensé à Terminator en écrivant SH & les Voyageurs du Temps.
J’étais à fond sur Wells. :slight_smile:

Sinon, tu dois faire partie des rares à t’être tout tapé dans un élan. Tu vois non seulement la construction des séquences, mais tu vois aussi et surtout la construction de l’ensemble.

Quand SH & le Necronomicon est sorti, un ou deux lecteurs/internautes m’ont dit que j’expliquais un peu facilement des incohérences qu’ils avaient détecté dans SH & les Vampires de Londres. Alors que non. Il n’y avait aucune facilité là-dedans.

Il n’y a pas beaucoup de place laissée au hasard dans cette série. Des mystères présents dans un diptyque trouvent leur explication dans le suivant.
Par exemple, la vision qu’à Sherlock dans SH & le Necronomicon lors du combat final avec/contre Moriarty, elle prend sens dans Les Voyageurs du Temps.
La présence du Cri de Munch à la fin du T2 de SH & les Vampires de Londres - qui relève de l’anachronisme pur en apparence - elle trouve son explication dans La Mandragore.

Pour moi, tout cela sonne comme une évidence. Mais pour un lecteur qui lit chaque tome avec plusieurs mois - voire un an - d’écart, ce n’est pas aussi perceptible.

C’est vrai pour Sherlock Holmes Society : j’ai tout acheté il y a une semaine, et j’ai tout lu d’affilée. Mais je suis revenu sur certains autres trucs justement parce que ma mémoire n’était plus très fraîche (et par exemple, je vais relire La Mandragore, comme je disais, parce que c’est un peu flou).
Les diptyques de la première série, je les ai pris au fur et à mesure, mais je n’ai pas relu l’ensemble, à part celui-ci qui me semblait lointain.

Effectivement, quand j’ai lu les planches du « paradoxe temporel », j’ai bien compris que ce paradoxe s’étendait au-delà du diptyque et rebondissait sur le précédent. Et je me suis posé la question suivante : est-ce tout ceci, depuis le premier tome, était déjà noté dans un schéma d’ensemble, ou bien est-ce que tu profitais de l’occasion pour broder et tisser des liens ? Les deux approches sont tout aussi intéressantes, mais je suis curieux de savoir dans quelle mesure tout était prévu et dans quelle mesure tu « improvises ». Parce que ça donne un sentiment de vision d’ensemble assez impressionnant, a posteriori

Jim

C’est un mélange des deux.

Pour les trois premiers diptyques, je savais très exactement ce que je voulais faire d’entrée. Même s’il n’était pas du tout question d’un sherlockverse au départ. Le deal, c’était un diptyque, un point c’est tout. C’est l’accueil des deux premiers tomes qui a ouvert la voie à une suite. Et à des spin-offs comme La Mandragore et les Chroniques de Moriarty (je suis très content du premier tome de celui-là).

Sherlock Holmes Society, c’est venu après. Pour donner un nouveau souffle à la série. Et le thème principal m’a été soufflé par Jean-Luc. Mais j’avais aussi mon propre fil rouge : la caractérisation du détective. Les quatre premiers tomes de SHS ont été écrits de front. Donc, tout s’est mis en place rapidement dès le début de cette suite. Quant aux tomes 5 et 6, à la base, j’étais parti pour faire quelque chose autour du multivers. Comme une sorte de réponse au travail d’Hickman chez Marvel. Sans tout péter à la fin, ce que je continue à trouver très con. Mais Jean-Luc - qui lui aussi aime les comics - doutait justement de la pertinence de traiter du multivers, à cause de ce que Marvel en faisait. Dommage d’ailleurs qu’il n’ait pas lu les The Authority de Warren Ellis… ça l’aurait peut-être fait changer d’avis. Mais bref, on a pris un autre chemin.

J’ai tellement lu goulument ces deux tomes que j’en ai presque honte. Le premier tome est addictif, et le second est étourdissant, tant tout se recoupe, avec un gros risque de paradoxe temporel. C’est complétement fou. Un grand plan assez épatant, surtout quand on sait que le premier diptyque était conçu comme s’il ne devait y avoir de suite. J’ai eu à mal de chien à devoir lâcher ma lecture en cours de route pour de raison complètement domestiques (je vous jure, les enfants)

J’ai beaucoup aimé cette trilogie (et son hs qu’est la Mandragore), avec une préférence pour le premier et le troisième opus, sûrement parce que les vampires et la machine à voyager dans le temps, ce sont des concepts que je connais depuis tout petit, contrairement aux Lovecrafteries, pour lesquelles j’ai une expérience assez récente. Mais ce sont vraiment que des préférences inutiles, puisque j’ai vraiment adoré l’ensemble. Avec un dessin de haute volée de bout en bout, bourré détails, des mises en scène bien rendues, des cases très réfléchies, du dynamisme … y a rien à jeter !

Reste que je n’ai pas bien déterminé ce qu’était le High Lord et la Mandragore, alors que le récit donne l’impression que cela est évident et important. Pas bien grave, c’est juste que ça m’agace quand je ne comprends pas.

Pour rebondir sur une autre discussion de la partie comics, je dirais que, même si Sylvain gère la suite, à la fin du 3ème diptyque, il range ses jouets. Mais il les range sans pour autant rendre Sherlock tel qu’il était avant de le prendre en main. Et je pense que c’est cela que nos compagnons de discussion n’ont pas compris quand on disait qu’un auteur pouvait ranger ses jouets.